— Peut-être pas les plus vieux. Mais ce passage existait déjà du temps où votre mère et moi étions élèves ici, puisque c'est moi qui l'ai créé.

Je le regarde avec de grands yeux.

— Quoi ?

— Nous voulions sortir en ville plus souvent que simplement le week-end, admet Maman en gloussant.

Elle échange avec le proviseur un regard complice.

Je suis scandalisé. Certes, j'ai moi-même utilisé ce trou pour sortir en douce du lycée. Mais je n'aurais pour autant jamais eu l'idée d'en créer un moi-même. M. Marlin était un vrai délinquant ! Comment a-t-il pu devenir proviseur ?

Nous contournons le mur tous les trois et jetons un regard méfiant tout autour de nous. Personne en vue. Il ne manquerait plus qu'un journaliste nous filme en train de disparaître dans le trou !

Maman s'arrête.

— Je vais te laisser là, Vivien chéri. Je suppose que les parents d'élèves ne sont pas autorisés à l'intérieur de l'institut.

Le proviseur toussote.

— Cela pourrait s'arranger.

Je fronce les sourcils.

— Non, répond cependant ma mère avec un sourire. Il faut que j'aille attraper mon TGV et récupérer mes deux filles cadettes. Oriande est encore un bébé et Mélusine peut parfois être... un peu destructrice, si on ne la surveille pas correctement.

— Je vous précède, Vivien, me dit M. Marlin dans un effort manifeste pour nous laisser un peu d'intimité. À une prochaine fois, Gwendoline.

— À bientôt, Armand.

Et le proviseur se met à quatre pattes pour disparaître à travers le trou. Trou qu'il a lui-même créé. Je n'arrive pas à m'en remettre.

Maman me presse dans ses bras.

— Les vacances passent toujours beaucoup trop vite, se plaint-elle. Comment vais-je tenir jusqu'à février sans mes deux grands ?

— On se téléphonera, je grommelle. J'aurais beaucoup de temps libre le week-end, puisque je suis privé de sortie.

L'étreinte se resserre encore davantage.

— Profite-en pour bien étudier et devenir un garçon magicien fée très savant.

Je soupire.

— Oui oui.

Et il est vrai que je n'aurais rien d'autre à faire.

Je fais d'abord passer ma valise, ce qui n'est pas si facile. M. Marlin aurait quand même pu créer un trou un peu plus grand, tant qu'il y était.

Je me retourne une dernière fois. Maman m'envoie des baisers de là où elle est.

Mon ventre se creuse et je m'en veux. Être triste lorsqu'on quitte sa mère est acceptable en maternelle. Cela commence à l'être beaucoup moins lorsqu'on est au lycée. Je ne suis plus un petit garçon.

Je me faufile à travers le trou. Comme à chaque fois que je l'ai fait, je me sens enveloppé par des sortes de crépitements qui proviennent probablement de la barrière. Ni Morgane ni Auguste n'ont jamais paru les ressentir. Je me demande soudain si c'est le fait d'être un magicien qui me fait percevoir un tel phénomène. Sans doute que oui. Il faudra que je pose la question à M. Marlin.

Mon inquiétude latente est soudain remplacée par un élan d'enthousiasme. Je vais apprendre la magie ! Et une magie que je parais maîtriser, contrairement à la féerique. Du moins, je l'espère. Si ça se trouve, je suis en réalité plutôt nul.

Le lycée des Surnaturels (tome 2)Where stories live. Discover now