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Dans les ombres d'un vieil atelier encombré, l'odeur entêtante des plantes séchées et des racines macérées flottait dans l'air épais. L'endroit semblait figé hors du temps, un sanctuaire pour les secrets botaniques et les poisons raffinés. Les étagères croulaient sous des bocaux de verre terni contenant des poudres sombres, des baies rabougries et des extraits de jus aux teintes étranges. Certaines contenances semblaient inoffensives, d'autres exhalaient une menace invisible piégeant dans leur transparence des substances capables de guérir ou de tuer. De lourds bouquets d'herbes sèches pendaient du plafond, leurs tiges noueuses projetaient des ombres distordues sur les murs tapissés de parchemins jaunis et griffonnés d'annotations énigmatiques. Un long établi en bois massif occupait le centre de la pièce. Son bois était marqué par des années d'expériences et de manipulations douteuses. Des scalpels, des mortiers et des fioles étaient disposés çà et là, témoins d'une activité incessante et méticuleuse. Le sol de pierre était jonché de restes de plantes écrasées, de cendres et de copeaux de bois. Dans un coin de la pièce, un alambic en cuivre luisait faiblement à la lueur vacillante d'une lanterne en distillant une essence dont l'odeur capiteuse se mêlait aux fragrances plus âcres de l'atelier. Un mince filet de fumée s'échappait d'un creuset posé sur un brasero, ajoutant une teinte opaque à l'air déjà chargé. L'endroit n'était pas seulement un refuge pour Silvio, il était le cœur même de son commerce, le théâtre silencieux de ses alliances et de ses trahisons.
Hermine se tenait droite, son visage dissimulé sous l'ombre de son masque qui laissait seulement entrevoir la courbe moqueuse de ses lèvres. Face à elle se trouvait un homme tendu. Silvio était grand et sec, une silhouette anguleuse que le temps et les privations avaient sculptée avec rudesse. Sa peau granuleuse était marquée par des années passées à manipuler plantes et toxines sous des lumières tamisées de son échoppe. Mais ce qui attirait immédiatement le regard, c'était la longue estafilade qui barrait son visage d'un tracé sinistre. Elle débutait sous son œil gauche, tranchait l'arête fine de son nez pour glisser sur sa joue droite avant de s'éteindre dans le creux de sa clavicule. Une cicatrice ancienne et mal refermée, vestige d'un affrontement dont il ne parlait jamais. Ses cheveux jadis noirs de jais étaient parsemés de mèches grisonnantes, leur texture épaisse retombant en mèches désordonnées sur son front. Ses yeux d'un brun profond et sombres semblaient toujours sur le qui-vive, scrutant l'ombre avec méfiance. Une lueur d'intelligence perçante s'y cachait ainsi que l'éclat dangereux d'un homme qui savait bien des choses. Ses doigts longs et nerveux étaient constellés de fines coupures, trahissant le travail de plantes aussi salvatrices que meurtrières.
Ce n'était pas un homme de combat et encore moins un meneur, mais plutôt un survivant. Un homme qui jonglait avec la morale et les nécessités, qui vendait vie et mort dans des fioles d'argile sans jamais poser de questions. Mais ce soir, face à Hermine, un pli soucieux barrait son front alors qu'une terrible tension crispait ses mâchoires.
- Tu joues un jeu dangereux, murmura-t-il enfin d'une voix profonde. Ce que tu me demandes de faire dépasse largement les clauses de notre contrat. Souviens toi : je vends, mais je ne prends pas parti. Jamais.
Hermine laissa échapper un soupire agacé avant de se rapprocher de lui, impulsant un geste de recul de sa part. Hermine était fourbe et imprévisible. Hors de question de baisser la garde devant son petit masque candide.
- Me raconte pas de conneries, tu es aussi vicelard que moi ! Tu popotes uniquement quand ça t'arrange et tu te moque bien du sang que tu auras sur les mains à la fin.
Silvio crispa soudainement la mâchoire en détournant le regard vers une pile de manuscrits annotés à l'encre noire. Ils décrivaient avec une précision désarmante les effets insidieux de diverses plantes toxiques. Le botaniste connaissait par cœur les remèdes et les poisons, il savait distinguer ceux qui foudroyaient en quelques secondes de ceux qui s'insinuaient lentement dans les veines, rongeant la vie avec une patience cruelle.
BINABASA MO ANG
𝐿𝑎 𝐶ℎ𝑢𝑡𝑒 𝑑'𝑢𝑛 𝑅𝑜𝑖 |𝐵𝑥𝐵|
Paranormal𝓓𝓪𝓷𝓼 un royaume où la perfection est érigée en vertu suprême, le prince Aurélian est frappé depuis sa naissance par le pire de tous les maux. 𝓤𝓷𝓮 honte pour la lignée royale et marginalisée par une cour qui le considère comme une erreur de la...
