Chapitre 11 - La lumière au bout du tunnel

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Délicatement, je le bascule en position latérale de sécurité tout en continuant de lui parler. Je lui récite quelques poèmes, les mêmes que ceux qu'il a entendus quand il était prisonnier sur Faraday-4. Je n'en connais pas des tonnes non plus. Quand j'ai fait le tour, je passe aux chansons. Kalen semble s'apaiser, à moins qu'il n'ait basculé dans une phase de sommeil profond. C'est le moment que je choisis pour craquer. Je me mets à pleurer : de rage, de peur, de chagrin, de tout ça mélangés. Sans cesser de caresser ses cheveux, je laisse mes larmes glisser jusqu'à lui, me maudissant de l'avoir entraîné dans cette situation désastreuse.

Mon cœur fait un bond quand la porte émet le petit cliquetis annonçant son ouverture, mais mon corps épuisé ne bouge pas d'un millimètre.

— Lyna, Kalen ! s'écrie une voix connue.

— Varely ? m'étonné-je.

Notre allié n'est pas venu seul, il est accompagné de Hilda / Ranissa et d'un groupe de huit rebelles. Je sais que leur présence est une bonne nouvelle, pourtant, je n'arrive pas à sourire. La fièvre de Kalen continue de grimper et j'ai peur. Je n'en peux plus, il faut que ça se termine. Je fonds en larmes, encore, à la grande surprise des nouveaux venus. Ranissa s'adresse à eux, mais je ne comprends plus rien. Je me sens soulevée de terre et gémis de douleur. Je suis toujours en culotte, et je prends enfin le temps de m'inspecter : ma cuisse est presque noire, formant une immense contusion telle que je n'en ai jamais vu, ma peau est gonflée et brûlante. Beurk, c'est vraiment moche. Je relève la tête pour localiser Kalen. Un grand black bien costaud l'a hissé sur son épaule. Je vois Ranissa et Varely se tenir la main et s'échanger un regard qui en dit long, puis lancer des ordres à leurs hommes. Je ne crois pas qu'ils parlent selcyns, mais mon cerveau est trop embrumé pour se concentrer sur ce qui l'entoure. Je renifle d'une façon peu ragoutante et me laisse emmener je ne sais où.

Il y des couloirs orange, une navette, des couloirs vert pomme, comme sur Cassy-3, puis ils deviennent rouges. Deuxième navette, je somnole. Pause. Je bois. Je m'endors en tenant la main intacte de Kalen. Je suis placée dans une sorte de petit habitacle. Puis, enfin, je suis déposée sur un lit. À deux mètres de moi, deux selcyns sont en train de déshabiller Kalen.

—Hey ! m'écrié-je mollement. Lâchez-le !

— Il doit passer dans le flaster, m'explique doucement Ranissa. Il a été électrocuté et empoisonné.

— Quoi ?

— Le Grand Consul l'a condamné à mort par métabloquants. C'est une fin lente et extrêmement douloureuse.

— Méta...quoi ?

— Métabloquants. Son organisme ne peut plus se régénérer. Pire, il s'attaque à lui-même. Les connexions nerveuses sont touchées. Submergé d'attaques internes, l'organisme entre en état de stress, mais ne peut rien contrer. Le cœur pompe davantage de sang, les défenses immunitaires s'agitent en vain...

— Vous êtes capables du meilleur, comme du pire, bredouillé-je, sidérée.

— Comme les humains, rétorque Varely.

— Les terriens, intervient Ranissa, à ma plus grande surprise. Ta jambe n'est pas belle à voir, mais nous ne disposons que de peu de temps, et Kalen passe en priorité dans le flaster. Son pronostic vital est engagé. Pour te soulager, nous avons des crèmes assez efficaces. À voir ta cicatrice, Malyan a déjà dû t'en proposer.

— Oui. Sais-tu si mes amis sont partis ?

— Oui, me confirme Varely. De ce que nous en savons, le vaisseau d'urgence numéro trente-huit a bien quitté Cassy-1. Il n'est pas poursuivi.

Corps étrangers [TERMINÉ] Where stories live. Discover now