Six anciens élèves de la prestigieuse académie d'Amsterdam Rosemary Greenhills, se retrouvent pour des vacances à l'initiative de l'une d'entre eux, Elizabeth devenue top model international. Quatorze années se sont écoulées depuis leur première ann...
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Mon réveil sonne ce qui m'arrache de mon sommeil profond.
À quelle heure à fini la soirée d'hier ? Qui est cette femme dans mon lit déjà ? Et qui sont tous ces gens dormant à même le sol ?
Telles sont les questions qui fusent dans mon esprit à cet instant. J'ai un mal de tête dément comme si l'on martelait à l'intérieur de mon crâne et je ne sais même pas où j'ai mis mes cachets.
On m'en a prescrit deux par jour mais je risque de ne pas passer la matinée si je n'en avale pas plus que ça.
Un téléphone sonne sur ma table de chevet. Je décroche sans répondre:
- Allo Cal, t'es là ?
- Ouais Neil, ça va de ton côté ?
- Nickel rien à redire. Juste une petite question: prochaine étape tu veux poser de nouvelles dates ou repartir en studio ?
- Ohhhhh, je suis beaucoup trop fatigué pour tout ça sincèrement.
- Écoute on vient d'enchaîner beaucoup de dates, profites de tes vacances en Europe et on en reparlera, où est-ce que c'est déjà, Bruxelles c'est ça ?
- Non, Amsterdam, tu devrais le savoir t'es mon manager quand même.
- Exactement, manager pas assistant Caleb retiens-le. Bon je te laisse y'en a qui bosse ici. Et Caleb pas de scandale s'il te plaît.
Avant que je ne puisse répondre, il me raccroche au nez. Il sait très bien que je déteste ça, peut-être qu'il me connaît trop bien. Est-ce que je devrais m'en inquiéter ?
Qu'est-ce qui m'arrive c'est l'alcool qui me plonge dans tous ces questionnements existentiels ?
Neil chapeaute ma carrière depuis deux années maintenant et je dois avouer qu'on a effectué un travail phénoménal.
Je suis rentré chez moi aux États-Unis après Greenhills. C'est vrai que j'y ai reçu les meilleurs cours de chant et de musique mais ce ne sont que des études, elles ne garantissent aucunement le succès musical d'un artiste.
En être diplômé est certes extrêmement valorisant et ouvre plus facilement certaines portes, mais la vérité c'est que beaucoup de gens ne savent pas que je le suis. Seuls les plus ardus détenant des blogs à mon nom mentionne ma scolarité.
C'est à force de composer mes textes et de poster mes chansons sur les réseaux que j'ai mis la lumière sur mon travail et bâti ma carrière.
J'étais néanmoins un chanteur avec une assez grande communauté lorsque j'ai signé dans le label de Neil ShineStars mais c'est avec mon titre « Sad Boys » que j'ai absolument tout explosé.
C'était tellement déroutant de l'entendre passer sur toutes les stations radios, recevoir des messages d'artistes confirmés de l'industrie de la musique, être adulé par le plus grand nombre.
Il me semble qu'à ce jour, je n'ai jamais écris aussi vrai que pour cette chanson. J'y raconte un passage encore douloureux, le décès d'un ami proche.
Aujourd'hui grâce à Neil je peux me concentrer sur ma musique notamment cette fameuse musique. Depuis un petit moment je bloque totalement et je refuse catégoriquement de faire appel à une tierce personne afin qu'elle écrive mes textes.
Une belle impasse donc, comme si toutes les bonnes et puissantes ondes qui me frappaient dans tous les sens m'avaient abandonné. À trop vouloir écrire je crois que j'ai perdu le sens des mots.
Il me faudrait retrouver ses émotions fortes et bouleversantes que je ressentais avant. Pour revivre pleinement.
Ces vacances, je vais les savourer autant que possible. Je ne sais pas ce qu'a prévu Elizabeth mais je compte bien m'éloigner le plus possible de la musique.
Son invitation était plutôt vague mais elle l'a envoyée dans une lettre marquée d'un K énorme en cire rouge, sa majesté a encore frappé, du Elizabeth tout craché. Si elle pouvait se faire couronner reine je crois qu'elle n'hésiterait pas une seconde. Ça doit être de famille.
J'ai compris assez tôt que la sienne était fortunée. En fait, je me suis vite aperçu que finalement, ils l'étaient tous à Greenhills. Quand on ne vient pas soi-même de ce de milieu, on voit très vite la différence.
Pour intégrer cette académie, mes parents ont donné tous ce qu'ils avaient afin que je puisse rêver ne serait-ce qu'un peu de cette école. Un concours de chant a été organisé, je l'ai remporté et c'est ainsi qu'à mes neuf ans j'ai été plongé dans le monde de l'élite.
Il serait bien temps que je me lève. Je retrouve des vêtements à moi partout dans la suite ainsi que ceux de la femme lovée dans mon lit. Plusieurs bouteilles de champagne au prix exorbitants jonchent le sol et petit à petit, quelques vagues moments de la soirée d'hier me reviennent enfin.
On a fêté l'arrivée d'une nouvelle artiste venant de signer dans le même label que moi. Je crois qu'après le restaurant nous sommes tous monté dans ma chambre, le reste est encore flou mais cela me reviendra plus tard comme d'habitude.
En tout cas cet after fut certainement de qualité vu les polaroïds où l'on nous voient tous sourire et faire la fête.
Je range ma valise et revêt mon corps de vêtements propres. La belle brune dont je ne connais le nom, continue à dormir paisiblement. Je décale quelques mèches lui tombant sur le visage et je dépose un baiser sur sa joue. Cela a pour effet de la faire sourire et moi de même. C'est sûrement la dernière fois que je vais la revoir je lui dois au moins ça.
L'heure avance à grande vitesse j'observe ma montre : 15h37. Heureusement que je ne suis pas trop loin de l'adresse qu'Elizabeth m'a donné. J'avale en quantité mes cachets, je récupère ma veste et mes lunettes et je quitte cette suite maudite.
Aaron, mon garde du corps m'attends calmement devant et me serre la main comme à notre habitude sans trop en faire. En prenant l'ascenseur j'observe dans mon téléphone les photos de la veille, d'un coup, les pièces manquantes du puzzle apparaissent comme par magie et viennent remplir mes trous de mémoires.
Mais qu'est ce que je suis en train de faire ? Ce n'est pas moi ça. Du moins je n'en ai pas l'impression, je ne suis même plus sûr de rien dernièrement.
