Chapitre 1 - Aaron (fin septembre)

19 2 1
                                    

Je n'aime pas l'école.
Quand on y pense, cette phrase a quelque chose d'un peu bateau et cliché. N'importe quel enfant ou adolescent n'ayant pas terminé sa scolarité pourrait en dire de même. Personne n'aime travailler, si ?
Pour en revenir à nos moutons, il est vrai que, l'éducation, bien qu'elle soit considéré comme un droit, a tendance à se montrer particulièrement contraignante.
Chaque année, on nous impose un emploi du temps, avec différentes matières, des horaires précis, des devoirs à rendre, et ce, obligatoirement de notre petite enfance jusqu'à nos seize ans.
Au cours de toutes ces années d'enseignement, selon moi, il y a une période encore plus désagréable que les autres. Une période durant laquelle l'école peut facilement prendre la tournure d'un véritable calvaire.
Le collège.
À l'issus de l'école élémentaire, le collège prend la forme de 4 niveaux d'enseignements : 6ème, 5ème, 4ème et 3ème. Jusqu'ici, rien d'effrayant, je vous l'accorde. Quatre années, après tout, c'est pas si terrible que ça, sur la longueur.
Seulement voilà, depuis mon entrée en 4ème, j'ai l'impression de subir de plus en plus la mentalité collégienne, et je doute que ce sentiment ne me quitte avant la fin de ma 3ème.
J'ai beau avoir la même tranche d'âge que mes camarades, je n'ai pas l'impression d'avoir trouvé ma place dans cet environnement.
Là où je suis une personne discrète, les gens bien intégrés dans ma classe aiment se faire remarquer. Je déteste le jugement là où ils passent leur journée à en porter les uns sur les autres. Je n'ai pas l'impression d'avoir un besoin d'appartenance à un groupe, à une mode, ou quoi que se soit, et je vis très bien comme ça. Après tout, pourquoi chercher à tout prix à plaire à la majorité si c'est pour finir par se perdre soi-même par la suite ? C'est ridicule.

- Aaron, tu nous lis ta réponse  ?

La voix de ma professeure me fait brusquement redescendre sur terre, si bien que je sursaute. Je relève la tête et croise le regard de Léo, l'un des rares amis que je me suis fait dans ma classe. Il me regarde l'air de dire « t'es mal barré ».
Mes yeux remontent rapidement l'allée jusqu'aux yeux sévères de mon enseignante.

- Quelle question ?

Elle soupire et lève les yeux au ciel, l'air blasé. Je sens le regard des autres peser sur moi.

- La question 5.

Je baisse la tête sur mon cahier, en quête d'une réponse, quelque chose à dire, n'importe quoi. Mais la page est blanche, à l'exception de quelques petits dessins griffonnés un peu plus tôt au crayon de papier.

- J'ai oublié de la faire.

Elle hausse un sourcil, visiblement peu impressionnée. Le pire, c'est que je ne l'ai pas fait par mauvaise volonté, j'ai vraiment oublié de faire mon devoir.

- Donne moi ton carnet.
Je hausse les épaules et le lui tend.

- Ça vous arrive de faire les devoirs que je vous demande, dans cette classe ?

Lorsque je pense en avoir fini avec ma poisse à la fin de l'heure, le reste de la matinée ne s'arrange pas. Je rate un contrôle de français, casse une fiole lors d'une expérience en physique chimie puis j'arrive en retard à mon cours d'anglais avec pour seule et unique cause une envie pressante.

- T'es vraiment à l'ouest ce matin, commente Léo entre deux cours. Enfin, globalement c'est toujours un peu le cas, mais disons qu'il y a des jours comme ça où je trouve que ça ressort vachement.

Je hausse les épaules pour toute réponse. J'ai toujours été un peu plus rêveur que les autres - je le sais bien, mais parfois, cet aspect-là m'handicape un peu dans mon quotidien, et ça me pèse encore plus quand je vais en cours.
Ou lorsqu'on me le reproche tout le temps, par exemple.

Quand la sonnerie de la pause déjeuner retentit enfin, je range mes affaires et m'éclipse en un rien de temps. Je dévale les escaliers à vitesse grand V, traverse la cours de récréation d'un pas assuré, et finalement, je parviens au bâtiment scientifique. Je le contourne de sorte à me retrouver à l'arrière de l'établissement, et je rejoint ce fameux mur gris que j'avais repéré un peu plus tôt, hier dans l'après-midi. Il est terne et fade. Exactement comme je voulais.
Un bref coup d'œil autour de moi me confirme que je suis seul, alors je sors mon matériel et me lance. À mesure que mon pinceau court un peu partout sur le mur, j'oublie mes réflexions sur le collège, les cours longs et pénibles auxquels j'ai pu assister auparavant, l'environnement qui m'entoure en général. Bientôt, une explosion de couleurs chaudes contraste avec un bleu nuit étincelant. Un coucher de soleil. D'un revers de la main, j'essuie la sueur imaginaire de mon front et recule pour admirer mon chef-d'œuvre.

- Wow ! J'adore !

L'alliance créative Où les histoires vivent. Découvrez maintenant