Tu seras viril mon fils

Je veux voir ton teint pâle se noircir de bagarres

Gabriel entre au collège 

Gabriel cherche Lizzie du regard. Pas facile de la trouver parmi la foule qui se presse devant le portail. Surtout quand on est un petit etre maigrinchon au milieu de gaillards qui parlent fort.

Premier jour de sixième. Gabriel à hate, et il a peur. Un nouvel environnement, une page qui se tourne dans sa vie. 

La tornade Lizzie débarque du bus, et court vers son ami, folle de joie. Elle se met à parler avec un débit digne d'une rappeuse. Mais le garcon ne l'écoute pas vraimant. 

Le collège. Le monde des complexes, du manque de confiance, des notes, des moqueries... Lizzie était tellement joyeuse à l'idée d'y rentrer que Gabriel ne lui avait jamais confié sa peur. Il savait ce que pouvait être le collège. Son cousin s'était fait harceler, et il avait mis fin à ses jours. Ils ne s'étaient vus que deux fois, mais ce que Gabriel avait pleuré quand sa mère le lui avait annoncé!  Et bien sûr, son père l'avait traité de fillette.

Son père qui ne le comprennait pas.  Qui n'aimait pas son caractère, son corps mince et frêle,. Son père qui ne l'aimait pas. 

- Gabriel, tu m'écoutes? 

La voix de Lizzie l'avait arraché à sa mélancholie. Il se contenta de lui sourire. Et d'entrer dans le collège, le coeur battant. Ils marchent vers les listes, mais impossible pour lui de voir,. Lizzie n'a pas peur de pousser, la voila qui joue des coudes pour atteindre les papiers. Un coup d'oeil lui suffit; elle brandit un pouce levé. Ils sont dans la même classe. 

Elle le rejoint, Gabriel rit de soulagemment. Sauf que derrière lui, il entend un rire. Un rire qu'on imite. Il se retourne; deux garcons machent un chewing gum en lui toisant.

-Il veut quoi le petit pédé? 

Cette fois c'est Lizzie qui fait volte-face et sans réfléchir, elle leur balance son poing dans la figure. Malheureusemment, le CPE les as vus, et il débarque, furieux.

-Mademoiselle, je peux savoir ce qui se passe?

- C'est pas à moi qui faut le demander . réplique Lizzie avec un peu d'insolence. Ils ont traité mon ami de pédé. 

Quand Lizzie sort du bureau du Cpe, elle affiche un sourire triomphant. Gabriel, nerveux, l'attends sur un banc en face . Il bondit en voyant son amie arriver.

_ Alors?

-On est collés demain de seize à dix-sept. Mais moi je m'en tape. sourit la jeune fille, sa queue de cheval défaite.

- Lizzie, tu n'aurai pas du faire ça... C'était gentil mais...

- Tais- toi, tu croyais vraimant que j'allais les laisser t'insulter? 

-Merci Lizzie...

Six mois plus tard, il disait la même chose. Les deux ne lui laissaient pas un moment de répit. Dès que Lizzie avait le dos tourné, les insultes fusaient, les rires  et les moqueries le transperçaient. Souvent, il ignorait,etpleurait en silence. Quand Lizzie arrivait, elle leur flanquait une raclée, pour finir dans le bureau du directeur. Un matin, elle trouva Gabriel pleurant derrière son manuel de maths, alors que la prof écrivait au tableau. Elle lui lanca un papier, lui demandant si ca allait. Il acquisa. Mais elle savait que c'était faux. 

Qu'aurait pu lui répondre Gabriel? Qu'il vivait dans la peur? Qu'il avait envie de vomir chaque matin? Qu'il se sentait nul à coté d'elle qui avait toute sa confiance en elle, qui n'hésitait jamais, qui n'avait jamais peur? Non, il lui semblait que cela ne lui servirait à rien. 

Même quand elle l'intercepta à la sortie du cours en lui disant qu'il devrait en parler. A qui? Au cpe qui disait que c'était des chamailleries? A son père qui allait le traiter de peureux? Non. 

Lizzie était inquiète, Gabriel le voyait. Mais que pouvait-il faire? 

Quand Lizzie était absente, ses harceleurs le frappait. Il rentrait avec des bleus et du sang séché. 

- Tu t'es battu mon fils? lui demandait son père.

- Non, je me suis fait frapper. répondait Gabriel, incapable de mentir. 

Et il voyait la déception dans les yeux de son père. Et il encaissait les " fillette" et les "pédé" de cet homme qui décidemment, ne l'aimait pas. Allait-il un jour le comprendre?