Rosa
Nous sommes redirigés vers la table où nous allons manger tandis que je suis encore troublée par ma découverte. Certes il n'a jamais eu aucun mal à retenir des informations, à apprendre mais de là à maîtriser aussi parfaitement une langue ? Ce n'est pas aussi simple, même après trois ans à vivre constamment dans le pays. Lorsque nous sommes venus vivre en Italie, je n'avais pas pratiqué la langue régulièrement depuis quelques années, et j'avais mis quelques semaines à me réhabituer. Je n'imagine même pas la difficulté que ce doit être de vivre dans un pays qui n'est pas le sien, avec une langue qui n'est pas la nôtre.
Le serveur revient et je survole à peine le menu, étant très vite attiré par ce que je veux prendre. Ce n'est qu'après m'être concentré sur cela, que j'observe minutieusement le coin où nous nous situons. Nous sommes dans l'enseigne, et la table est plutôt à l'écart du reste du monde. Du lierre nous sépare des autres tables grimpant sur une barrière installés à cet usage. J'adore cet endroit, il me fait me sentir bien. Il a bien choisi. Néanmoins je ne compte jamais le lui dire.
Je retourne dans mes pensées, mon esprit continuant à se poser plein de questions. Trop de choses se passent en même temps sans que j'ai de réelles réponses, ou sans qu'on ne m'apporte quelques minuscules explications à la situation. Au fond, je sais que mon angoisse est très présente, mais elle existe sous une forme qui m'est inconnue, ce n'est pas la même que d'habitude. C'est comme si elle ne voulait pas que je la remarque pour qu'elle me touche quand je m'y attends le moins. D'habitude, la boule de tension se trouve dans ma poitrine, je la vois arriver de loin, comme une coutume que j'ai appris à désamorcer. Aujourd'hui je la sens prête à surgir à tout moment sans avoir aucun indice sur comment la gérer, comme si elle s'adaptait à la situation dans laquelle je me trouvais. Imprévisible, inconnue et dangereuse.
Alessandro me sort de mes songes petit à petit grâce à de petits coups dans les tibias. Lorsque je reviens à moi, je remarque que le serveur attend que l'on lui dise notre commande. Il m'attend plus précisément, je crois qu'Alessandro, contrairement à moi, a déjà passé commande. J'énumère rapidement ce que j'aimerai, avant qu'il ne s'empresse de partir. Ai-je mis tant de temps à répondre ? L'ai-je embêté ? Mince j'ai vraiment mis trop de temps à répondre...
- Rosa ? Ça va ?
- Oui, désolée je suis juste un peu fatiguée.
Il m'observe intensément, et très rapidement son regard me gêne. Je cherche par tous les moyens à détourner son attention de moi.
- Depuis quand tu parles italien ?
- J'ai commencé à l'apprendre peu après ton départ. Ça me donnait l'impression que tu étais avec moi. Oui je sais, c'est pathétique.
Non, ça ne l'est pas.
- D'ailleurs ça m'a bien arrangé lorsque je suis arrivée ici. Même s' il y a trois ans, mon italien était horrible. A tel point que personne ne voulait m'embaucher, ajoute-t-il en rigolant. Heureusement pour moi, je parlais déjà couramment dans deux langues, j'ai donc réussi à me familiariser avec l'italien plus rapidement.
- Comment c'est possible de parler autant de langues ?
- Avoir une grande famille ? Ça aide beaucoup.
Lorsque j'ouvre la bouche pour lui poser une question, un serveur me surprend en déposant les plats devant nous. Cependant ce qui devait être un moment de bonheur entre ma nourriture et moi est gâché par les préjugés du serveur, qui sans même nous demander, à déposer nos plats à sa guise, se trompant par la même occasion. Pourquoi la viande serait forcément pour le monsieur et la salade pour la dame ?
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One Last Try
RomanceDéménager après lui avoir promis de ne jamais l'abandonner ? Rosa Bianchi s'en était toujours voulu pour ça. Pourtant ce n'était pas sa faute, et si derrière ce déménagement ses parents lui avait cacher des choses importantes ? Regretter. Alessandro...
