Chrysalide - Partie 2

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"J'attends que tu me dises ce qui t'a dérangé."

Gabriel porte son index et son pouce à son annulaire gauche, joue avec le jonc en or qui s'y trouve, le fait tourner autour de son doigt, dans ce tic nerveux et inconscient qu'il ne peut s'empêcher d'avoir quand quelque chose l'angoisse.

"Ce n'est rien", marmonne-t-il, baisse les yeux pour ne pas croiser ceux d'Olivier, qui saura ce que c'est faux à l'instant où ils établiront un contact visuel.

"Pas si ça te met dans un tel état. Et ne me dis pas que ce n'est pas de mon fait, on dirait que la pire nouvelle de ta vie t'es tombée dessus depuis le moment où tu as franchi la porte de mon bureau."

"Ce n'est pas quelque chose que vous avez fait."

"Quel est le problème alors ? Il faut que tu me le dises si tu veux que je puisse le régler."

"C'est juste...Votre odeur."

"Les habits que je t'ai passés ne sentent plus comme moi ?"

Gabriel devrait choisir la réponse facile et évidente, affirmer : oui, c'est les vêtements, mais la veste d'Olivier est encore empreinte de son odeur, et il n'ose même pas imaginer à quel point le tissu va puer s'il laisse l'alpha apposer sa signature olfactive sur celle-ci, alors que le parfum floral et entêtant de l'oméga inconnu sur sa personne lui donne la nausée.

"Non, ils tiendront jusqu'à demain. C'est vous qui avez une odeur anormale."

"Moi ?", questionne Olivier, clairement surpris, ce qui ne fait qu'agrandir le sentiment de gêne de Gabriel.

"Oui, vous."

"Il va falloir que tu sois plus précis que cela, Gabriel."

"Ne me faites pas le dire, s'il vous plaît. C'est ridicule, je n'aurais rien dû dire -"

"Est-ce que quelque chose te dérange dans celle-ci ?"

"Oui", admet-il du bout des lèvres.

"Oh. Merde, Romain traînait une fin de rhume, je n'ai vraiment pas le temps pour ça, peut-être que c'est ce que ton nez perçoit."

Gabriel réalise qu'il s'est embourbé encore plus profondément dans son manque de clarté qu'il n'aurait cru possible, hait réaliser qu'il va devoir finir par dire la vérité, qu'elle sera encore plus difficile à formuler que s'il avait révélé ce qui le dérangeait dès le début de la conversation.

"Ce...ce n'est pas ça. Vous sentez quelqu'un d'autre."

"Quelqu'un d'autre ?" Le ton d'Olivier est incrédule, et une touche d'agacement commence à y poindre. "Je n'ai vu que toi, mes enfants et les membres de mon cabinet depuis dimanche passé."

"Vous sentez l'oméga." Ne précise pas; un oméga qui n'est pas moi. "Je suis désolé, je n'aurais rien dit, mais l'odeur me donne mal à la tête, je veux dire, je ne peux pas vous empêcher de voir quelqu'un."

"Mais je ne vois personne, Gabriel."

La confusion qui s'empare de lui semble sincère, mais l'odeur lancinante démontre son mensonge. Olivier voit quelqu'un. Olivier voit un oméga. A dû profiter de son week-end avec ses enfants pour le voir. A certainement attendu ce moment d'intimité tout ce temps, alors même que Gabriel se faisait des films, se permettait d'imaginer que ce qu'ils partagent ce qu'ils partageaient, non, ce qu'il croyait qu'ils partageaient - était spécial, différent ; unique. Il s'interdit de repenser à ce qu'il a osé lui dire avant de l'apprendre ; j'ai eu besoin de sentir votre odeur pour- secoue la tête pour interrompre le souvenir, un flot de paroles s'écoulant de ses lèvres pour interdire à Olivier de s'en souvenir lui-même et masquer sa honte.

i know i should go (but i follow you like a man possessed)Where stories live. Discover now