• Chapitre dix-neuf : Âme de feu •

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Pierre n'en revenait pas. Il secoua la tête, ricana nerveusement, tirant sur le col de son T-shirt. Il leva les yeux vers le pilote qui se tenait debout face à lui - seul moment où il était plus grand que lui.

- Je suis désolé si je n'ai pas été clair. J'étais stressé.

Sylvain secoua la tête, amusé, avant de s'installer à ses côtés. Il fixa le vide, sa cuisse collée à celle de son ami. La lun éclairait leurs deux visages, juste assez pour qu'ils puissent tourner la tête et se regarder, gênés.

- Ce n'est pas ta faute. Je ne voulais pas y croire, au début. Je veux dire, pourquoi moi ? Après tout ce qu'il s'est passé, tout ce que tu as découvert à mon sujet... je ne comprends pas ce qu'il peut bien y avoir d'intéressant, lâcha le pilote.

- Tu as tort. Je t'ai pourtant dit que je voulais prendre soin de toi, si tu me laissais faire, rappela le grand brun.

- Et je me rappelle bien t'avoir dit que c'était voué à l'échec, répliqua son ami.

- Pourtant tout va bien, n'est-ce pas ? Alec a utilisé sa dernière cartouche contre toi. Dans quelques jours, les médias auront oublié cette histoire stupide. Il ne peut plus te toucher alors que je sais, alors qu'Ascari est au courant... sans oublier ton contrat chez Alpine.

- Je sais, c'est juste que... pendant des années, j'ai été habitué au malheur, et toutes ces bonnes nouvelles... c'est comme si c'était un piège. Comme si quelque chose d'horrible allait arriver, murmura Sylvain.

- Ce ne sera pas le cas. Pas tant que je peux l'empêcher, fit Pierre.

Un rire échappa à son ami.

- On est ridicules, hein ? Depuis quand on est devenus si coincés à propos de tout ça ?

- Je ne sais pas. Mais on est pas obligés de l'être, tu sais.

Pierre baissa les yeux sur ses mains jointes, crispées sur ses genoux. Son coeur battait à tout rompre, et il n'avait pas manqué l'absence de réponse de son ami suite à sa seconde déclaration. Il essayait de ne pas pleurer une seconde fois - il ne pouvait pas lui montrer la souffrance qu'il cachait derrière un sourire crispé, son corps tremblant.

- Quand je me suis réveillé de mon accident à l'hôpital... j'ai eu l'impression que tout avait changé, souffla soudain Sylvain.

- Comment ça ?

Un sourire traversa le visage du pilote. Sans le regarder, sans même tourner la tête vers Pierre, il posa sa main droite sur les siennes.

- J'ai ouvert les yeux, terrifié à l'idée qu'il me soit arrivé quelque chose... d'irréparable. Que je ne puisse plus jamais être dans une monoplace, à être en Formule Un. Et pourtant... quand je t'ai vu à mes côtés dans l'hôpital, je n'avais plus si peur que ça, comme si, au final, tout irait bien. Peu importe l'issue.

Sylvain tourna la tête, fixant le ciel nocturne par la fenêtre. Les étoiles étaient éblouissantes, même à travers la baie vitrée.

- Depuis ce jour, je n'arrête pas de penser à toi. De penser à l'avenir, de ce qu'il adviendra de nous. Je ne peux... non. Je ne veux pas te laisser partir. Penser à la trêve hivernale, au fait que tu pourrais trouver quelqu'un et me laisser seul. Je pense que j'ai des sentiments pour toi depuis des semaines... peut-être des mois. Il faut croire que passer non loin des portes de la mort m'a ouvert les yeux, plaisanta-t-il.

Pierre le fixa, bouche bée, son coeur tambourinant dans sa poitrine. Il ne parvenait pas à y croire, terrifié à l'idée qu'on lui fasse une mauvaise blague. Il ne faisait pas confiance à son ouïe, persuadé d'avoir mal entendu ce qu'il avait pourtant attendu avec tant d'espoir.

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𝒚𝒐𝒖 𝒕𝒂𝒔𝒕𝒆 𝒍𝒊𝒌𝒆 𝒇𝒊𝒓𝒆 • (𝘝𝘐𝘓𝘌𝘉𝘙𝘌𝘘𝘜𝘐𝘕)Where stories live. Discover now