-𝐒𝐀𝐍𝐒 𝐅𝐈𝐋𝐓𝐑𝐄- / 𝐁𝐘𝐈𝐋𝐇𝐀𝐍

FRAGILE.

19/10/24 (18h07) - Maroc

PDV ILHAN :

L'interview est postée depuis une heure. Les notifications affluent, les vues montent en flèche. Les commentaires sont une avalanche de réactions. Des critiques, des compliments, quelques blagues, mais rien de vraiment surprenant. Je survole ça rapidement, sans vraiment m'attarder.

Je suis allongé sur le lit. L'air est un peu trop frais à cause de la clim' qui tourne à fond, mais je m'en fous. Mon esprit est ailleurs. Ce qui me tracasse, c'est ce moment que j'ai passé à l'écran, l'interview qui n'en finit plus de tourner dans ma tête. Il y a quelque chose qui ne me lâche pas, même si c'est peut-être juste l'habitude. Ou l'ennui.

Je laisse tomber mon téléphone sur le matelas, puis je le reprends. J'ai un peu de temps, alors je compose son numéro.

Le bip est court, puis la voix de T/p résonne dans le téléphone.

T/P : « Allô ? »

Sa voix est légèrement rauque, comme si elle venait de se réveiller ou peut-être qu'elle est juste fatiguée. Ça m'arrache un petit sourire.

Ilhan : « Coucou. »

T/P : « Coucou. »

Un silence confortable s'installe quelques secondes. Pas un de ceux qui mettent mal à l'aise. Non, c'est le genre de pause qui dit tout sans avoir besoin de mots. Je l'entends respirer de l'autre côté. C'est con, mais ça me rassure.

Ilhan : « J'ai un peu de temps, j'me suis dit que j'allais t'appeler. »

T/P : « Ah ouais ? Quelle chance, monsieur est pas occupé. »

Sa voix est piquante, mais je décèle un fond d'amusement. Pourtant, il y a une tension légère, un truc dans sa manière de parler qui sonne un peu plus sec que d'habitude. Je décide de l'ignorer, pour l'instant. Pas envie de plomber l'ambiance.

Ilhan : « T'es jalouse de mon emploi du temps ? »

T/P : « Grave. J'ai compté les minutes depuis ta dernière réponse. J'ai failli appeler les secours. »

Un rire m'échappe. Ça fait du bien. C'est toujours comme ça avec elle : un mélange de sarcasme et de complicité qui flotte entre nous, même à distance.

Ilhan : « Dommage, j'aurais aimé voir ça. »

T/P : « T'as qu'à revenir. »

Le ton est léger, mais cette phrase résonne un peu différemment. Peut-être parce que moi aussi, j'y pense. Revenir. Être là, avec elle. Pas à travers un écran ou un appel qui grésille. Juste là.

Ilhan : « Tu me manques. »

C'est sorti tout seul, sans réfléchir. Un peu trop honnête. Je m'attends à une vanne, une pirouette, quelque chose pour détourner, mais non.

T/P : « Toi aussi. »

Simple. Direct. Et ça serre un peu dans la poitrine. Je me redresse légèrement sur le lit, le téléphone toujours collé à l'oreille, le cœur un peu trop conscient d'exister.