Chapitre 1

599 16 6
                                    

Ça y est, après toutes ces années d'acharnement, de connexions politiques et d'apparitions sur les médias, le jeune et ambitieux Gabriel Attal foule les graviers de Matignon. Ce nouveau poste, prestigieux mais lourd de responsabilités, était tout ce qu'il avait travaillé pour. À seulement 34 ans, il se tient prêt à assumer le rôle de Premier Ministre.

Se dirigeant vers le bureau principal, où il doit rencontrer le Président de la République ainsi que l'actuelle Première Ministre Élisabeth Borne, il réajuste frénétiquement sa veste. Prenant une profonde respiration, il reprend le contrôle sur ses émotions et son language corporel, ses 10 ans de théâtre ne pouvant le trahir à un moment aussi critique.

Il entre enfin dans la pièce, et pose immédiatement les yeux de son -presque- mentor, Emmanuel Macron. Son regard fier et bienveillant le calme instantanément, avant d'esquisser un sourire cordial. Ils s'échangent quelques banalités avant de s'installer convenablement. Après tout, ils n'étaient pas ici pour prendre le thé, mais bien pour discuter de la passation des pouvoirs et ses aspects pratiques.


À la fin de leur échange plutôt formel, un sentiment de fierté envahissait le jeune politique, au point où il ne pouvait plus respirer correctement. Cela n'échappera pas à l'oeil aiguisé du Président, qui posa une main énergique sur l'épaule du prochain Premier Ministre. Il le rassura et lui fit part de l'entière confiance qu'il lui portait, ainsi que son admiration pour son ascension politique. C'était lui après tout, qui l'avait choisi et nommé librement à ce poste, conformément à l'article 8 alinéa 1 de la Constitution. Emmanuel Macron, en le choisissant seul et sans la pression d'un contreseing ministériel, avait pleinement exercé son pouvoir discrétionnaire, énoncé à l'article 19, en adéquation avec son rôle de président, arbitre du jeu institutionnel, affirmé cette fois-ci à l'article 5. Même si cette liberté était conditionnée sur le plan politique, puisqu'il lui fallait choisir un Premier Ministre selon la composition partisane de l'Assemblée Nationale, il l'avait choisi lui. Le Président avait tout anticipé. Il ne souhaitait surtout pas mettre dans l'embarra l'homme qu'il voulait proche de lui, en exposant son gouvernement à un Parlement hostile, le rendant plus vulnérable aux motions de censure.

Le contact de la main sur son épaule, plutôt inattendu, eut l'effet d'un électrochoc pour Gabriel, dont le rythme cardiaque accélérait. Ce n'était pas la première fois qu'ils se côtoyaient et travaillaient ensemble. Mais cette fois-ci, quelque chose était différent. Les attentes et la pression étaient plus grandes, sa proximité avec Emmanuel, d'autant plus forte. Il n'entendait plus Élisabeth, qui avait pourtant tellement à lui apprendre. Il resta focalisé sur la poigne du Président, qui n'avait pas lâché son épaule.

Gabriel fût ramené à la réalité lorsqu'Emmanuel mit fin au contact et évoquait la horde de journalistes qui les attendaient dehors. Ils se préparèrent et se mirent en route pour la passation officielle qui allait avoir lieu devant le peuple français souverain.

Relations de pouvoir (gaby x manu)Where stories live. Discover now