Chapitre 1

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Victoire_ J-180

Ce matin, comme tous les autres matins, je m'extirpais de mon vieux matelas, agacée par l'agitation des rues avant de regarder ma petite chambre désordonnée autour de moi. C'est en observant cet espace exigu que je réalisais une fois de plus, que ce monde oppressant, bruyant et injuste ne me convenait pas. Et c'était bien pour cette raison que je comptais le changer, seule, car j'avais bien l'impression que personne d'autre ne voyait ce monde ainsi, pensais-je en fixant le reflet du miroir en face de moi.

Je finis par soupirer, il me fallait affronter cette nouvelle journée éreintante.

Je me dépêchais donc de me préparer, avant de prendre un cappuccino et de descendre avec au garage pour commencer ma journée de travail. Après avoir pris connaissance du planning de la journée, je rejoignais mon oncle dans l'atelier qui me fusillait du regard. Je le saluais en ignorant sa remarque sur mon arrivée tardive avant de me pencher sur une voiture automatique en m'emparant d'une clef dynamométrique. Comme je m'y attendais, elle était trop petite pour l'écrou que je devais enlever. En regardant autour de moi, je réalisais que Stephen venait d'utiliser la clef dont j'avais besoin.

— Stephen, tu peux me passer la clef à côté de toi s'il te plaît ?

Après avoir mis sa cigarette entre ses lèvres, il fit glisser la pièce métallique sur le béton noirci de notre garage. Je trouvais qu'il fumait de plus en plus ces derniers temps. Certes, nous étions endettés et on arrivait même pas à finir les fins de mois convenablement, mais cela avait toujours été ainsi. Je me décidais finalement à donner mon avis, bien que personne ne me l'ai demandé :

— Tu sais Stephen, tu devrais ralentir sur la clope, tu vas finir par avoir un cancer.

Il leva la tête du capot sur lequel il était jusque-là penché pour changer une durite percée. Mon oncle me fixa avec une sorte de rancune, de colère, ou bien de stress. À vrai dire, j'avais toujours été mauvaise en devinette sentimentale. Comme je pouvais m'y attendre, il prit une grosse bouffée d'air toxique pour finir la cigarette, tout en me fixant droit dans les yeux. Il finit par laisser tomber le mégot à ses pieds avant de l'écraser avec ses chaussures de sécurité usées. Le mégot en question rejoignit ses semblables, consumées par la préoccupation de mon oncle.

Stephen était le seul membre de ma famille, il m'avait accueilli peu après ma naissance, il y a de ça près de vingt ans. Pour cette raison, je pensais bien être la personne du Cube qui connaissait le mieux Stephen. Par conséquent, lorsqu'il fumait trop, c'était qu'il était contrarié, et je devais bien admettre que c'était la plupart du temps de ma faute. Consciente que cette fois-ci ne ferait pas exception, je soupirais avant de déclencher une tornade :

— Bon, qu'est-ce que j'ai encore fait qui te contrarie tant ? J'ai laissé un fond de lait dans la bouteille ? Je n'ai pas ramassé mes cheveux dans la douche ? Est-ce que...

— Oh je t'en prie Victoire, arrête ton cirque ! Tu sais très bien ce qui me met en rogne, dit-il en regardant machinalement l'heure sur sa montre digitale.

— Quoi, ce que j'ai dit à toi et aux autres ?

— Parce qu'en plus tu es allée raconter tes idioties à tout le quartier ? maugréait mon oncle.

LE CUBE  tome 1 : FlammeWhere stories live. Discover now