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Sa voix était douce, presque maternelle, mais derrière ses mots vibrait une avidité insatiable.

Nelys, restée assise sur son trône, croisa les jambes avec une nonchalance délibérée.

- Le peuple tremble. Les nobles s'agitent. On murmure la peur, on redoute l'insurrection, on se demande si le royaume tiendra encore longtemps...

Elle sourit, narquoise.

- Offrez-leur un rappel. Ils n'ont rien à craindre. Car nous sommes leur seule ancre, leur seul refuge. Ils n'ont qu'une voie à suivre.

Ses yeux s'assombrirent légèrement, et lorsqu'elle reprit la parole, sa voix s'était faite plus tranchante.

- Brûlez les hérétiques.

Asmodan hocha lentement la tête.

- Faites couler leur sang sur les autels. Marquez leurs corps du sceau de leur erreur. Qu'ils comprennent que tout sacrifice est un honneur, qu'ils meurent en sachant qu'ils nous appartiennent.

Galate porta un doigt à ses lèvres, pensives.

- Mais soyez méthodiques. Ne versez pas un sang inutile. Chaque mort doit être une offrande. Chaque disparition doit laisser une empreinte.

Elle s'arrêta un instant avant d'ajouter, presque avec amusement :

- Et si certains nobles doutent encore... rappelez-leur à qui ils doivent leur prospérité.

Un silence.

Puis, sans un mot, les Marqués s'inclinèrent et se relevèrent, prêts à accomplir leur œuvre.

Lorsque la salle se vida, les Trois Voies restèrent là, dans leur trône d'excès, auréolées de puissance et d'arrogance.

Elles n'avaient jamais été inquiètes.

Car elles étaient le Royaume.

Le silence retomba après le départ des Marqués. Soudain, un froid glacial s'installa dans la pièce. L'air se chargea d'une tension sourde, suffocante.

Les Trois Voies n'avaient pas encore fini.

Dans l'ombre, une nouvelle silhouette émergea. Puis une deuxième. Une troisième. Les Exilés.

Ils avançaient dans un silence absolu, comme si leur présence même était une anomalie dans ce monde trop grand, trop éclatant. Ils n'existaient pas. Ils n'avaient ni nom, ni passé, ni avenir. Seule leur mission les définissait.

Asmodan effleura du bout des doigts l'accoudoir de son trône. Son regard s'était assombri, troublé par une folie latente, une fièvre glaciale qui pulsait sous sa peau.

- Nous avons toléré bien des choses.

Sa voix était basse, presque douce, mais le venin qu'elle distillait rendait chaque syllabe acérée.

Nelys, qui d'ordinaire maîtrisait mieux ses émotions, ne cachait plus son agacement.

- Ils pensent pouvoir nous défier ! Ils se cachent dans l'ombre, dans les bas-fonds, entre les pierres noircies d'un prieuré oublié !

Elle sourit, un rictus déformé par une sorte de délectation malsaine.

- Mais nous les trouverons.

Galate ne souriait pas. Elle observait les Exilés de ses yeux fendus d'un éclat fébrile.

- Nous ne voulons pas d'un massacre brutal.

Elle laissa planer le silence avant d'ajouter :

- Nous voulons leur effondrement.

Un rire échappa à Asmodan, un rire dérangé, un frisson de démence contenu avec peine.

- Plongez dans leurs rangs. Devenez l'un des leurs. Apprenez leurs secrets. Touchez leurs cœurs et brisez-les. Cherchez les failles. Exploitez les faiblesses. Débusquez les traîtres.

Nelys se leva d'un mouvement lent, calculé.

- Nous avons toujours su qu'ils existaient. Qu'ils se préparaient. Nous les avons laissés faire.

Elle s'approcha des Exilés, et dans son regard brillait une exaltation perverse.

- Car nous voulions voir jusqu'où ils iraient. Jusqu'où leur illusion de liberté pourrait les mener.

Elle leva un doigt et traça un signe invisible dans l'air.

- Mais il est temps d'arracher leurs ailes.

Galate prit une lente inspiration, les yeux mi-clos.

- Nous voulons des noms. Des visages. Des âmes.

Sa voix était un souffle empoisonné, un murmure d'oracle.

- Nous voulons qu'ils doutent, qu'ils s'entre-dévorent, qu'ils s'effondrent sous le poids de leurs propres soupçons.

Elle rouvrit les yeux et les planta dans ceux de la première silhouette encapuchonnée.

- Et quand l'un d'eux tombera...

Asmodan termina, un sourire mauvais étirant ses lèvres :

- Nous le regarderons brûler.

Un silence. Puis, sans bruit, les Exilés s'inclinèrent et disparurent dans l'ombre.

Un éclat trouble passa dans le regard des Trois Voies.

Elles s'étaient toujours senties intouchables.

Mais cette fois, elles allaient s'assurer que cela reste ainsi.

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𝐿𝑎 𝐶ℎ𝑢𝑡𝑒 𝑑'𝑢𝑛 𝑅𝑜𝑖 |𝐵𝑥𝐵|Where stories live. Discover now