Eleonor adressa à Dania un sourire reconnaissant. « Merci beaucoup, Dania, c'est parfait. » À côté d'elle, Simon offrit un hochement de tête et un « Merci, Dania » sincère, son appréciation dépourvue de toute arrière-pensée apparente. Revenant à Eleonor, il entrelaça de nouveau ses doigts avec les siens, un geste d'amour devenu presque une seconde nature pour eux. Leur intimité était palpable, un doux tableau d'amour et de complicité qui aurait fait fondre le cœur de quiconque y assistait.

« Tu devrais finir ton petit-déjeuner, te préparer, et ensuite, on pourra partir, » suggéra Simon, ses lèvres effleurant doucement les doigts d'Eleonor qu'il tenait dans sa main, dans un geste tendre et attentionné « et aussi, n'oublies pas tes pilules ». « Où allons-nous ? Je dois savoir comment m'habiller, » demanda Eleonor, un brin de curiosité dans la voix et balayant d'un revers de main sa dernière phrase. « Pas de talons aujourd'hui, mais à part ça, habille-toi comme tu le sens. Tout te va à merveille, de toute façon, » répondit Simon avec un sourire rassurant, son admiration pour elle, évidente dans ses yeux. C'était une affirmation sincère, teintée de cette affection qu'il ressentait à chaque fois qu'il la regardait. « C'est adorable, mais je parlais plus de savoir si je dois opter pour quelque chose de décontracté ou un peu plus habillé, » précisa Eleonor avec un sourire, cherchant à deviner la nature de leur escapade pour choisir sa tenue en conséquence. Simon captura le regard d'Eleonor, son sourire se teintant d'une douceur rassurante. « Opte pour quelque chose de confortable. Je veux que tu te sentes à l'aise. » dit-il, laissant transparaître dans ses yeux tout l'amour qu'il lui portait.

Alors qu'Eleonor se laissait bercer par le rituel matinal de son petit-déjeuner, mêlant la douceur des flocons d'avoine à l'arôme réconfortant de son café, son regard était irrésistiblement attiré vers Simon. Chaque observation lui offrait une révélation, comme si son amour redécouvrait sans cesse les multiples facettes de l'homme qu'elle considérait comme l'amour de sa vie. Un sourire tendre et plein d'admiration se dessinait sur ses lèvres chaque fois que Simon, absorbé dans sa lecture, semblait s'évader du monde. Son profil, marqué par un nez finement sculpté, témoignait de l'élégance innée des Hofmann, une lignée d'hommes dont la beauté n'avait d'égale que leur renom. Ses yeux bleus, profonds et envoûtants, brillaient d'une intelligence vive, capturant la lumière d'une façon qui ne pouvait que fasciner Eleonor. Ses cheveux, d'un blond vénitien éclatant, encadraient son visage avec une prestance naturelle, signe indéniable du charisme qui courait dans sa famille. Pour Eleonor, Simon incarnait non seulement l'idéal de beauté des Hofmann mais il était aussi, et surtout, l'incarnation de son amour véritable, un sentiment si profond et si puissant qu'il définissait son existence même.

Sa curiosité, prenant le dessus sur son admiration silencieuse, interrompit doucement le moment. « Qu'est-ce que tu lis ? » s'enquit-elle, la voix teintée d'une douceur qui se voulait discrète. Simon leva les yeux de sa tablette, un sourire se dessinant sur son visage en réponse à l'intérêt d'Eleonor. « Rien de bien passionnant, juste quelques actualités par-ci par-là, » répondit-il, minimisant son engagement dans sa lecture. Son ton léger et son choix de mots soigneusement neutres laissaient peu de place à la curiosité, enveloppant le contenu réel de sa lecture dans une brume de mystère subtil.

« On partira dans 45 minutes, ça te convient ? Je t'attendrai dans le salon, » ajouta-t-il, laissant transparaître dans sa proposition une anticipation tendre pour la suite de leur journée. Il reposa sa tablette, comme pour clore le sujet. Sa main glissa doucement hors de celle d'Eleonor. Ce détachement semblait presque réticent, comme si chaque contact avec elle était précieux, une connexion qu'il hésitait à rompre, même pour l'espace d'un instant.

Il se leva ensuite, lançant un regard en arrière, capturant une dernière fois son visage dans un geste qui semblait chercher à emporter son image avec lui. « Je serai juste là, » murmura-t-il, un dernier fil de connexion avant de s'éloigner.

Dans ce silence qui s'installa après son départ, le regard d'Eleonor le suivit, chargé d'une affection non dite. C'était dans ces moments, où les mots se faisaient rares mais les gestes parlaient, qu'une complexité émotionnelle plus profonde transparaissait. La manière dont Simon avait regardé Eleonor, un mélange de tendresse et d'une intensité presque voilée, pouvait faire naître des interrogations. Un observateur extérieur aurait perçu, dans cet échange silencieux, des couches d'émotion bien plus denses et mystérieuses. Simon, avec son regard profond et cette façon presque mélancolique de sourire, insufflait à l'air même une tension subtile. C'était là, dans ces interactions teintées de normalité, que se dissimulait la dualité de leur amour, incroyablement doux, tout en étant frôlé par l'ombre d'une réalité inexprimée, laissant entrevoir la complexité de sentiments bien plus grands que ce que les apparences pouvaient révéler.

***

Alors qu'Eleonor se préparait pour la journée, un air distrait, perdue dans ses pensées sur la surprise que Simon lui avait réservée, son regard se posa sur sa boîte à bijoux en bois soigneusement posée sur sa coiffeuse. La boîte était gravée du sceau de la famille Hofmann, un emblème reconnu de noblesse et de prestige. Le prestige d'une famille dont l'histoire, riche et influente en Suisse, traversait cinq générations d'entrepreneurs, politiciens et mécènes.

La saga des Hofmann avait débuté avec l'arrière-arrière-grand-père de Simon, fondateur de l'empire horloger qui avait élevé la famille au rang de légende dans le luxe. Ce patriarche visionnaire avait transmis sa passion et son ambition à travers les générations, chaque descendant apportant sa pierre à l'édifice familial. Son fils avait consolidé cette fortune, étendant leur influence au-delà des frontières helvétiques.

La troisième génération, marquée par le grand-père de Simon, avait diversifié les investissements de la famille dans l'art et la politique, tandis que le père de Simon, avec ses frères, avait renforcé l'empreinte des Hofmann dans l'industrie et la philanthropie. De père en fils, la voie avait rencontré leur pas. Simon et ses trois frères, élevés dans cet environnement de haute exigence, avaient chacun embrassé une carrière reflétant à la fois leur héritage familial et leurs passions personnelles. L'aîné, Alexander, s'était orienté vers la politique avec pour aspiration de porter le flambeau de la famille dans les arènes internationales. Le second, Christophe, avait repris les rênes de l'empire horloger afin d'y insuffler du renouveau tout en préservant l'artisanat traditionnel. Quant au plus jeune des frères, Léonard, il s'était établi comme un philanthrope, dirigeant la fondation familiale vers des initiatives soutenant l'éducation dans les pays en voie de développement ainsi que la culture.

Simon, son tendre et cher, l'avant-dernier frère, avait choisi un chemin différent, fusionnant son amour pour l'aventure et son sens aigu des affaires pour créer une entreprise de tourisme de luxe, afin d'offrir une expérience unique aux clients les plus exigeants du monde. Ce qui, au grand désarroi d'Eleonor, le poussait à souvent s'absenter du foyer, que ce soit en parcourant la Suisse ou le monde.

Chaque frère, dans son domaine, reflétait une facette du diamant Hofmann, brillant de son éclat particulier tout en contribuant à la légende familiale.

Elle termina d'appliquer les dernières touches à son maquillage et attacha ses cheveux d'un geste précis. Eleonor lança un regard final vers la boîte à bijoux ornée du sceau Hofmann. Elle, qui connaissait à peine sa propre ascendance, se retrouvait entrelacée avec une histoire séculaire. Son père restait une ombre du passé, sa mère et ses grands-parents maternels constituant l'ensemble de son héritage familial. Tout ça contrastait avec les racines profondes de Simon. Pourtant cette différence n'altérait en rien son sentiment d'appartenance. Elle était désormais une Hofmann, liée par le cœur plutôt que par le sang.

Détachant son regard de la boîte, elle se dirigea vers Simon, portant en elle la complexité de leur union et la richesse de leur monde partagé, prête à embrasser les imprévus, aussi sombres ou lumineux qu'ils puissent être. Tant qu'il était à ses côtés.

J'ai été assassinéeWhere stories live. Discover now