Un été entre amis -2-

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Quand Arnaud entre dans la pièce, je vois qu'il est fatigué, mais je fais comme si de rien n'était. Ses cheveux châtains sont coiffés en arrière en espérant discipliner les quelques boucles qui apparaissent dès qu'il a les cheveux mouillés et ses yeux noisettes sont un peu ternes, signe qu'il n'a pas passé une très bonne nuit. Niveau vestimentaire, il ne fait pas beaucoup d'effort. Toujours des choses très simples. Je lui tends juste son café en oubliant, comme d'habitude, qu'il le prend extrêmement sucré. En fait non, ce n'est pas un oubli. J'essaye de lui faire passer cette envie de glucose. Je ne sais pas comment on peut boire ça. Mais ce n'est pas que le café, il sucre tout : les yaourts, les fruits, le chocolat au lait... La liste est trop longue pour tout retenir.

Naïs arrive avec toute sa bonne humeur habituelle et je vois les yeux d'Arnaud s'illuminer. Je n'ai jamais compris pourquoi ils n'étaient jamais sortis ensemble tous les deux. Ils s'entendent merveilleusement bien, discutent toujours, ont plein de points en commun. Et Naïs ne lui ferait jamais de mal, tout comme Arnaud ne lui en ferait pas. Elle me pique ma biscotte et je lève les yeux au ciel avant de m'en préparer une autre. Je réponds à sa question tout en continuant mon geste mais sans développer. Benjamin entre ensuite et me revoilà assaillit par la même question. Apparemment, tout le camping doit être au courant que je suis rentré tard hier soir. Je salue le fiancé de notre belle Naïs et on commence à discuter de Laura, Linda, Lisa, bref, de ma conquête. Je vois Arnaud qui s'éloigne de la conversation avant de rejoindre Naïs sur la terrasse.

— Alors raconte, allez.

Je me prends un coup de coude de la part de Benjamin et je lui raconte comment elle était. Il siffle et on continue à parler tranquillement jusqu'au retour de Naïs. Là, Benjamin lui sourit et la prend dans ses bras avant de lui donner une nouvelle tartine. Je regarde le beurre fondre mais je continue de préparer le petit-déjeuner. Je me doute que le bruit qu'on fait va attirer les deux autres.

Notre petite équipe de vacancier est assez atypique et j'avais vraiment envie de partir avec eux. On a eu du mal à tous avoir nos vacances en même temps, mais quand ça a pu se faire, tout le monde était ravi. Arnaud prend peu de vacances, essayant d'enchaîner les contrats pour parfaire ses connaissances. Il travaille beaucoup en freelance pour les concerts de Naïs. Elle a réussi à le faire admettre comme son coiffeur et maquilleur personnel et comme elle commence à être vraiment connue, c'est un atout pour Arnaud. Mais à côté de ça, lui, ne fait que quelques shootings et c'est trouvé un mi-temps dans un salon visagiste.

Quand je le vois se démener pour sa passion, j'ai juste envie de le pousser dans le canapé et lui mettre un bol de popcorn entre les mains, pour passer la soirée à regarder de vieux films en noir et blanc, tout en se chamaillant devant les techniques désuètes de tournage. C'est pour ça que j'ai voulu qu'on parte tous ensemble. Pour faire un break. Et pour le moment, j'ai l'impression que tout va bien.

Saundra arrive dans le bungalow et je lui prépare une tranche.

— Sérieusement Vinz', je ne sais pas comment tu fais pour en ramener une tous les soirs.

Et c'est reparti. On n'a vraiment pas le droit d'avoir une vie. Je profite simplement de mes vacances. Ici, je ne suis personne et personne ne me connaît. On est là que pour trois semaines, alors autant en profiter. J'ai l'impression que je suis le seul à vouloir en jouir dans tous les sens du terme.

— J'ai tout simplement une endurance à toute épreuve.

Saundra lève les yeux au ciel et mord dans sa tartine. Naïs nous laisse pour retrouver Arnaud sur la terrasse. Lui ne se mêle jamais de mes histoires de cul. C'est comme si ça ne l'intéressait pas. Pourtant, il a toujours l'air mélancolique quand on les évoque.

— Mais bien sûr. Profite, tu verras dans quelques années. Tu n'auras plus rien à éjaculer.

Benjamin éclate de rire et moi je ramasse le beurre avant qu'il ne termine de se répandre dans son contenant.

— Nous sommes des performants dans ma famille. On tient ça de nos origines africaines.

— C'est ça, c'est ça. Tu essayes de te mettre en valeur. Mais à force de manger à tous les râteliers, il y a un jour où tu te feras claquer la porte au nez.

Saundra attrape une chaise et s'assoit tout en tendant la main pour avoir un café. Je ne la connaissais pas jusqu'à ce que Carmen me la présente. Elles sont de très bonnes amies et connaissant l'espagnole, je pensais qu'elle serait dans le même genre. Une femme brillante et prenant soin d'elle. Mais j'ai découvert une sorte de garçon manqué qui boit et parle comme un homme, mais garde un déhanché de femme qui sait que son cul plait. Carmen m'a expliqué que Saundra travaille dans une salle de sport, elle est coach et ses clients sont majoritairement masculins. Du coup, elle s'est adaptée.

— Au fait, c'était bien le barbecue hier soir ?

Technique de Benjamin pour détourner la conversation.

— Super. Les grillades étaient parfaites et l'ambiance festive. On s'est bien amusée.

— On viendra au prochain.

— Ce serait cool. Le DJ était pas mal, il a passé de la bonne musique. On avait un peu peur de se taper la danse des canards, mais il l'a évité soigneusement. Malgré quelques demandes.

Elle se met à rire et termine son café.

— Non, plus sérieusement. C'était vraiment sympa. Avec Carmen, on ne pensait pas rester tard, et au final, on a tenu jusqu'au bout.

— Parfait. On en sera donc. Et vous ?

Benjamin pose son regard sur moi. Le vous doit vouloir dire Arnaud et moi.

— Moi oui, Arnaud, il faudra lui demander.

— Allez, essaye de le faire sortir un peu.

— C'est difficile, il n'est pas très fêtard.

Je hausse les épaules. Même à Paris, il ne veut pas m'accompagner en soirée. Ce n'est pas faute de lui proposer.

— Je sais, j'en ai parlé avec Naïs, mais ce sont les vacances et d'été en plus. Barbecues, cocktails et fiesta quoi !

— Tu ne lui apprends rien là, glisse Saundra d'un air amusé.

— Ouais, mais on ne laisse pas son coloc' tout seul comme ça, ça se fait pas.

Je lève les yeux au ciel en soupirant. Tourne le couteau dans la plaie. Je sais que ça ne se fait pas, mais, j'y peux rien. Je ne peux pas devenir moine pour lui faire plaisir.

— Je vais faire mon possible.

— Parfait.

Naïs arrive avec son grand sourire en tenant un guide touristique dans la main.

— Allez, faut se bouger les mecs, dit-elle en faisant un clin d'œil à Saundra. On doit être parti dans quinze minutes.

— Oui chef.

Benjamin prend Naïs par la taille et l'accompagne dehors alors que Saundra me rend ma tasse de café en me faisant un signe de la main. Je ramasse les restes du petit déjeuner et me note mentalement qu'il va falloir racheter des biscottes.

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Un été entre amisDonde viven las historias. Descúbrelo ahora