Chapitre 2: Théâtre

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L'entourant de mes bras, je lui murmurai doucement :

- Tu connais Cameron, il est impulsif. Il reviendra sur ses paroles, ça ne fait aucun doute.

- J'aimerais croire à ce que tu me dis, tu sais. Mais je suis terrifiée. Je suis terrifiée de ce qu'il pourrait faire, maintenant. Je suis sûre qu'il a des ennuis et il préfère me fuir que me laisser affronter ça avec lui. J'ai été incapable de trouver les mots pour espérer le faire rester, Charly. Et le voir pleurer a été le pire.

Je dois l'appeler. Je veux essayer, même s'il ne répondra pas.

Esquissant avec difficulté ce qui devait ressembler à un sourire, elle m'entraîna vers la porte.

Paniquée à la perspective de la laisser seule, je bredouillai :

- Appelle-moi quand tu veux. Mais appelle-moi. Ne reste pas seule.

******

N'ayant plus vraiment la tête à fêter quoi que ce soit, je me traînai à regret sur la terrasse.

Regardant avec distraction ce qui se trouvait autour de moi, je fus inexplicablement attirée puis fascinée par le spectacle qui se dressait sous mes yeux. Le soleil était déjà couché depuis plusieurs heures, et à présent seuls des cieux inhabituellement rosés surplombaient les environs. Un camaïeu lilas saisissant intensifiait savamment la beauté de la voûte. Des rafales de vent semblaient me suggérer de les suivre; là où tout n'était que perfection. Le temps semblait s'être figé pour mieux me laisser profiter du panorama. La beauté de l'instant, si singulier m'arracha un murmure.

Il y avait tellement de choses que je ne voyais pas ... Que je ne prenais pas le temps de voir.

Tellement de choses qui méritaient d'être vues. D'être admirées.

Tout avait toujours été là, seulement j'avais été trop aveuglée par mon mal pour apprendre à aimer ces petits riens qui n'avaient pourtant cessées de rehausser mon quotidien.

Ici, tout semblait être si clair ... Comme si j'y avais toujours eu ma place. Comme si je pouvais m'autoriser à y être sincère, sans craindre les larmes.

Tout était évidence. A ce moment précis, le seul désir auquel j'aspirai était de prendre mon envol.

D'arrêter avec mes mensonges. De vivre avec mes vices. Mais vivre tout de même. D'être heureuse sans avoir à m'y forcer. Était-ce seulement possible ?

Coupant court à mes interrogations, une voix féminine à qui je faisais dos s'exclama :

- Je t'ai manquée j'espère !

Instantanément, mes mains se firent moites, ma respiration saccadée et mes membres se raidirent face à cette voix que je ne connaissais que trop.

Je tentais sans y parvenir de me maîtriser et murmurai d'une petite voix;

- Dis-moi que je rêve par pitié ... Dis-moi que ce n'est pas toi.

- Je pourrais m'offusquer pour moins que ça ma chère ! Commenta Mary tout en éclatant de rire.

Je déglutis difficilement et me tournai péniblement, faisant ainsi face à ce que j'espérais être un mirage.

Ladite utopie, ravie de son succès me dévisageait tout sourire.

Je fermai les yeux, essayant de relativiser les choses.

Après ce qu'elle m'avait fait, elle devait avoir une bonne raison de venir ici. S'excuser peut-être ?

- Qu'est-ce que tu fais ici, Mary ? Lâchai-je d'une voix ferme.

- Je passe prendre de tes nouvelles !

- Vraiment ? Est-ce que c'est ta manière de t'excuser ?

Le sourire de Mary s'évanouit instantanément.

- Je ne compte pas m'excuser Charly, tout simplement parce que je ne suis pas en tort !

Mais si tu as des excuses à me présenter, vas-y, je t'écoute.

C'en était trop. Sans plus lui prêter d'attention et souhaitant de tout mon être qu'elle s'en aille, je me dirigeai vers Zak.

J'entendis Mary me rappeler mais fis la sourde oreille.

Quand j'arrivai à la hauteur de ce dernier je lui chuchotai :

- Sauve-moi de l'autre cinglée.

Il tourna brusquement la tête et s'enquit derechef:

- Qui est-ce ?

- Une personne sans importance, murmurai-je la gorge nouée.

Cachée derrière Zak, j'observais Mary excédée.

Somehow, I would know ... [ ANCIENNE VERSION ]Where stories live. Discover now