Chapitre 7

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Jordan _ J-118 

Le fait d'avoir pu discuter avec ma mère m'avait enlevé un poids. Mais cette discussion ne m'avait pas empêché de continuer mes petites virées un peu plus bas dans le Cube. J'en profitais pour voir Paco. En plus de notre lien d'amitié, nous entretenions un lien professionnel. Il était chargé de me montrer tout ce que j'avais à savoir au sujet de ce travail de l'ombre, car oui, j'avais décidé de faire comme lui, de vendre la flamme. Je ne m'étais pas engagé pour une raison financière, loin de là, j'avais fait ce choix pour pouvoir me rapprocher de mes rêves, je voulais en savoir plus sur le Cube. Ça, et pour trouver ma place, elle se trouvait peut-être quelque part dans un recoin du satellite.

J'adorais passer du temps avec Paco, on se rejoignait chez l'Alchimiste où nous nous étions rencontrés la première fois. Sinon nous allions parfois chez lui ou encore à sa boutique. Nous avons continué de jouer en ligne à travers des plateformes de jeux vidéo publiques. Malgré tout ce temps passé ensemble il ne m'avait encore rien dévoilé sur lui. Ce qui, à vrai dire, me rendait d'autant plus curieux.

C'est à contrecœur que je venais de dire au revoir à Paco, car je devais remonter vendre la flamme à plusieurs contacts un peu plus haut dans le Cube.

Je me rendais au Culmaway pour atteindre le 322ème. Cette machine était une sorte de métro vertical qui fonctionnait un peu comme un grand ascenseur. Nous avions six Culmaway pour couvrir les six faces du Cube, sur chacun d'eux se trouvaient quatre cabines, deux montaient pendant que deux descendaient. Cette machine, plutôt bien pensée, avait aussi l'avantage d'être très rapide. Je mis donc à peine sept minutes avant d'atteindre le lieu du rendez-vous. Je voyais alors un de mes nouveaux clients un peu costaud qui réclamait ses flammes comme s'il était en manque. Je continuais mon ascension au 418ème, pour fournir une femme de famille dépressive. Ensuite, je continuais de monter pour arriver au 712ème, pour rencontrer une jolie femme rousse qui avait l'air de savoir ce qu'elle voulait. Alors, pour la dernière fois, je remontais dans cet immense ascenseur pour rentrer chez moi.

Comme je le pensais, avec ce job mon vœu avait été exaucé. Je pouvais voir et comparer les inégalités de ce monde, je pouvais ressentir la pesanteur d'en bas, l'air frais d'en haut, je pouvais rencontrer des personnes d'horizons variés. Au final, tous ces gens étaient intéressants, quel que soit leur niveau de vie dans le Cube. Pour faire simple, ce travail avait ajouté cette petite touche de piment qui manquait à ma vie. Paco m'avait confié que c'était aussi pour cette raison qu'il s'était lancé dans cette aventure, pour ça et pour les injustices, qui semblaient le toucher tout particulièrement. Cette flamme, ce minuscule objet nous avait finalement à tous offert l'opportunité de croire en ce grand projet, celui de croire en un avenir plus juste qui nous permettrait à tous d'atteindre nos objectifs personnels.

Les portes s'ouvrirent enfin au 1024ème étage, je m'empressais de sortir pour me rendre à la maison. Une fois arrivé, je balançais mon sac, qui encore ce matin était rempli de petits paquets de flamme. Je pris une boisson fraîche, avant de dire : « Ok Home, lumière à soixante-cinq pour cent, opacité des fenêtres à cent pour cent et allume la Play. » La maison obéissait. Je m'affalais alors sur le canapé massant et savourais ce petit moment de satisfaction personnelle. Certes, je n'avais pas besoin d'argent, mais mon besoin de ressentir de l'excitation avait totalement été assouvi aujourd'hui. Lorsque j'ai vendu ces paquets de flamme, mais aussi lorsque j'ai vu Paco. Une fois connecté au réseau, je me dépêchais de voir si Poccozu était sur le jeu. C'est avec une grande déception que je constatais qu'il devait être occupé ailleurs.

LE CUBE  tome 1 : FlammeWhere stories live. Discover now