𝐁𝐄𝐓𝐖𝐄𝐄𝐍 𝐓𝐇𝐄 𝐋𝐈𝐍𝐄𝐒 ; 𝑎 𝑠𝑜𝑛𝑔 𝑓𝑜𝑟 𝑎𝑛 𝑜𝑡𝘩𝑒𝑟

✦ C H A P I T R E • C I N Q

Les lumières de la salle diminuent légèrement, laissant place à un éclairage plus doux et jaunâtre qui enveloppe lentement l'espace d'une chaleur réconfortante. Spencer, après avoir soigneusement rangé sa guitare, salue le public d'un sourire fin et satisfait. Il descend de la scène avec une démarche encore marquée par l'énergie du concert. Chavez, toujours arborant son sourire habituel, lui tend un verre d'eau qu'il accepte avec empressement, avalant une gorgée pour apaiser son souffle encore court. Chavez lui donne une tape amicale dans le dos, un geste sûrement familier et encourageant.

Nara, perchée à côté de moi, me donne un léger coup de coude, son sourire encourageant illuminant son visage. Je prends une grande inspiration, mon esprit tourbillonnant entre appréhension et excitation. Je suis prête à me lever, prête à franchir cette frontière invisible entre l'observation et l'action. Pourtant, je reste figée sur place, mon corps refusede bouger malgré mes intentions.

Je me balance sur ma chaise, espérant que ça me donne suffisamment le tournis pour que je me lève de cette chaise pour aller lui parler... Mon cœur bat à tout rompre, un mélange d'appréhension, de timidité et d'une impatience presque insoutenable. Il bat si fort que je crains presque qu'il n'implose. L'angoisse et l'excitation se mêlent, créant un tourbillon émotionnel qui me paralyse.

Le regard de Nara se fait plus intense, ses yeux ne quittent pas les miens avec une détermination silencieuse. Je le vois : cette fois, je suis seule. Elle ne m'aidera pas. Cette réalisation renforce encore plus ma nervosité, mais elle me pousse également à agir.

Finalement, je me lève, lentement mais sans réfléchir, mes mouvements guidés par l'instinct plutôt que par une réflexion trop poussée. Je sais que si je réfléchis trop, je pourrais perdre mon courage et rester immobile. Je fais un pas, puis un autre, chaque mouvement empreint de nervosité palpable. Mes pas sont lourds et traînants, mon corps tout entier trahissant la tension que je ressens dans mes genoux prêts à fléchir et dans mes mains tremblantes et moites.

Je me rappelle des paroles de Nara sur Sasha et sa conquête de ses peurs. Si elle a réussi à franchir ses propres barrières, alors moi aussi je le peux. C'est cette pensée qui me pousse à avancer, malgré la peur et l'incertitude.

Je fais le trajet jusqu'au bar avec une détermination naissante, me forçant à ignorer les tremblements de mon cœur et de mon corps. Le moment est arrivé pour moi de franchir ce pas, de quitter le confort de l'ombre pour me lancer dans la lumière, d'affronter mes peurs et de saisir cette opportunité.

Chavez est le premier à me remarquer, son regard se posant sur moi avec une familiarité accueillante. Il me fait un signe de la main, son sourire toujours présent, et cela me pousse à avancer, à poursuivre ma démarche hésitante.

Je n'ai plus le choix, de toute façon...

Mon cœur s'emballe davantage, résonnant comme une percussion nerveuse à chaque pas que je fais. L'espace entre le bar et moi se dilate, amplifiant tout mon être, jusqu'aux vibrations de mon estomac.

— Oh, tiens, Maribel ! Tu te souviens, Spence ?

Spencer me fixe, son expression neutre et presque impassible rendant difficile la lecture de ses pensées. Il est là, juste en face de moi, mais un mur invisible semble nous séparer, amplifiant chaque battement de mon cœur. L'absence de réaction de sa part ne fait qu'intensifier ma nervosité. Ses yeux, perçants et insondables, scrutent le moindre de mes mouvements, alors que son visage reste parfaitement stoïque, à l'exception d'un léger sourire poli qui semble à peine effleuré par l'émotion.

Cette expression calme, presque distante, accentue encore plus mon anxiété. La tension dans l'air devient presque palpable, chaque seconde s'étirant comme un fil tendu sous une pression constante.