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Chapitre 1
Madeleine


-Mad, tu vas être en retard pour ton premier jour.

J'entends la voix de ma mère qui résonne depuis la cuisine. Celle-ci est mélangée à des bruits de cafetière, de micro-onde et de cuillère qui tape contre une tasse que les gens maltraitent quand ils sont pressés ou énervés. La bouilloire siffle et le ton paniqué de ma mère me font comprendre qu'elle l'a encore oublié.
Je reste allongé encore un peu dans mon lit, en regardant autour de moi, je constate à mon grand désarroi que je n'ai toujours pas avancé dans mes cartons. Ma chambre est totalement vide, les murs sont d'un blanc assez sale et abîmé, rien ne montre que c'est la chambre d'une fille de mon âge, hormis quelques petits cadres que j'ai accroché histoire de l'habiller un peu et de me sentir moins seule. Des photos avec mes parents et une autre avec mon ancienne meilleure amie, Marine.
Ces moments avec eux me manquent tellement...

Madeleine et sa mère, Françoise, ont déménagé il y a quelques jours chez la tante de celle-ci, lorsque cette dernière fut mutée pour son travail. Elle est architecte d'intérieur et a été envoyée ici pour un gros projet.
Elles n'avaient pas le choix que d'accepter, le salaire unique de Françoise ne leur permettait plus de continuer à vivre dans leur ancienne maison qui était devenue trop chère. Après la mort de son mari, elle avait commencé à crouler sous les dettes. Par chance et grâce aux liens forts qu'elle a avec avec sa belle-mère, elles ont pu s'entraider jusqu'à ce qu'elle arrive ici avec sa fille. Elle a pu réussir à trouver des projets importants qui ont pu les sortir de leurs problèmes.

Ça n'a pas été facile de tout quitter, je n'avais pas énormément d'ami(e)s dans mon ancienne école, mais j'avais Marine, même s'il n'y avait pas vraiment de raison pour qu'elle soit là avec moi. Mais finalement, elle a tout fait pour être amie avec moi, on était à côté en classe, à la cantine, les week-ends, tout le temps.
On allait souvent prendre un truc à manger après les cours dans la supérette à côté.
Elle a été la seule à être là pour moi quand j'avais des soucis. On partageait nos joies et nos malheurs. Ma mère l'aimait beaucoup.

On a toujours été soudé jusqu'à ce qu'elle ait déménagé. Ses parents se sont disputés avec leur famille et ils avaient décidé de partir. Ça nous avait arraché le cœur, mais au fond je savais qu'elle allait se faire d'autres ami(e)s, c'est inné chez elle. Son sourire donne envie de se rapprocher d'elle.

-Madeleine !!
Le haussement de sa voix se fait entendre, j'en arrive rapidement à conclure qu'elle commence à perdre patience.
-Oui maman, j'arrive ! répondis-je en soupirant. J'arrive...
Je trouve enfin la force surhumaine de m'asseoir et une motivation gargantuesque de la rejoindre. Je récupère mes pantoufles en m'étirant et en me laissant glisser le long de mon lit.
Je n'ai aucune envie d'y aller, j'ai une boule au ventre rien qu'à penser que je vais être nouvelle et seule dans un endroit où je ne connais personne.
En rejoignant enfin ma mère et en traînant des pieds, j'ai presque failli me casser la gueule en oubliant d'enjamber le reste des cartons non rangés.
-Aïe...
-Attenti... soupire ma mère, bonjour ma chérie, alors, pas trop anxieuse pour cette rentrée ? dit-elle en poussant ses affaires de la chaise où je m'assois.
Je sais que ce n'est pas facile d'arriver au milieu d'une année, et comme je ne travaille pas aujourd'hui, que je ne commence que demain, je peux donc t'accompagner pour la visite avant ta première journée officielle demain.
Elle me tend une tasse de cappuccino, à la vanille bien sûr, avec une brioche qui sort du four. C'est sa spécialité.

C'est maminou qui lui a appris quand elle n'était plus capable d'en faire, j'en faisais avec elles quand j'étais petite, le résultat de ma mère n'était jamais comme le modèle mais on a passé un bon moment. Elle vit dans une petite maison dans la campagne, mes brioches étaient bonnes aussi, mais, différentes de celle de ma grand-mère.
Ces souvenirs me font du bien autant qu'ils me font mal, maintenant qu'elle est loin et qu'on ne se verra plus beaucoup.. Heureusement qu'on s'appelle souvent.
-Bien sûr, ça me ferait plaisir que tu sois là, répondis-je avec la bouche pleine et un regard rêveur.

DisappearedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant