Dégradation

Rosie. Chap II

« Elle ne savait pas qui resterait ou qui partirait. Alors elle les a tous abandonné »

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Zip. Le bruit d'une valise qu'on défait. Je contemplais fièrement cette dernière éventrée sur mon lit avant de vider son contenu. Une fois mon affaire terminée, je m'assis sur mon lit et pris mon téléphone entre mes mains. J'avais plusieurs messages de ma mère et de mon frère, ainsi que quelques uns de gens que j'avais laissé derrière moi en venant m'installer ici. Je m'étais endettée par le biais d'un prêt étudiant afin de venir étudier à Londres, j'avais toujours adoré cette ville, et je sentais qu'en France, je me noyait. J'avais besoin de renaître et d'oublier mon passé. Londres me semblait toute indiquée. Je laissais un long soupir s'échapper avant de verrouiller l'appareil. Trop de questions et d'inquiétudes en émanait, je voulais juste de la tranquillité. Certes, ils restaient ma famille, mais tout était bien trop compliqué là bas, et pour ce qui est de mes anciens amis, j'avais décidé tout simplement d'en faire table rase. Je ne proclame pas que j'ai eu une vie malheureuse, elle était simplement compliquée. Je sentais que j'en avais besoin. Ou en tout cas j'en avais envie. Et comme dirait l'autre, nous n'avons qu'une seule vie, je comptais bien arriver à en faire quelque chose de bien. Et qui ne plaise qu'à moi pour une fois. J'avais trop donné de ma personne avant, je me cachais sans cesse, par peur sans doute, que le véritable moi puisse déranger, ou être rejeté. Je me suis perdue en chemin. J'avais besoin de solitude pour ré-apprendre à exister.

Quand personne n'attends quelque chose de vous, vous pouvez être ce que vous voulez sans vous soucier de décevoir qui que ce soit. J'avais mis fin à mes relations d'avant, et je voulais devenir une toute nouvelle personne, sans attache particulière qui me forcerait au sacrifice. Sans aucune raison valable pour inhiber celle que je suis. Enfin trouver ma place, être heureuse. Et jure que si un jour quelqu'un me pose la question fatidique, « ça va? », je répondrais oui. Ce sera crédible. Et plus important encore, ce sera la vérité. J'allais me concentrer sur mes études, sur moi, afin de m'ouvrir toutes les portes. Je voyais déjà le tapis se dérouler. J'allais devenir une experte en psychothérapie. J'aiderai les gens à aller mieux, et j'excellerai dans cette discipline. Je serai reconnue pour mes travaux, un grand médecin. Comme mon père. Loin de la France et de cette vie qui m'étouffait. Je sais que je suis ambitieuse. Mais je suis déterminée. J'ai un objectif que j'atteindrais, loin de ma famille, loin de ces gens superflus qui étaient mes amis comme par défaut. 

Au lycée, ont croit souvent qu'on vit les plus belles années de notre vie, alors qu'elles sont encore devant nous. Que nos amis, nous nous les sommes fait pour la vie, et qu'on les aime. Durant l'année de terminale, on se rend compte qu'on a changé, comme tout le monde autour de nous, et on ne sait plus vraiment pourquoi nous restons avec les même personnes. Probablement par habitude. Par peur de l'inconnu peut être ou que sais-je. Nos rêves, notre vrai nous, nous le cachons, dans le simple but de correspondre à l'image de la bonne lycéenne qui ne prend aucune bifurcation. Puis viens l'étape de la fac, que nous choisissons plus ou moins de manière hasardeuse, avec notre vie qui prend son cours petit à petit. J'avais mis un point final à la mienne. Je recommençais tout ailleurs, j'étais fatiguée de cette vie d'apparence et de faux semblant. Avec l'impression que personne ne me connaissais jamais vraiment. Oh, bien sûr, j'avais des rêves. Comme toutes les adolescentes de mon âge j'avais lu tous les bouquins en vogue qu'on trouvait sur les étagères des librairies. Et j'attendais qu'un bel inconnu vienne me sauver. J'étais mal dans ma peau, et je voulais simplement que quelqu'un fasse irruption dans ma vie. Quelqu'un qui se soucierait profondément, complètement, et sincèrement de moi. Ni par obligation, ni par habitude. Quelque chose de fort. De passionné. Quelqu'un avec qui je pourrais discuter des heures sur un toit en refaisant le monde. Qu'une personne apporterait dans ma vie ce qui me manquait. Mais je me suis rendu compte que tout ça, et bien ça n'existait pas, et que ceux qui vivent dans l'attente passent à côté de leur vie.