— Ça va ? Reprend Chavez.
Il y a quelque chose de rassurant dans sa manière de m'adresser la parole, mais cela n'allège pas vraiment le poids qui repose sur mes épaules. Mes lèvres se desserrent pour répondre, mais la réponse semble à peine audible, une réponse que je tente de rendre convaincante malgré la tempête de pensées qui s'agite en moi :
— Euh... Oui, ça va.
Je suis consciente que ma réponse manque de naturel, une faiblesse que je n'arrive pas à masquer. J'essaie de me concentrer, de garder mon calme, mais la pression de la situation me pousse à m'enfoncer davantage dans l'incertitude.
Je refuse pourtant de me laisser abattre par la situation et tourne lentement la tête vers Spencer. Ses yeux sombres, d'une profondeur insondable, me scrutent avec une intensité surprenante, comme s'ils cherchaient à déchiffrer les recoins les plus cachés de mon âme. Nous restons figés dans un échange silencieux. Ce face-à-face devient une confrontation émotionnelle silencieuse où chaque micro-mouvement est lourd de signification, chaque regard semble porter le poids d'une quête de vérité.
Les secondes s'étirent en une éternité, et la tension devient une présence tangible entre nous. La pièce autour de nous, pleine de bruit et d'agitation, s'évanouit presque, laissant place à cet instant suspendu. Les lumières, le murmure des conversations, tout semble s'estomper, concentré dans ce seul échange où nos regards se croisent, se mesurent, se questionnent. Les émotions non dites flottent dans l'air, une mer d'incertitude et de désir de compréhension qui nous enveloppe.
Je me lance, les mots à peine plus forts qu'un murmure :
— On doit beaucoup te le dire, mais... C'était vraiment bien...
Ma déclaration, bien que sincère, semble provoquer un léger choc chez Spencer. Il marque un imperceptible mouvement de recul, comme si ma reconnaissance l'avait pris de court. Il passe une main distraite dans ses cheveux, un geste qui trahit sa surprise.
— Merci, commence-t-il, son ton encore empreint de réserve.
Parce que je le vois, là. Ce n'est pas de la nonchalance. Il est timide, lui aussi.
Bon, sûrement moins que moi...
Chavez, toujours avec sa bonne humeur persistante, lui donne un léger coup de coude. Spencer, après avoir levé les yeux au ciel avec une grimace discrète, se reprend rapidement, son visage se détendant en une expression plus ouverte.
L'idée que je pourrais être une gêne pour eux me traverse l'esprit, amplifiée par le fait que Spencer semble encore vraiment sur la réserve. Je me sens à la fois vulnérable et incongrue, comme une spectatrice forcée d'un acte auquel elle n'était pas vraiment censée participer.
La chaleur des lumières du bar contraste avec la froideur qui semble envahir mes pensées. Chaque son, chaque mouvement autour de moi semble se déformer, amplifiant mon sentiment d'inadéquation. Je m'efforce de paraître calme, mais je suis consciente de l'anxiété qui se lit dans chaque trait de mon visage. Dans ce moment suspendu, je me demande si mon intrusion dans leur espace avait vraiment sa place ou si j'étais en train de déranger une intimité que je n'avais pas le droit de toucher.
— Si j'ai bien compris la dernière fois... Tu aimes bien la musique ?
Je hoche la tête en signe d'accord, ma voix se perdant dans le silence. Le simple fait d'être interrogée sur ce sujet me pousse à maintenir cette affirmation, même si chaque mouvement est teinté de nervosité. Je me fais un devoir d'afficher une attitude ouverte, malgré les tremblements subtils qui trahissent mon anxiété.
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𝐁𝐄𝐓𝐖𝐄𝐄𝐍 𝐓𝐇𝐄 𝐋𝐈𝐍𝐄𝐒 ; 𝑎 𝑠𝑜𝑛𝑔 𝑓𝑜𝑟 𝑎𝑛 𝑜𝑡𝘩𝑒𝑟
Romance𝑩𝑬𝑻𝑾𝑬𝑬𝑵 𝑻𝑯𝑬 𝑳𝑰𝑵𝑬𝑺 Maribel n'a jamais connu l'amour, sauf celui de la musique. En tant que compositrice passionnée, elle trouve son bonheur à composer des ballades, sa voix souvent comparée à celle d'un ange. Accompagn...
✦ C H A P I T R E • C I N Q
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