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C'était un lieu hors du temps, hors du monde, une salle si somptueuse qu'elle en devenait une injure à la raison. Un sanctuaire d'excès et d'opulence où la grandeur frôlait l'immoralité.

Un dôme colossal s'élevait au-dessus de la salle, peint d'un ciel illusoire où l'aube et le crépuscule se mêlaient dans une danse perpétuelle. Des fresques divines ornaient la voûte, racontant, dans un faste impudique, la grandeur des Trois Voies : Nelys, la Sagesse infinie ; Galate, la Sainteté intouchable ; Asmodan, la Souveraineté inébranlable. Leurs figures dorées, imposantes et omniprésentes, dominaient chaque recoin, imprimant à jamais leur emprise sur ceux qui osaient lever les yeux.

Le sol était un chef-d'œuvre de marbre et d'onyx, poli jusqu'à refléter les visages avec une clarté troublante, comme si marcher ici revenait à fouler la surface d'un lac d'obsidienne. Mais ce n'était pas un sol ordinaire : des corps y étaient incrustés. Pas réels, non... des statues de chair pétrifiée, des silhouettes figées dans la souffrance, dont les traits tordus de douleur rappelaient à chacun le prix de la trahison.

Autour, des colonnes torsadées s'élevaient, chacune sculptée dans un matériau rare et exotique : une provenant d'un temple sacrifié, une autre taillée dans l'ivoire d'une bête disparue, une troisième incrustée de rubis, si rouges qu'ils semblaient encore saigner.

L'air lui-même était chargé d'encens lourds, presque suffocants, un mélange de myrrhe et de résine dorée, conçu pour enivrer, pour écraser les pensées sous une torpeur divine. L'odeur du pouvoir et du sacrilège mêlés.

Et puis... il y avait les trônes.

Trois monstres de pierre et d'or, posés sur une estrade surélevée, dominant la pièce comme des idoles impitoyables. Celui de Nelys, d'un blanc d'os, sculpté dans la pureté trompeuse de l'albâtre, où chaque détail semblait murmurer des secrets interdits. Celui de Galate, une cathédrale de cristal, translucide et froid, où la lumière dansait en reflets trompeurs. Celui d'Asmodan, massif et sombre, creusé dans une roche abyssale, où des veines de métal précieux pulsaient comme un cœur battant.

Sur ces trônes, elles régnaient.

Les Trois Voies.

Intouchables.

Inébranlables.

Tout dans cette salle hurlait une seule vérité : leur volonté était absolue.

Dans l'immensité du sanctuaire, les voix des Trois Voies résonnaient comme des jugements divins. Elles parlaient à tour de rôle, chacune avec son ton distinct, mais toujours empreintes de la même condescendance absolue.

- Les mercenaires. Ces charognards. Ces chiens errants qui se croient investis d'un destin plus grand que leur misérable condition.

Nelys, la Voie de la Sagesse, avait laissé échapper ces mots avec un sourire méprisant. Sa voix était douce, traînante, presque caressante, mais chaque syllabe suintait le venin du mépris.

- Des bêtes, sans foi ni loi. Nous les avons toujours tolérées, car nous sommes magnanimes. Mais elles ont oublié leur place.

Galate, la Voie de la Sainteté, parlait avec une sérénité absolue, comme si elle récitait une prière. Son visage ne trahissait aucune émotion, mais son regard tranchait bien plus qu'une lame d'acier.

- Ils croient pouvoir nous défier. Ils croient que leur soif de vengeance leur donnera des ailes... Mais il n'y a qu'une volonté souveraine ici, et c'est la nôtre.

Asmodan, la Voie de la Souveraineté, n'avait pas besoin de hausser la voix. Son ton était implacable, sa posture royale.

Car elle savait tout.

𝐿𝑎 𝐶ℎ𝑢𝑡𝑒 𝑑'𝑢𝑛 𝑅𝑜𝑖 |𝐵𝑥𝐵|Where stories live. Discover now