𝐁𝐄𝐓𝐖𝐄𝐄𝐍 𝐓𝐇𝐄 𝐋𝐈𝐍𝐄𝐒 ; 𝑎 𝑠𝑜𝑛𝑔 𝑓𝑜𝑟 𝑎𝑛 𝑜𝑡𝘩𝑒𝑟

✦ C H A P I T R E • C I N Q

Je repense à cette journée, à chaque interaction, chaque sourire échangé, chaque café préparé. Ces moments quotidiens, bien que banals, apportent une certaine stabilité à ma vie. Pourtant, sous cette routine se cache une mer de questions et de doutes qui bouillonne sans cesse en moi. Spencer, avec sa musique, a récemment intensifié cette agitation intérieure. Sa passion, son énergie, ses mélodies... tout cela résonne en moi d'une manière que je peine à saisir pleinement.

Les mots de Nara me reviennent en mémoire, son encouragement à chanter au Rhythms. L'idée me terrorise autant qu'elle me fascine. C'est un grand saut dans l'inconnu, une exposition de mon âme aux yeux d'étrangers. Mais peut-être est-ce exactement ce dont j'ai besoin pour avancer, pour dépasser mes peurs et mes insécurités.

Le métro continue de glisser sur les rails, et je me laisse bercer par son mouvement rythmé. Je ferme les yeux un instant, tentant d'imaginer ce que cela ferait de chanter sur une scène, de partager ma musique avec d'autres. L'idée m'effraie, mais elle m'excite tout autant.

flashback

"I gave you all my secrets,
You gave me only pain,
I tried to build a future,
You washed it down the drain.

Your words were sweet like honey,
But they cut me deep inside,
Now I'm left here picking pieces,
Of a love that had to die."

Mes yeux ne pouvaient se détacher de la prestance de Spencer, de son charisme indéniable, ni de la prestation qu'il nous offrait. C'est à cet instant précis que j'ai fait le lien entre les paroles qu'il chantait et les émotions qu'elles portaient – la colère, la trahison, la tromperie. Était-ce son histoire qu'il exposait là, ou simplement une inspiration puisée dans les méandres de son esprit créatif ?

Ses cheveux bruns, presque noirs, décoiffés, laissaient quelques mèches indomptées tomber sur son visage, lui conférant un air inexplicable, presque mystérieux. Même dans les moments où il reprenait son souffle, où ses doigts glissaient avec précision sur les cordes de sa guitare, la passion qui l'animait restait palpable, indéniable. C'était comme si chaque fibre de son être vibrait au rythme de sa musique, rendant toute distraction impossible.

Sur cette scène, il ne faisait pas que jouer. Il livrait ses pensées les plus sombres, mais sans jamais se perdre ou divaguer – ou peut-être cachait-il habilement cette lutte intérieure. C'est à ce moment-là que j'ai compris : la musique n'était pas simplement une passion pour Spencer. Pour lui, c'était l'air qu'il respirait.

Chaque note qu'il produisait, chaque mot qu'il articulait semblait surgir d'une profondeur que je ne pouvais qu'effleurer du bout des doigts. La sincérité brute dans sa voix, l'intensité de ses expressions – tout cela témoignait que la scène était son sanctuaire, le seul lieu où il pouvait communiquer ce qui ne pouvait être dit autrement. Par moments, il fermait les yeux, se perdant dans la mélodie, et cela me faisait comprendre que ce n'était pas simplement une performance. C'était une confession, un exutoire, un reflet de son âme.

Je me demandais alors si un jour je pourrais atteindre ce niveau de vulnérabilité et d'authenticité dans ma propre musique. Spencer incarnait tout ce que je voulais être : un artiste qui ne se contente pas de jouer, mais qui vit chaque note avec une intensité sans pareille. Une partie de moi aspirait à cette liberté, à cette capacité de tout laisser sortir sans aucune retenue. Mais en même temps, la peur du jugement, la crainte de ne pas être à la hauteur, continuait de me retenir.

Regarder Spencer sur scène, c'était comme observer quelqu'un se tenir au bord d'un précipice, sans la moindre peur de tomber, car il savait que la musique serait toujours là pour le rattraper. Cette réalisation me bouleversait profondément, car elle me confrontait à mes propres limites, à mes propres peurs. Peut-être que comprendre cela était le premier pas vers ma propre libération artistique