Chapitre 42 - Reculer pour mieux sauter

Ξεκινήστε από την αρχή
                                    

— Nous ne sommes clairement pas assez nombreux, déclare un autre commandant que je n'avais jamais vu auparavant. Et sans vouloir offenser Ranissa, les rebelles sont composés essentiellement de Scalts, et pour beaucoup des femelles plus faibles et non entraînées.

Une chaise bascule en arrière dans un bruit retentissant et je vois la cheffe des rebelles se jeter sur le selcyn. En quelques secondes, elle le retourne et lui fait une clé de bras. Puis elle le met à terre et l'immobilise complètement.

— L'offense est pardonnée, mon cher Trys, lui dit-elle. Mais il faut que tu comprennes qu'il va falloir compter sur les femmes maintenant, que ça te plaise ou non.

— Inutile de te donner en spectacle, grommelle le dénommé Trys. Je crois que tout le monde a compris le sens de tes propos.

Ranissa se relève habilement et retourne à sa place. Waouh, je suis admirative. Kalen surprend mon sourire et me le rend. Lui aussi a apprécié cette petite mise au point. Les discussions reprennent comme s'il ne s'était rien passé.

Les débats se prolongent, mais mon esprit glisse ailleurs. Je pense à Mei, restée près des blessés. Je sais que je dois avoir une sérieuse discussion avec elle. Depuis notre retour sur Cassy-7, j'ai été suffisamment occupée pour retarder l'échéance, mais je ne peux pas la repousser éternellement. Je suis à la fois impatiente et effrayée à cette idée. Rien n'excuse mon comportement. Ni la peur ni la fatigue.

Les selcyns parlent à présent à moitié dans leur langue, et mon estomac se met à gargouiller. Kalen m'autorise d'un signe de tête à quitter la pièce, et je ne me fais pas prier. Je jette un dernier regard à son bras en écharpe. Je remarque que mon compagnon recommence à l'utiliser sans grimacer. Ses incroyables capacités de guérison font une fois de plus des miracles. Je le savais, mais j'ai quand même pris le temps de le soigner comme s'il était humain, me servant de ses blessures comme d'un prétexte pour passer du temps avec lui. Il ne m'a adressé aucun reproche, à mon plus grand étonnement. Il s'est contenté de me raconter son crash et sa nuit sans se perdre dans les détails. Il a surtout voulu savoir comment j'avais réussi à venir jusqu'à lui. Je lui ai expliqué en pleurant comment j'avais appris sa disparition. Sans aucune gêne, il n'a pas contenu ses propres larmes, les laissant se déverser sur ses joues mal rasées sans chercher à les essuyer ou les justifier. Nous sommes au-delà de ça. Nous avons fini dans les bras l'un de l'autre, silencieux. Puis nous sommes allés auprès de Jofen qui n'a manifestement pas les facilités de son frère pour se régénérer. Sa jambe est toujours en charpie, mais il garde le moral. Surtout avec le retour de Kalen et de son cher Sayan.

Mon ventre gargouille à nouveau. Depuis combien de temps je n'ai rien avalé ? Je me rappelle vaguement d'avoir croqué dans un gjustre juste avant que nous atterrissions, mais c'était il y a plusieurs heures. Un coup d'œil à l'horloge universelle m'indique qu'il est plus de vingt-deux heures. La nuit est tombée à l'extérieur. Je rejoins les hangars. Toutes les couchettes sont occupées. Quelques Scinas continuent de patrouiller pour dispenser des soins ou faire des transferts vers un des trois flasters installés à proximité. J'aperçois Jofen en train de dormir. Et à ses côtés, Mei se tient debout, droite comme un i. Son débardeur gris est taché de terre et de sang, tout comme son pantalon large initialement marron-ocre. Je baisse les yeux et constate que mes propres vêtements ne sont pas en meilleur état. Je sens la transpiration et la forêt. L'envie de trouver une douche (et de nouveaux sous-vêtements) se cale dans un coin de mon esprit, mais ce n'est pas ma priorité.

Je m'immobilise à quelques mètres, submergée par la honte. Je cherche les mots adéquats, mais mon esprit est confus. C'est alors que ma meilleure amie relève la tête et m'aperçoit. Contre toute attente, elle me sourit. Un sourire doux, reconnaissant. C'est trop pour moi, je me remets à pleurer bruyamment. Mei rit doucement et me rejoint en gardant une distance prudente.

Corps étrangers [TERMINÉ] Όπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα