Chapitre-3

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   Aujourd'hui est une nouvelle journée. Une nouvelle journée est une nouvelle once d'espérance de me faire retrouver ici. Je sais qu'il y a peu de chances que ça arrive. Mon espérance reste faible, mais je fais de mon mieux pour garder au fond de moi cette idée de lumière au bout du couloir de cette torture.
J'ai du mal à rêver lorsque je ferme les yeux. Je fais beaucoup de cauchemars. Je finis toujours par me réveiller en sursaut, pleine de sueur. Mon propre esprit me fait peur.
Les souvenirs sont mes seuls moyens de ne pas cauchemarder, j'arrive tant bien que mal à penser à des instants heureux que j'ai vécus.

« Click click »
Déjà là ? J'ai réussi à dormir plus longtemps ? Ou peut-être qu'il vient plus tôt aujourd'hui ?
Je n'en sais rien.
J'ai eu un étrange pressentiment.
La porte s'ouvre. C'est bien lui. Il semble tourmenté. Attendez... IL N'A PAS SON MASQUE ! Je peux voir son visage.
Il est long et fin. On voit à son visage qu'il est mince. Il a une barbe mal rasée, un nez crochu et un long menton.
Il faisait encore plus peur. Il me terrifiait déjà avec son masque. Sans, il est encore plus terrifiant, il ressemble encore plus à un fou.
Il s'approche de moi. J'ai de plus en plus peur.
Son tourment a l'air de le mettre en colère. Son approche me met mal à l'aise.
Mon cœur bat vite.
Ma respiration s'accélère.
Mes yeux regardent partout comme s'ils cherchaient un point d'encrage.
Mon corps est tétanisé. Je ne peux plus bouger. Même si je voulais essayer, je ne pourrai pas. Je suis toujours accrochée à ce lit. Ce lit inconfortable, dur, sale, abîmé.

Le tortionnaire se dirige vers le plan de travail. « Non » me dis-je. « Pas encore »  « Je ne veux pas »
Je paniquais. Son énervement me terrorisait.
« Pourquoi moi... »
Cette question, je me la suis tant posée. Pourquoi fallait-il que ce malheur tombe sur moi ? Je ne sais pas. Je ne pensais pas que je vivrai cela un jour. J'avais une vie paisible. Ma famille m'aime, j'ai une meilleure amie, d'autres groupes d'amis, j'étais apprécié de quelques gens que j'aimais en retour. Cependant, en étant enfermée ici, je ne me vois pas leur reparler. Je n'y arriverai pas. J'ai la sensation de ne pouvoir faire confiance à personne d'autre que ma famille désormais. Mon cœur se serre en y pensant. Ce n'est pas ce que je veux. Seulement, en pensant à eux, j'aime les moments que j'ai passé en leur présence, mais je n'arrive pas à m'imaginer avec eux.

Je vois l'homme prendre le scalpel. Il l'induit du produit inconnu. Il repose l'arme et s'approche de moi. Il m'observe un instant, puis repart vers le plan. Il revient, l'outil à la main.
Il ne m'a pas accrochée à la chaise aujourd'hui.
Sans me prévenir ou quoi que ce soit, il me plante le scalpel dans la clavicule de l'autre côté, celle qu'il n'avait pas faite hier. Il a été beaucoup plus violent. La douleur est lancinante. Je ne réussis pas à retenir un cri. Il ne fait toujours qu'une seule zone par jour. Cette fois-ci, après avoir fini son trait, il s'acharne sur un tas de parties qu'il n'avait pas torturées. Il me le fait sous mes seins qui n'étaient cachés que par mon soutif. Sur le ventre, les côtes. Il était très violent par rapport à d'habitude. La pointe de l'arme s'enfonçait un peu plus en moi. Soudain il s'arrêta. Il avait le souffle court. Je ne comprenais pas. Je perdais beaucoup de sang d'un coup comparé aux autres jours. J'étais déjà pratiquement à bout. Que se passait-il ?

   Ma tête commença à tourner. J'avais du mal à tenir. L'homme ne nettoyait pas mes plaies. J'avais mal. Je souffrais.

   Soudain, le fou me fit sursauter. Il s'était mis à crier. Il faisait les cent pas dans la petite pièce.
Il commençait à balancer tous les objets qui lui tombaient sous la main.
Il sortit son téléphone et pris en photo le plan de travail et plusieurs fioles et outils que je n'arrivais pas bien à voir depuis le lit où j'étais.
Il se dirigea vers moi et me prit en photo également. Je ne savais pas pourquoi il faisait ça. Il me tirait les bras et les jambes pour prendre précisément les images.

   Ma tête tournait. J'avais mal de partout. Mon corps ne tenait plus. Je commençai alors à vaciller et mon crâne tapa contre le matelas dur et crasseux.

Je suis seule. Dans le vide.

Je suis au bout du gouffre.

Mon corps ne peut plus supporter la souffrance.

Je crois que je suis en train d'abandonner.

Je voulais faire de mon mieux.

Je voulais survivre pour ma famille.

Je faisais de mon mieux avec l'espoir de les revoir un jour.

Je suis désolée.

Désolée de ne pas tenir.

Désolée d'avoir souffert.

Désolée de moi.

Désolée de tout.

Désolée de ne pas avoir été vigilante ce malheureusement jour.

Je souhaite m'en sortir.

Je veux me réveiller mais l'enfer me terrifie et me donne envie de renoncer.

J'ai peur. Je veux rentrer chez moi.

Je veux dormir en paix.

Je veux être dans un vrai lit.

Je veux revoir ma famille.

Je ne veux plus voir mes plaies, mes saignements.

Je veux pouvoir manger à ma faim.

Je ne veux plus souffrir le martyr.

   Je suis réveillée. Je le sens. Mon corps est réveillé. Mes yeux, eux, sont toujours fermés. J'ai mal. À la tête, ainsi que mes blessures.
Je ne veux pas ouvrir les yeux. Le cauchemar n'est sûrement pas terminé.

   C'est étrange. Je sens une odeur. Ça ne sent pas le renfermé, ni la poussière... Non, ça sent le propre, le gel hydroalcoolique.
Mon lit est moelleux. J'ai la sensation qu'à travers mes paupières il y a de la lumière. Ce n'est pas complètement obscur comme ces derniers jours.

   J'ouvre les yeux.

Un traumatisme pour un amourWhere stories live. Discover now