Le jour J

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Après une dure nuit de sommeil, je me réveillais. Maman me tenait la main et pleurait comme je ne l'ai jamais vue pleurer. Je lui demandais ce qui n'allait pas mais elle ne m'a pas répondu. Je me suis levée  pour la serrer dans mes bras mais elle n'a rien senti. Je suis descendu prévenir Papa qui s'activait à la cuisine. Je lui ai dit que Maman pleure dans ma chambre et qu'elle ne me dit pas pourquoi. Il ne m'entendait pas. Je suis remontée dans ma chambre et la première chose que j'ai vu, c'est moi. Moi couchée dans mon lit, les yeux fermés, blanche comme un drap et la bouche ouverte. Et là, j'ai compris. Si Papa et Maman ne m'entendent pas, c'est parce que c'est fini. Maman avait raison, je n'ai plus à vivre tout ça mais, je n'ai pas et je n'aurai plus jamais de vie normale, car je n'ai plus de vie. Simplement parce que le cancer m'a emporté, il m'a tué, je suis morte, je suis un fantôme.

Quand l'ambulance est arrivée, je savais qu'il était trop tard. J'ai regardé les ambulanciers enlever mon corps. Sûrement pour l'emmener à la morgue.

Plus tard dans la matinée, ma grand-mère est venue. Elle pleurait. J'ai eu envie de lui dire que tout allait bien, que je pourrai enfin être heureuse. Mais je ne l'ai pas fait, elle ne m'aurait pas entendue de toute façon. Plus tard toute ma famille est arrivée. Ma tante, mon oncle, mes cousins, cousines, tout le monde pleurait. Ils ont décidé ensemble que les funérailles auraient lieu mardi. Le jour où j'aurais dû avoir ma chimio.

Après l'école, toute ma classe est venue à la maison. Personne pleurait, à part Leah, ma meilleure amie, que je n'ai pratiquement pas vue ces temps-ci. Ça m'a fait de la peine de la voir comme ça. Je ne pouvais rien faire à part la regarder et lui dire mentalement que j'allais bien. Bizarrement, elle s'est retournée vers moi. J'ai vue dans son regard qu'elle m'avait entendu.


Ma vie de fantômeWhere stories live. Discover now