Lettre n°02

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Cher Inconnu des ombres,

Votre lettre est parvenue jusqu'à moi, portée par le vent, cachée sous l'écorce d'un chêne ancien. Jamais je n'aurais pensé que mes mots, jetés dans l'obscurité de l'encre, trouveraient un écho, surtout pas dans le cœur d'un être qui habite la nuit, semblable à un fantôme dans un monde qui n'est pas le sien.

Je vis dans un sanctuaire de verdure et de vie, où le chant des ruisseaux et le murmure des arbres comblent mes journées. La nature est ma compagne, ma protectrice, et en elle, je trouve refuge et réconfort. Mais, comme vous, je suis marquée par une solitude que même la plus douce des mélodies ne peut apaiser. Vos mots ont résonné en moi, comme les chuchotements des feuilles d'automne portées par la brise.

Je ne connais pas les contours de votre malédiction, ni les ombres qui dansent dans votre monde de pierre et de silence. Mais je sens dans votre écriture une douleur et une profondeur qui me sont familières. La lune, notre témoin éternel, nous unit de manière inattendue. Sous son regard pâle, je me sens moins seule, malgré la distance infinie qui semble nous séparer.

Dans la forêt où je réside, l'automne est une période de transformation. Les feuilles revêtent des couleurs de feu, dansant une dernière fois avant que l'hiver ne les emporte. Il y a une beauté tragique dans cette fin annoncée, un rappel que tout dans ce monde est éphémère. Peut-être est-ce là que nous nous rencontrons, vous et moi, dans cet espace entre le changement et l'éternité.

Je vous envoie cette réponse avec une hésitation mêlée d'espoir. Les mots sont les seuls ponts que nous pouvons construire, fragiles et incertains, mais réels. Je vous confie ce morceau de mon monde, avec ses couleurs, ses lumières et ses ombres. Peut-être trouverez-vous dans mes mots un refuge, comme j'ai trouvé dans les vôtres une lueur inattendue.

Avec une curiosité teintée de prudence,

Aria

Dans le miroir de l'autreWhere stories live. Discover now