Azula

Elle écoutait le son de la pluie, comme si elle lui parlait, comme si elle lui expliquait ce qui a échoué. Les gouttes tombaient devant ses yeux après avoir dévalé ses cheveux mal coupés. Pour la première fois de sa vie elle ressentait le froid, le vrai, celui qui te fait claquer des dents et qui te fait regretter la moindre once de chaleur que tu as pu jamais ressentir. Elle était à même le sol boueux, ses beaux vêtements qui étaient jadis si flamboyants étaient ternes et usés. Elle aimerait tellement pouvoir les donner à sa mère pour qu'elle l'aide, comme les mères savent si bien le faire. Sa mère avait réponse à tout, mais n'avait pas assez d'amour pour deux enfants. Lorsqu'elle lui parlait, c'était comme si elle s'adressait à la gamine énervante du voisin. Était elle si horrible ?

- Azula ! Arrête !

Lorsque Ursa arriva dans la cour, elle vit un des jouets de son fils calciné. Elle leva les yeux vers sa fille et se dirigea vers Zuko. Elle le prit par la main et ils disparurent dans la demeure du Seigneur du Feu. Probablement allaient ils se plaindre de lui auprès de l'oncle Iroh. Que ce doit être bien d'être aimé par tant de personnes.

Azula baissa la tête en serrant ses petites mains en poings. Ce n'était pas que sa mère ne l'aimait pas, c'était bien pire. Elle était devenue indifférente.

- De toute façon, il n'y a que papa qui m'aime ! s'écria t-elle de toute ses forces

Ne recevant que le bruit du vent comme réponse, elle mit un coup de poing dans le vide, ce qui fit jaillir une grande boule de feu de la même couleur que le ciel.

- Princesse Azula, votre père attend.

Elle se retourna vivement. Un domestique était venu lui rappeler que son père l'attendait pour son entraînement. Elle se suivit d'un pas rageur.

Une goutte plus froide que les autres vint la sortir de ses rêveries. Elle était transie de froid et sa maîtrise ne voulait pas la réchauffer. C'était comme si ses flammes étaient vides de sens et ... froides. Elle avait pris conscience dans ces bois que si sa maîtrise était aussi puissante, c'était grâce à son tempérament. Plus elle s'énervait, plus sa maîtrise était parfaite et aiguisée. La colère était une énergie inépuisable et inégalable. Elle comprit soudain pourquoi son corps ne réagissait plus comme avant. Depuis qu'elle s'était faite battre par un ridicule maître de l'eau, elle n'avait plus d'objectif. Le seul qu'elle avait était de succéder au Seigneur du Feu. Néanmoins, cette place lui fut volée par son frère. Elle se demanda si elle allait lui reprendre ce qui lui revenait de droit. Cette idée retomba très vite, elle était seule contre une armée de soldats pathétiques aux ordres de l'Avatar et de sa stupide équipe.

La nuit commençait à tomber une nouvelle fois. Depuis combien de temps était-elle là, perdue dans les bois ? Assez longtemps pour qu'elle perde ses traits fins de princesse du feu. Sa mère devait bien rire là où elle était, la Princesse déchue et le Prince couronné. C'était tout ce qu'elle souhaitait, elle avait tout fait pour ça. Plus la nuit tombait, plus ses pensées devenaient floues et sinistres. Elle n'aurait jamais pensé que ses derniers instants se feraient à un si jeune âge, et si seule.