Chapitre 48 - Dans la peau d'un autre

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Je suppose que Sayan a dû être sollicité pour me retrouver, car il nous attend à l'extérieur du barnum. Il se précipite vers Mei et moi, nous sent, observe nos iris et soupire.

— Elles ont besoin d'un petit remontant, surtout Lily.

— L'autre ne vient pas, ni toi d'ailleurs.

— Essaye de m'en empêcher et tu comprendras à quel point je suis lié à ces deux femmes.

Son ton est calme, mais ferme. J'y vois une menace, malgré mon état lamentable. Nul doute que le quatuor en a pris conscience, car ils se tendent, mais n'empêchent pas mon ami de se joindre à nous. Il attrape mon deuxième bras et me glisse à l'oreille.

— Il y a un pilote de vaisseau à hélices qui propose de nous emmener sur place. Il dit qu'il a hâte de te rencontrer.

— Ah, ouais...

— Mais avant, tu vas boire de l'eau énergisante et sucer une pastille pour la vivacité cérébrale.

— Tu me trouves cérébralement molle ? Dois-je me sentir insulter, Sayan ?

— Non. Je sais que tu n'as pas dormi cette nuit. Et cette odeur que tu portes sur tes vêtements... disons que ça ne doit pas arranger les choses. C'est très intéressant.

Je lui adresse un maigre sourire. Il a raison, je ressemble davantage à un zombie qu'à une femme sur le point de négocier la survie de sa planète. Sayan retourne sur Cassy-7 pour aller me chercher sa potion magique tandis que Mei et moi rejoignons un gradé terrien posant fièrement devant un hélicoptère. Sa peau sombre fait ressortir la blancheur de son large sourire, et je devine son identité.

— Colonel Amada ? demandé-je.

— Kalidjatou Amada, en personne. Voici donc notre docteur joli cœur ?

J'ai envie de lui coller une droite. Vite, de l'eau magique ! Ma patience reviendra peut-être en même temps que mon énergie.

— Je vois que vous êtes parvenus à lâcher vos bombes sans vous faire descendre, vous souhaitez que je vous félicite ? lui lancé-je avec sarcasme.

— Tu peux, mon petit, je suis un as !

— Oh pitié, c'est vous qui allez nous conduire sur place ?

— Vous savez si Sam Clarson est entrée dans Cassy-1, nous coupe Mei avec fébrilité. Elle vient de Faraday-23, à Alger.

— Hey, poupée ! Tu crois que tous les Africains se connaissent ? Je ne te demande pas où est passé Samo Lo, moi !

— Qui ça ? demande notre accompagnateur en voyant l'expression choquée de Mei.

— Ces mecs ne comprennent vraiment rien à l'humour, rit le colonel.

Sayan revient rapidement avec une bouteille transparente. Je bois plusieurs gorgées avant de la tendre à Mei, interrompant son flot de reproches et de jurons à l'encontre du Colonel Amada. Je prends la pastille censée mettre ma cervelle sous stéroïdes, puis nous nous installons dans l'hélico. Je m'endors instantanément, sans même l'avoir vu venir. Quand je rouvre les yeux, nous sommes arrivés, ce qui signifie que seulement quinze minutes se sont écoulées, tout au plus. Pourtant, j'ai l'impression d'avoir fait une nuit complète. Je m'étire et me détache illico. Je trépigne d'impatience à l'idée de revoir Kalen. Mei se réveille également. Si ses cernes ont bien diminué, son teint reste livide et ses lèvres pincées. Elle ne dit rien. Sam. Elle pense à elle comme moi je pense à Kalen, à la différence que je sais que je vais le retrouver dans quelques minutes. Je saisis la main de mon amie et dépose un baiser sur sa joue.

Corps étrangers [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant