Une fois installée dans l'avion, une vague de joie m'envahit en constatant qu'il n'est pas là, qu'il n'a pas réussi à me rattraper cette fois-ci.
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Je baisse le regard, mes yeux parcourant les mailles du pull légèrement arrondis, comme si chaque...
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Jeudi 2 mars 2023, Avion direction Bahreïn, 9H00.
Enfin, une hôtesse revient avec deux pâtisseries et deux viennoiseries destinées à la femme brune. Son regard reste fixé sur l'assiette devant elle, ne montrant aucune intention de manger. Une gêne palpable émane d'elle, peut-être amplifiée par la réflexion sur la façon dont elle va partager son passé douloureux.
Sans hésitation, je passe un bras devant elle pour atteindre la cuillère, mais son réflexe de recul est si brusque qu'elle manque de tomber. Mes mains la rattrapent juste à temps, et le choc de sa réaction collective nous fait prendre conscience que la femme a bel et bien été victime de violences. Je la replace délicatement sur le fond du siège, voulant respecter sa dignité tout en l'encourageant à manger.
D'un signe de tête, je lui indique la cuillère plantée dans le gâteau au chocolat. C'est une invitation silencieuse à prendre le contrôle de son repas, à retrouver un semblant d'autonomie. L'idée de la nourrir me vient, mais je pense qu'elle est déjà assez honteuse.
C'est alors que Charles intervient avec une question simple mais importante.
- Comment tu t'appelles ? demande-t-il, cherchant à établir un lien personnel avec elle.
Ses yeux se lèvent vers le pilote de l'écurie Ferrari, et elle murmure son prénom, Lysa, en précisant avec un Y et non un I.
Pierre, un des membres de l'équipe, ne peut s'empêcher de sourire en entendant ses paroles, tandis que le pilote de l'écurie italienne glousse avant de plaisanter :
- Eh bien, Lysa avec un Y et non un I, mange de toi-même car Max serait capable de te donner lui-même à manger.
L'humour léger apporte un moment de détente dans cet environnement tendu, mais il souligne également l'effort de l'équipe pour instaurer une atmosphère plus décontractée.
Le moment où Lysa commence enfin à engloutir la nourriture semble apporter un certain soulagement à la tension qui régnait dans la cabine. Les regards des pilotes, jusqu'à présent empreints d'inquiétude, s'éclairent légèrement en observant cette action.
Quand le premier gâteau est entièrement mangé, elle relève la tête, et un soupir profond semble annoncer le début de son récit. C'est un moment de préparation, où elle prend mentalement son élan avant de partager les fragments douloureux de son histoire. Le silence dans la cabine devient plus intense, chacun ressentant l'importance de ce qui va suivre.
Les yeux des pilotes, des membres de l'équipe au loin restent rivés sur elle, témoins silencieux prêts à écouter. Lysa, avec un Y et non un I, se prépare à dévoiler les cicatrices invisibles de son passé, transformant la cabine de l'avion en un lieu de partage, d'empathie et, peut-être, de guérison collective.
