Ennuis en vue!

Chapitre 19

- Des fléchettes, annonçais-je.

Je reniflais la pointe, où gouttait un liquide étrange.

- Du poison, sans doute, ajoutais-je en la jetant par terre.

- Il faudra bien avancer, fit-il remarquer.

J'hochais la tête et, d'un commun accord, nous nous élançâmes. De nouveau, des fléchettes volèrent de tous les côtés et, par je ne sais quel moyen, je parvins à traverser sans me faire toucher. Pareil pour Barton. Nous poursuivîmes notre chemin, se demandant quel serait le prochain piège. Un grésillement dans mon oreille me fit alors comprendre que la communication avec les autres était coupée. Je la jetais.

- Attention !

Il me retint de justesse. Les yeux écarquillés, je fixais avec horreur les pieux taillés en pointe qui attendaient patiemment que quelqu'un vienne s'empaler dessus en tomber dans le gouffre à nos pieds. J'avais bien failli être ce quelqu'un. Je remerciais Barton d'un signe de la tête, avant de reporter mon attention sur le piège.

- Comment on traverse ? Demandais-je. Mes ailes sont abîmées et même si je pouvais les utiliser, elles n'entreraient pas dans le passage.

- Alors on va y aller à l'ancienne, répliqua-t-il en armant son arc.

- Quoi ?

Avant que je n'ais pu comprendre, il tira une flèche de l'autre côté. Un solide fil de fer reliait la flèche à l'arc. Barton prit l'extrémité du fil et le planta dans le mur à côté.

- Tu veux qu'on traverse... sur ça ? m'horrifiais-je.

- Tu as une meilleure idée, peut-être ?

Il passa ses jambes par-dessus et, la tête en bas, s'aidant de ses mains, il commença à traverser, les jambes serrées au-dessus pour lui assurer une meilleure prise. Lorsqu'il arriva de l'autre côté, il me fit signe de le rejoindre. Je pris un grande inspiration, et me lançais. M'accrochant au mieux, les paumes moites, j'avançais vraiment lentement.

À peine eus-je atteint le but que le fil lâche. Je poussais un cri en me sentant tomber, mais fus rattrapée à la dernière seconde par mon compagnon. Il me remonta, un sourire moqueur aux lèvres.

- Tais toi, grognais-je en me relevant.

- Mais j'ai rien dit ! s'exclama-t-il en rangeant son arc, toujours souriant.

Je ne répondis rien, et continuais à avancer, bien plus prudente cette fois-ci. Nous arrivâmes alors dans une énorme pièce très sombre. Au fond, entourée de ténèbres, reposait sur un coussin de velours la gemme que nous étions venus cherchés. Je m'avançais sans crainte, et l'examinais. C'était une petite Améthyste d'un ovale parfait, et d'un mauve envoutant. Sans attendre plus longtemps, je la saisis.

Presque aussitôt, les murs se mirent à trembler. Une nouvelle porte s'ouvrit, laissant passer une ombre étrange, un spectre assez effrayant en fait. On aurait dit un Détraqueur comme dans Harry Potter. Et il semblait avoir pour mission de défendre la pierre. Je grimaçais. J'aurais préféré qu'on puisse partir sans rencontre un monstre de ce genre.

Barton sortit une flèche et visa la créature. Il tira dessus. Une fois. Deux fois. Elle ne semblait pas s'en rendre compte. Toute son attention était sur moi, ou plutôt la gemme qui se trouvait dans mon poing serré par l'appréhension. Ça allait mal finir, cette histoire. Elle se jeta sur moi.

Je l'évitais de justesse, et me rendis compte qu'elle était aveugle. Elle semblait se diriger grâce à l'énergie magique de la gemme. Il suffirait de la masquer, mais comment ? Avec une énergie plus puissante encore. La réponse était simple, évidente, mais demanderait beaucoup d'énergie.

- Occupes le ! lançais à Barton en lui donnant la pierre.

Il écarquilla les yeux, puis ascquisa.

- Hey, par ici ! s'écria-t-il.

La créature se désintéressa de moi et se précipita sur lui. Pendant qu'ils combattaient, je me concentrais sur la puissance même de l'Aether qui vivait en moi. C'était assez dur, étant donné que je n'avais pas fait ça très souvent et, qu'en plus, l'accès m'était bloqué, mais je me concentrais.

Je parvins enfin à accumuler puissance recherchée. Je sortis un petit sac noir, que j'avais amené au cas ou, et y transférais toute l'énergie. J'étais vidée, mais ce n'était pas le moment de m'effondrer.

- Barton, renvoie ici ! m'exclamais-je.

Sans hésiter, il me renvoya la pierre. Aussitôt, je la fourrais dans le sac et le refermais. La magie de la gemme masquée par celle du sac, ce monstre ne pourrait plus nous retrouver.

J'avais raison sur ce point, bien sûr. Ce que je n'avais pas prévu, c'est ce qui s'ensuivrait. Elle poussa un cri déchirant qui m'arracha les tympans et les murs se remirent à trembler. Tout aller s'effondrer. Nous nous mîmes à courir vers la sortie. Apparemment, le monstre se dirigeait également au son, car il se mit à nous poursuivre, sans doute dans l'intention de nous faire payer.

Secoués dans tous les sens, le souffle erratique, nous passâmes sans grande peine le passage des pieux, poussés par l'adrénaline. La créature était toujours à nos trousses, et le passage commençait à s'effondrer derrière. Plus loin, je vis la porte, qui venait de s'ouvrir. C'était notre unique chance de survie. Barton dû l'apercevoir également, car il accéléra à son tour.

Un nouveau cri nous fit sursauter. Le monstre venait d'être enseveli sous un tas de pierres et de gravats. Nous passâmes enfin le piège des fléchettes, qui fut détruit peu après. Nous fûmes projetés hors du passage dans un dernier écroulement, et je toussais, la poussière me piquant les poumons et les yeux.

Une main se posa sur mon épaule. Je levais les yeux sur Thor, qui m'aida à me relever. Je lui souris, et me rendis compte que tout le monde était là. Toutes les portes avaient disparues. Je leur montrais le sac dans lequel se trouvait la gemme.

- Et voilà le travail ! m'exclamais-je, tout sourire.

Je me retournais vers Barton avec l'intention de le remercier pour son aide, mais il me poussa violemment par terre.

- Hey, ça va pas la tête ? m'écriais-je en me relevant.

Je compris alors que quelque chose n'allait pas. Il écarquilla les yeux, tenta de dire quelque chose, puis s'effondra par terre. Et, dans son dos, une fléchette. Je blêmis. Notre passage n'était pas entièrement refermé, c'est moi qui aurais dû prendre la fléchette, pas lui. Il m'avait poussé pour me protéger. Je la retirais vivement, et le retournais sur le dos. Il respirait difficilement.

Loki prit les choses en main, et s'occupa de lui. Lorsqu'il se releva vers nous, il soupira.

- Je ne sais pas de quel poison il s'agit, déclara-t-il. Je suis parvenu à stopper les effets pour un moment, mais ça ne durera pas. Il faut le ramener au Shield d'urgence.

Nous acquiesçâmes, et il nous transporta à New York. Rendus là, des médecins spécialisés prirent Barton en charge. Inquiète, je les suivis alors que les autres retournaient au penthouse. Je fronçais les sourcils. Pourquoi ? Pourquoi avait-il fait ça ? Pourquoi avoir risqué sa vie pour sauver la mienne ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?