Bleu

3-Peur

Ian:

Le temps semble s'être arrêté dans la salle. Je risque un mouvement pour m'assurer qu'elle va bien, mais Justin me prend par le bras pour m'en empêcher.
-On monte, dit-il.

Je suis tout embrouillé, je n'arrive plus à suivre ce qu'il se passe. Suis-je encore dans un rêve? Je suis complètement perdu. Justin m'entraîne à l'étage et je n'oppose aucune résistance. Je regarde autour de moi sans vraiment bien voir. Tout est flou, je crois que je perds la tête.

C'est impossible. Marion ne peut pas s'être transformée. J'ai dû m'endormir et je rêve. Voilà, c'est ça, je rêve.

Justin ouvre la porte de la chambre et me pousse dedans, pour ensuite refermer la porte derrière lui.
-Écoute j'ai déjà vu ça.
-Quoi? Je suis paumé et je crois qu'il s'en rend compte parce qu'il prend le temps de bien m'expliquer lentement. Il reprend:
-C'est ça la Maladie. J'ai déménagé à cause d'elle. J'habitais dans le sud, près de Perpignan, et l'épidémie a commencé à se propager chez moi. On est parti avant de se faire contaminer. Je n'ai vu que cette phase là chez les contaminés. Je ne sais pas ce qu'il se passera après. Et c'est pour ça que nous devons partir. On va aller chez nous, nous enfermer et ne plus sortir.
-C'est pas possible.
-Quoi? C'est à lui d'être dans l'incompréhension.
-Tout ça n'est pas réellement arrivé. Marion ne s'est pas transformée. Je suis dans un rêve. Il s'énerve.
-Mais non ouvre les yeux! Tu n'es pas dans un rêve et tout le monde court un grave danger!

Il me secoue. Je sors enfin de mon état de transe et comprends que ce qu'il me dit est vrai. Il faut réagir.
-Allons chercher les filles alors, je dis.

Nous repartons donc. Justin s'arrête brusquement en bas des escaliers, et je manque de peu de foncer dans lui. Je regarde par dessus son épaule. Devant nous, il y a une dizaine de pompiers, courant et marchant en tout sens. Au centre, il y a Marion, toujours inconsciente, autout de laquelle 3 pompiers s'affairent.

Ils la posent sur un brancard et la transporte au dehors.

Tout le monde est sous le choc. Il n'y a plus de bruit, plus de musique, plus de gens qui dansent. L'ambiance est lourde et pesante. Je cherche Faustine et Maïa du regard, et les trouve assises dans un coin, pâles et complètement secouées.

On se dirige droit vers elle d'un pas rapide.
-Les filles il faut partir, je vous expliquerai en route, leur dit Justin, à moitié affolé.

Elles relèvent la tête. Elles ont l'air endormies, dans un état comme second. Il les presse, regarde autour de lui à chaque secondes, guettant la menace qui nous pèse, de plus en plus proche de nous, inquiétante, mystérieuse menace.

-Debout! S'énerve t-il.

Il les tire par les bras et elles finissent enfin par se lever. Je prends la main de Faustine, elle a l'air encore plus chamboulée que Maïa. Je me demande ce qu'il s'est passé pendant que nous étions à l'étage. Nous nous dirigeons d'un pas extrêmement rapide à la voiture de Maïa, et c'est Justin qui s'installe au volant. Je m'assis à côté de lui et nous entassons les filles sur la banquette arrière défoncée et délavée. Maïa évite de justesse une tâche plutôt suspecte et la voiture démarre.

Le paysage défile à une allure folle à travers la vitre, et je n'ose prononcer un mot. Je n'arrive même pas à me concentrer sur la route. Justin pourrait bien nous emmener dans un endroit inconnu pour nous enlever que je ne m'en rendrais pas compte.

-Nous allons chez moi. Mes parents savent quoi faire, nous serons en sécurité là bas, dit mon nouvel ami.
-Non. Nous devons aller chercher Nick, il est peut être en danger, objectais-je.