"Non, j'insiste, je ne peux pas vous l'interdire, ce n'est pas comme si vous étiez mon alpha, je ne sais pas de quel droit je me permets de le signaler en réalité, j'ai juste été surpris mais je vais m'y habituer et les migraines finiront par passer et..."
La caresse des doigts d'Olivier sur sa joue met un terme à son monologue. Gabriel, prisonnier de ses propres pensées et observations retardataires, ne l'a pas vu s'approcher de lui, ni entendu.
"Gabriel, tu ne m'écoutes pas. Je ne vois personne", reprend Olivier d'une voix plus grave, bien que tout aussi calme.
Rien ne justifie que l'oméga dans son bureau soit plongé dans la panique dont il est témoin. Olivier ne voit personne, le lui répète, lui certifie ; je ne vois personne ; son sang-froid lui interdisant d'ajouter ; et je ne verrai personne d'autre que toi tant que tu es si près de moi.
"Oh."
La réalisation est aussi brûlante que leur infime contact, qui oblige Olivier à retirer ses doigts de sa peau, sans parvenir à ne pas les faire glisser lentement pour en apprécier la douceur.
"Mais l'odeur..."
Gabriel tente de comprendre, de rationaliser ; connaît par cœur l'odeur d'Olivier, qui n'est pas celle qu'il revêt.
"Est celle de mon ex-femme certainement. La mère de mes enfants. Que j'ai croisée pour les déposer avant de revenir."
L'explication l'embarrasse plus encore que sa jalousie. Qui est Gabriel pour lui reprocher de sentir comme elle à s'en rendre malade ? La honte le pousse à faire deux pas en arrière avant de faire volte-face. Gabriel ne peut plus le regarder dans les yeux ; est même incertain de pouvoir un jour le faire à nouveau. Olivier sent son ex-femme, juste son ex-femme, la mère de ses enfants -qui eux-mêmes, assurément, sentent comme elle-, la mère de ses enfants qu'il s'est contenté de croiser pour les lui rendre après son tour de garde ; à laquelle tout au plus, il a fait la bise par politesse. Son comportement est si risible que Gabriel s'étonne qu'Olivier n'éclate pas de rire.
"Oh. Voilà. Je savais que c'était ridicule."
Gabriel se pince les lèvres, prend le chemin de la sortie, ne s'attend pas à la main qui le retient et se referme sur son poignet, toujours douce, toujours délicate, qui veille à ce qu'il ne s'enfuie pas.
"Rien n'est ridicule si ça te rend malade, Gabriel."
Les doigts d'Olivier le massent légèrement, plus par réflexe qu'intentionnellement, libèrent - peut-être sans le vouloir - une nouvelle vague apaisante dans son organisme, qui se détend de par sa seule proximité.
"Si, si, c'était vraiment ridicule", confirme-t-il, le visage toujours incendié.
Gabriel n'a aucun droit d'être jaloux et certainement pas de son ex-femme, qui a tout partagé de sa vie, son intimité ; son lit ; qui a mis au monde les enfants que Gabriel ne lui aurait jamais donnés ; avec laquelle il s'est marié ; non, sa jalousie est illégitime en plus d'être injustifiée. Pourtant, Olivier suggère :
"Tu peux me donner ton odeur pour effacer la sienne, si tu veux. Ça t'évitera de te sentir mal toute la semaine."
Gabriel est incapable de résister à une telle proposition et se retourne brusquement. Ne savait même pas qu'une telle chose était possible. Espère ne pas être dans un songe ; tu peux me donner ton odeur ; a secrètement toujours rêvé de la lui donner ; pour que tout le monde comprenne, que tout le monde devine ; il est à moi, rien qu'à moi ; en oublie qu'Olivier ne l'est pas sans pour autant dévoiler à quel point la perspective le réjouit.
"Mais... Vous..."
"Je ne fais pas la différence. Je ne sentirai même pas ton odeur sur moi, ne t'en fais pas. Je dis ça pour toi."
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i know i should go (but i follow you like a man possessed)
Romanceomegaverse ; vérattal « Arrêter ton traitement aura de graves conséquences. » « Je sais. » Olivier secoue la tête pour démentir immédiatement. Gabriel ne sait pas. N'a même aucun début d'idée de ce qu'il prétend savoir. Est à des années-lumière de...
Chrysalide - Partie 2
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