6. Eden (2)

Depuis le début
                                    

Il ricane, mais semble douter. Puis il fait une moue adorable – et j'ai du mal à réaliser que je pense réellement ce mot.

— Cette soirée n'aura jamais existé Princesse. Je nierai tout en bloc. Demain, on reprend comme avant, OK ? Et c'est uniquement parce que je n'ai jamais supporté de voir une fille pleurer. T'es fragile ce soir, et moi, trop faible.

J'éclate de rire, et ce petit jeu me sort de ma morosité. Cameron me rend mon sourire en s'installant à son tour dans le canapé, tourné vers moi.

— Je commence : c'est quoi toutes les romances dans ta chambre ? Si ton mec n'assurait pas, tu aurais dû le larguer il y a longtemps !

Je lui balance mon point dans l'épaule et soupire, faussement agacée.

— C'est quoi cette remarque complètement clichée et déplacée sur les lectrices de romance. J'hallucine ! Faut sortir de tes préjugés Cameron ! Je suis amoureuse de l'amour, j'adore lire des histoires d'amour impossible, mais qui finissent bien.

— Tout un paradoxe, souffle-t-il.

— Et puis, tu n'imagines pas tout ce qu'on peut apprendre..., lançé-je, mutine.

Le jeune homme ouvre la bouche. Un ange passe sans qu'il la referme. Mes lèvres se retroussent, et je parviens même à ne pas rougir devant son regard qui dévoile toutes les pensées lubriques qui passent sans en douter par sa tête.

— À moi...

Je fais mine de réfléchir, mais ce soir, j'ai besoin qu'on reste sur cette dynamique : du léger, du bon enfant, j'ai besoin d'évacuer la pression sans trop réfléchir.

— Ta première petite amie ?

Je ne peux m'empêcher de rire devant sa tête horrifiée.

— On en est là, sérieusement ? C'est peut-être le signe qu'il est grand temps que je parte...

Mon rire s'arrête instantanément. Je me sens vulnérable, à fleur de peau, entre rires et larmes.

— Je n'ai pas envie d'être seule.

Le regard de Cameron s'assombrit, semble sonder les profondeurs enfouies au fin fond de mon esprit, puis il hoche la tête et il s'avachit dans le canapé.

— OK, petite amie petite amie ? ou..., me demande-t-il, un sourire angélique accroché à ses lèvres.

— Tu es lourd Cameron ! Premier baiser, ça te va ?

— OK. Penny. Elle avait de beaux yeux bleus, et me donnait toujours ses gâteaux. Et quand tu as six ans, ça veut dire que c'est pour la vie... ou jusqu'à ce que Penny déménage dans la ville d'à côté ... À mon tour... les dessins ?

— Tu n'es vraiment pas drôle Cameron Williams !

— Qui a dit que la vie devait être drôle ? lâche-t-il en répétant les paroles que j'ai prononcées un peu plus tôt.

— Qu'est ce que tu veux savoir ?

— Aucune idée ! Il est tard et je suis naze. Dis-moi juste ce que tu as envie de me dire.

Il reprend son sérieux et je ne sens aucun sarcasme émaner de son regard, il est animé d'un intérêt qui me semble non feint. Il me met en confiance. Ce soir, il est à l'opposé de ce qu'il m'a montré jusqu'alors, à tel point que j'oublie qu'il se montre insupportable la plupart du temps.

— D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours tenu un crayon ou un pinceau entre les doigts. Petite, je dessinais chaque émotion vécue, mon père me disait qu'il lui suffisait de jeter un œil au dessin du jour pour deviner comment la journée s'était déroulée.

Le rôle de ma vie...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant