Chapitre 7

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— Bonjour.

— Ah, Toru ! Ça ne te dérange pas d'aller chercher de l'eau au puits ?

La verte prit le seau avec un sourire et sortit de l'appartement.

Ça faisait un mois que Toru vivait avec eux.

Elle avait, au début, insisté pour trouver un travail afin de rembourser ses sauveurs mais Maki avait fermement refusé.

Puis Saeko avait proposé un compromis. Toru participerait aux tâches ménagères, ce qui permettrait aux deux autres femmes de la maisonnée de travailler plus. Ou, du moins, à la cadette de travailler et à Maki de se reposer, son ventre s'arrondissant un peu plus chaque jour.

En parlant de Saeko, celle-ci s'entendait bien avec l'aînée, son refus de l'accueillir au départ n'étant dû qu'à une inquiétude pour sa famille.

Deux fois par semaine, la jeune femme accompagnait Mashirao dans la forêt et cueillait les plantes, fruits et graines qu'elle incorporait aux repas.

Malgré tout, on n'apprend pas une langue du jour au lendemain et elle éprouvait encore quelques difficultés, ainsi qu'un accent - que Mashirao disait pourtant trouver "adorable", ce qui devait n'être qu'un faux compliment pour lui éviter d'être triste.

La seigneurerie qui l'avait "récupérée" ne s'étant pas encore lancée à sa recherche, elle pouvait déambuler librement dans la ville, avec, bien entendu, un chapeau ou autre morceau de tissu vissé sur son front pour cacher ses oreilles.

— Toru !

L'interpellée sourit, reposa le contenant de bois et enlaça son amie.

Voir son aura ne la dérangeait plus, et Mina arrivait à calmer les angoisses de l'ancienne noble de sa simple présence.

— Ça va ?

La rosée rit.

— Arrête de poser cette question à chaque fois ! Tu vois, je vais très bien !

 Toru sourit et aida son amie à puiser l'eau depuis le puits.

— Tu vas en forêt aujourd'hui ?

Voyant que la jeune étrangère acquiesçait, Mina reprit avec un sourire qui en disait long.

— Passe un bon moment !


— Et ces herbes ?

La jeune femme secoua la tête.

— Ils sont bons pour la croissance, mais même le parfum est mauvais pour les femmes enceintes.

Mashirao lâcha les coupables et se frotta les mains et les manches, comme pour en chasser l'odeur.

— Ça ne marche que si elle respire avec la plante sous le nez.

Le blond se releva.

Inhume ou respire, fit-il pour la corriger.

Elle acquiesça, gravant ces mots dans un recoin de sa tête.

— Et celles-là ? demanda-t-il en désignant celles que cueillait Toru.

— Revigorant et efficace contre les nausées.

Le jeune homme acquiesça et reprit son activité précédente, c'est-à-dire couper du petit bois - les températures grimpantes et la fragilité de Maki et de l'étrangère obligeant à amasser plus de combustibles.

— Dis, Toru, fit-il après un moment.

La verte sentit ses oreilles se tendre sous la coiffe de tissu.

— Tu n'es pas obligée de répondre, mais... Tu étais une noble, non ?

— C'est ça, répondit-elle d'une voix nouée.

— Et... ta famille était d'accord pour t'envoyer ici ?

L'étrangère se figea.

— J'ai été conçue pour ça. Pour que ma sœur n'aille pas.

— Ah...

Il lâcha sa machette et se rapprocha d'elle.

— Je suis désolé si je...

Elle se pinça les joues pour se redonner contenance.

— Non, c'est bon.

Elle sourit et désigna son couvre-chef qui abritait ses attributs.

— Tous les enfants illégitimes en ont, dit-elle. Et les nobles en gardent beaucoup pour ne pas donner leurs héritiers.

Toru sourit.

— J'ai préféré aller à la place de mon frère. Il a six ans.

Elle ramassa les herbes qu'elle avait cueillies et les rangea dans son panier.

— Ils ont perdu une "élue".

Une Belle Proie - Mashirao x ToruWhere stories live. Discover now