Chapitre 24 - Mettre le feu aux poudres

91 14 24
                                    

25 août 2289 - Faraday-51, proche de Brasilia

Je n'ai pas entendu les autres revenir. Je me suis endormie comme une masse après avoir vibré contre le corps de Kalen. Deux fois. J'aurais voulu plus, car je ne suis jamais rassasiée de lui, mais j'étais épuisée. Je me réveille dans ses bras, sur un petit nuage. Des bruits de couverts m'informent de la présence de nos amis dans l'autre pièce. Je décide de les ignorer pour le moment. Je me tourne vers mon amant et admire ses traits apaisés par le sommeil. Je penche pour lui embrasser un œil et le sens tressaillir sous mes lèvres. Je renouvelle mon geste avec le deuxième et pose ma tête à quelques centimètres de son visage. Il ouvre les paupières et son regard attrape le mien. Dans ses iris noisette, je lis la force de ses sentiments et mon ventre se contracte d'émotion.

— Salut, soufflé-je.

— Salut, me répond-il sans me lâcher des yeux.

Nous restons quelques secondes ainsi. J'ose à peine respirer tant la tension entre nos deux corps est palpable. C'est lui qui craque en premier et qui s'empare de mes lèvres pour m'offrir un tendre baiser.

— J'aime me réveiller à tes côtés, Chaton.

— Pas autant que moi, mon amour.

Nous nous papouillons un moment. Ces instants de douceur sont ma bouée de sauvetage. Sa peau chaude sent... son odeur. Indescriptible, envoûtante. Je le repousse en arrière et me place à califourchon sur lui. Mes doigts viennent caresser son visage avant que ma bouche se décide à prendre le relais sur son cou et ses pectoraux.

— Lily...

La chaleur du désir envahit mon corps et mes lèvres redoublent d'entrain, remontant sur ses joues, son front, quand la porte s'ouvre brusquement. Je m'écarte vivement et saisis le drap pour couvrir mon corps nu. Mei débarque comme une tornade dans la chambre en feignant de se cacher le visage avec les mains (mais les doigts suffisamment écartés pour ne rien rater).

— Debout, les tourtereaux ! s'exclame-t-elle joyeusement. On change encore de maison ! Départ dans vingt minutes, petit déjeuner servi ! Vous avez le temps pour une turlute, mais pas plus !

Et elle repart aussi vite qu'elle est entrée en ayant la délicatesse de fermer derrière elle. Je l'entends tout de même crier :

— Jof' ! Tu me dois une bouteille de vin ! J'avais raison : ils étaient bien réveillés !

— Et l'intimité, vipère ! hurlé-je. Tu sais ce que ça veut dire ?

Je me tourne vers Kalen qui me regarde avec perplexité.

— C'est Mei, lui dis-je en souriant. On ne la changera pas ! Je n'arrive jamais à vraiment lui en vouloir.

— En effet, c'est un sacré caractère.

Je souffle en me rallongeant, les yeux fixés au plafond. Kalen se penche au-dessus de moi pour m'embrasser le front.

— C'est quoi une turlute ? fait la voix de Malyan de l'autre côté de la cloison.

— J'aimerais bien le savoir, chuchote mon amant.

J'éclate de rire.

Je suis secouée dans tous les sens dans cette fichue Jeep qui nous emmène à Papuda. Malyan semble sur le point de vomir sa brioche (et bien sûr, elle est assise à côté de moi) quand, enfin, un grand ensemble de bâtiments blancs au crépis à moitié décroché se devine. L'ancien centre pénitentiaire, deviné-je. Sur la gauche, à cent ou deux cents mètres de la prison, une tour surmontée d'antennes sort de terre au milieu de nulle part. Les étendues bitumées qui l'entourent m'indiquent que ce doit être la petite base aérienne dont le maréchal nous a parlé. Je regarde Sam. Elle semble de fâcheuse humeur ce matin, et il est évident qu'elle a esquivé tout contact avec Mei, allant jusqu'à courir pour ne pas être dans le même véhicule qu'elle. Je ne sais pas ce qui se passe entre mes deux amies, mais je me promets d'éclaircir tout ça rapidement. Je jette un œil à l'autre Jeep où Mei, cheveux au vent, ne perd rien du voyage. À ses côtés, Sayan et Jofen (ou Jof', apparemment) sont en grande discussion, tête contre épaule. Ces deux-là sont tellement mignons !

Corps étrangers [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant