I. La fin d'un Royaume.

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Elle avait l'impression qu'un explosif était dans sa tête.

Les bruits de sabots, des trompettes, des pleurs ainsi que des cris de guerres annonçaient un changement dans sa vie, ou serait-ce la fin ?

Lorsque ses genoux touchèrent le sol, elle resserra petit à petit son manteau en fourrures autour d'elle. Regardant ensuite autour d'elle, elle se mit à déglutir péniblement. Sa tête lui tournait bien trop pour qu'elle ait une vision claire de la situation dans laquelle elle se trouvait, elle décida alors de l'abaisser devant ses bourreaux.

L'hiver n'avait jamais quitté le royaume, d'ailleurs, seule saison les étrangers n'y restaient pas longtemps. La température ne montait jamais, au contraire. L'habitude avait fait de son corps un glaçon, pourtant, c'était la première fois qu'elle ressentait cette immense froideur. Elle menaçait même de s'y mener d'elle-même jusqu'à son cœur.

Lorsqu'elle entrouvrit sa bouche, elle vit de la brume sortir de ses lèvres, plus gelée que la glace. Lorsque ses yeux purent lui définir une image assez nette pour se faire une idée, elle se mit à observer les personnes autour d'elle : des enfants et des mères priaient en silence, tandis qu'il restait des cadavres près d'eux. D'autres pleuraient faiblement de peur qu'ils ne soient les prochains à rejoindre ces derniers. Pour la plupart, des soldats...D'autres, plus rares, des citadins pris dans le malheureux litige.

Soudainement, elle sentit quelque chose toucher ses cuisses. Son cœur tambourina follement dans sa poitrine, réchauffant presque son corps paralysé. Ses pupilles glissèrent lentement jusqu'au sol puis s'immobilisèrent sur un visage. Une tête s'était égarée...Elle avait du perdre son corps après qu'on l'ait tranchée à l'épée.

— Voici ce qu'il reste de lui, déclara une voix d'homme, aussi tranchante qu'une lame. Celle qui avait servi à trancher le roi dont la tête gisait devant elle.

Puis relevant doucement la tête, sa capuche la dissimulant entièrement, elle vit un homme à la chevelure argenté sur un cheval. Elle voulut se lever mais se retint, de peur que ce ne soit sa tête qui soit coupée. Gardant ainsi le silence, elle demeura dans cette position à genoux devant ses sujets et ses ennemis à regarder cet homme qui allait subir sa sentence.
On l'autorisa à se lever, ou plutôt, on la força...Un servant vint la relever, la retenant près de lui d'un bras. Il était plus grand qu'elle, plus vieux aussi et regardait droit devant lui, comme si quelque chose allait se dérouler sous leurs yeux.

— Ma Lady ! hurla une femme derrière elle. Un silence s'ensuivit après qu'un bruit ait été entendu.

La jeune femme avait du se retrouver à terre après la gifle qu'on avait entendu, supposa-t-elle. Elle l'aurait été à sa place vu la force avec laquelle il l'avait frappé. Impuissante, elle ne put réagir. Sa famille avait perdu toutes autorités après cette défaite.

— Voici sa sentence, lui souffla l'esclave, ne lui daignant même pas un regard alors qu'elle avait prit la peine de détailler son visage, qui ne cachait pas son sourire en coin.

Son corps se raidit en attendant que le pire ne vienne. Ses fourrures ne pouvaient rien à la froideur qui s'immisçait dans son cœur. Ses battements devenant de plus en plus lent, comme si le monde s'écroulait en mettant plus de temps qu'il ne le devrait.

Son regard suivit les quelques personnes qui se déplaçaient pour faire un cercle autour de l'homme aux cheveux blond vénitien, qui était, il y a peu, sur un cheval. Ils le déshabillèrent avec une certaine hâte, ne lui laissant comme protection contre la brise glaciale que son pantalon et ses chaussures, et avec stupeur, une épée. Mais cela n'aurait pas du l'étonner.
Les royaumes d'Iniel étaient ainsi, l'on accordait des droits particuliers aux princesses, et les princes...Le duel était pour eux un moyen de mourir avec honneur.

Winter CriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant