Chapitre 2

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Emmanuel, secoué par les émotions suscitées par la cérémonie en hommage à Robert Badinter, cherche du regard un soutien. Sa femme, Brigitte, se rapproche de lui et prend sa main, l'invitant à s'exprimer sur ses inquiétudes et sentiments. Il lui fait part de son engourdissement émotionnel, ce ressentis sourd, qui le faisait suffoquer. Receptive aux paroles de son époux, elle lui conseille de se changer les idées. La vision d'un diner lui vint alors, un repas parmi ses proches ne pouvant lui faire que du bien. Ils invitèrent leurs amis, de la sphère politique comme extérieure, dont le nouveau premier ministre.

Le soir même, ce beau petit monde se rassemblait autour de la table à manger de la rue du Faubourg Saint Honoré. Les discussions fusaient, au même rythme que la nourriture et des regards entrecroisés. Dû à la cérémonie matinale qui avait affectée une grande partie des français, le thème de la mort s'invitait à table assez naturellement. Gabriel, partageant volontiers des anecdotes sur sa vie personnelle, évoqua le chien qu'il avait lorsqu'il était petit, afin de détendre l'atmosphère. Plutôt âgé, il mourut le jour des 10 ans de Gaby, le laissant traumatisé une bonne partie de son enfance. Depuis, même s'il adorait les animaux, il n'osait pas adopter un nouveau canidé, de peur de mal s'en occuper.

Cette information ne tomba pas dans une oreille sourde, le Président écoutant attentivement dès que le jeune Premier Ministre s'exprimait.



Quelques jours plus tard, alors qu'une motion de censure était déposée par le parlementaire Boris Vallaut, conformément à l'article 49 alinéa 2 de la Constitution du 4 octobre 1958, Gabriel Attal reçu une notification qui attira son attention. En voyant son contenu, une joie mêlée de surprise le submergeait : un chow chow du nom de Volta venait d'être accueilli à Matignon, afin de célébrer sa nomination récente. Il le partage alors spontanément aux ministres à côté de lui. Rachida Dati, au courant de tous les potins de la sphère politique, lui glisse l'auteur de la surprise. Gabriel sourit, les joues teintées d'un rose discret, témoignant du plaisir que lui procurait cette attention si particulière de la part de la première tête de l'exécutif français.

Cependant, la légèreté pris fin assez rapidement, lorsque les médias partagèrent massivement les clichés du Premier Ministre, inattentif lors d'un moment aussi crucial pour son début de mandat : la première motion de censure déposée contre son gouvernement. L'opposition s'indignaient du désintérêt manifeste que portait le Premier Ministre face à l'utilisation d'un contre pouvoir indispensable au régime parlementaire rationalisé français. Les critiques déferlaient, ce qui n'aurait pourtant pas dû toucher le jeune Gabriel, habitué aux commentaires dénigrants à son égard. S'il avait été harcelé sur son physique et son orientation sexuelle dans sa jeunesse, il s'inquiétait cette fois-ci du regard qu'allait porter ses proches, et surtout de celui qu'il estimait tant.


Souhaitant rendre visite à Volta à l'hôtel de Matignon, Emmanuel retrouva son collaborateur, sourcils froncés sur le canapé. Il l'interrogea, étonné de le voir contrarié de la sorte alors qu'il préparait cette surprise depuis quelques jours. Voyant son regard hésitant, il lui suggéra aussitôt de marcher dans les jardins, proposition acceptée avec scrupule par Gabriel.

La discussion se faisant brève et peu engouante, le Président aborda le thème tant redouté par son ami. Il lui demanda d'abord s'il avait rencontré la nouvelle arrivante, redessinant un sourire sur les lèvres de Gabriel. Ce dernier s'empressa de remercier celui qui marchait à ses côtés, en n'omettant pas la surprise et la joie que lui avait suscité cette attention. Le Président, étonné, se demandait qui avait pu lui révéler qu'il était le cerveau derrière cette opération. Il avoua détenir l'information de la ministre de la Culture, ce qui fût souffler doucement le Président modeste. Gabriel le remercia de nouveau chaleureusement, ayant mis de côté la contrariété précédente.

Emmanuel, le voyant plus rayonnant qu'avant, réitéra sa première question. Le Premier Ministre lui fit part du trouble dont il était emprunt, face aux premières attaques qu'il subissait, pour quelque chose de pourtant assez futile. Le Président le rassura sur le fait que ce brouhahaha médiatique, n'engageait en aucun cas sa responsabilité politique, même si les agissements délictueux ont eu lieu au sein de l'hémicycle. En effet, énoncée à l'article 20 alinéa 3, la sanction de démission ne pouvait avoir lieu que si la défiance des parlementaires était exprimée conformément aux procédures énoncées aux articles 49 et 50 de la Constitution.

Mais Gabriel n'avait pas peur de se faire destituer par l'Assemblée, autrefois si puissante sous la IIIe et IVe République. Il était plutôt troublé par la réaction négative qu'aurait pu avoir l'arbitre du jeu institutionnel. Mais comme cela ne semblait pas être le cas, il dégusta ce moment privilégié avec Emmanuel.

Relations de pouvoir (gaby x manu)Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon