Chapitre 10 : Bords doux, ombres tranchantes
« Je ne sais plus si c'est moi qui pense, ou juste un souvenir qui respire à travers moi. »
— Écrit à l'encre bleu-nuit, carnet noir, page 102.
Harry James Potter
—
Ils étaient tous partis, sauf elle.
Pansy s'était attardée. Peut-être volontairement. Peut-être parce qu'elle avait senti que c'était le bon moment.
Le silence dans l'appartement était dense, pas hostile, mais habité. Elle le percevait. Comme une forme de magie ancienne. Ou une cicatrice vivante.
Harry était dans un coin du salon, jambes croisées au sol, dos contre le mur. Il tenait l'un de ses carnets entrouverts sur les genoux, et gribouillait avec une plume fendue, trempée dans de l'encre noire.
— Tu écris à propos de moi ? demanda Pansy en s'asseyant en face de lui.
Il leva lentement les yeux. Un mince sourire. Presque amusé.
— Tu n'as pas l'aura pour une voix.
— C'est flatteur ou inquiétant ?
— Ça veut dire que tu ne veux pas me posséder.
— Peut-être que je suis là pour t'apprivoiser, pas te posséder.
Il resta un moment sans parler, son regard perdu dans les ombres du plafond.
— On ne peut pas apprivoiser ce qui est fêlé.
Ça coupe. Ça saigne. Ça glisse.
Pansy le fixa, puis dit doucement :
— Tu coupes... mais tu ne veux pas qu'on parte.
— J'ai besoin qu'on reste.
— Tu veux dire "qu'ils" restent.
Mais moi, Harry ? Tu veux que je reste ?
Il referma son carnet et le posa délicatement à côté de lui, comme si chaque page était faite de verre.
— Tu es douce. Et cruelle.
Tu regardes sans fuir.
Mais tu pourrais tout aussi bien m'empoisonner avec un mot.
— Tu ne me fais pas peur.
Il haussa les épaules.
— Je ne fais pas peur. Je fais mal. C'est différent.
Pansy s'approcha à genoux, jusqu'à s'asseoir tout près de lui. Elle tendit la main, lentement, pour toucher un de ses cheveux. Il ne bougea pas.
— Ils sont longs. T'as l'air d'un poète maudit.
— Je suis un poème sans auteur.
— Tu es Harry.
Il tourna enfin la tête vers elle. Ses yeux étaient éteints et brillants à la fois. Une tempête d'huile.
— Parfois je crois que Harry est mort. Que c'est juste moi qui le rêve encore.
— Tu n'es pas mort.
Tu es perdu. C'est pas la même chose.
Il ferma les yeux. Laisser ses défenses s'effondrer était dangereux, mais Pansy ne semblait pas vouloir pénétrer de force. Elle attendait.
— Les murs me parlent, murmura-t-il.
Ils respirent. Ils m'aiment plus que moi-même.
— Je vais t'aider à repeindre un jour.
— Pourquoi faire ?
— Parce que quand tu dessineras de nouveau, ce sera pour toi. Pas pour elles.
Silence.
Il rouvrit les yeux. Et, dans un souffle :
— Draco est froid.
— Il est flamme contenue. Il te regarde comme s'il voulait te comprendre... et te reconstruire. Même s'il ne l'avouera jamais.
Harry sourit doucement.
— Il m'a vu.
— Oui. Et il est resté.
Elle posa sa main sur la sienne. Doucement. Sans force.
— Tu n'as pas besoin d'être guéri, Harry.
Juste... accompagné.
Les voix, ce soir-là, furent silencieuses. Peut-être qu'elles écoutaient aussi.
—
Note de fin
Ce chapitre est un cœur battant dans le chaos. Pansy ne cherche pas à "sauver" Harry — elle le reconnaît, dans toute sa folie, sa poésie tordue, sa solitude. Leur lien est unique : une sororité étrange, un écho silencieux.
La romance avec Draco progresse en filigrane, dans l'évocation, dans l'absence. Elle grandit là où Harry pense être irrécupérable.🤓
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CHECKMATE(drarry)
FanfictionUn an après la guerre, Harry Potter a cessé d'être un héros. Trahi, utilisé, laissé seul dans un monde qu'il ne comprend plus, il se retire dans un appartement luxueux, où les murs portent les cicatrices de son esprit brisé. Il parle à des voix, à d...
