Chapitre 38 - Une idée lumineuse

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— Mais admettons que nous arrivions à le contacter, répond Sam, qu'est-ce qui te fait penser qu'il nous croirait ?

— Parce que nous avons les enregistrements de Kalen.

— Le micro traceur que ton crush a planqué dans ta chaussure ?

— Oui, Mei ! Lee avoue son plan, et on l'entend me... faire du mal.

— On entend aussi tes explications sur le projet de production de bébés bizarres par tes nouveaux potes venus d'ailleurs, réplique Mei en haussant les épaules. Et cette partie-là risque de faire débat, si tu veux mon avis.

— Oui, bon... j'imagine qu'on peut faire des coupures, grimacé-je. Le but est d'empêcher que Lee et son nouveau chef utilisent une bombe nucléaire, pas de mettre de l'huile sur le feu. Vous en pensez quoi ?

— Qu'après toutes ces émotions, j'ai besoin d'alcool et de sexe, marmonne Mei en se jetant sur le matelas. Ça m'aiderait à réfléchir.

— Tu peux soumettre l'idée à ton... ami, rajoute Sam en fronçant les sourcils.

— Et d'une, je ne pique pas les mecs des copines, fait la petite brune en agitant son doigt. Et de deux, je préfère les meufs. Mais cette Jofen, qui est en fait apparemment un homme, ne me tente que très moyennement. Hey, Chaton ! Ils forniquent un peu, les selcyns ?

— Je faisais référence à l'idée d'utiliser l'enregistrement, réplique Sam en haussant les épaules.

— Il n'empêche que...

— Mei, j'essaye de sauver le monde, là ! la coupé-je.

— Elle est toujours comme ça ? me demande la jeune lieutenante, visiblement choquée.

— J'en ai bien peur, réponds-je dans un sourire.

Je suis obsédée par cette nouvelle idée, ce qui me permet de penser à autre chose qu'à mon séjour à Faraday-23. Comme par hasard, aucun de nos nouveaux amis ne vient nous voir du reste de la journée. Chaque heure qui passe me rajoute une couche d'angoisse. Pourvu que K ne jette pas l'enregistrement. N'y tenant plus, je décide de partir à sa recherche. Sam me rappelle que nous ne sommes pas autorisées à sortir de cette pièce. Elle semble véritablement paniquée. Je lui rétorque qu'en l'absence de verrou sur la porte, je ne vois pas ce qui me retient dans quarante mètres carrés. Sans surprise, Mei approuve ma mini rébellion, même si je vois à ses traits tendus qu'elle n'est pas sereine. Sa curiosité l'emporte sur la peur. Et Sam finit par céder, uniquement parce qu'elle craint, comme moi, que la preuve des intentions de Lee et Muzhi disparaisse, et aussi parce qu'elle ne veut pas rester seule, je suppose.

Nous voilà donc toutes les trois à arpenter les couloirs blancs. Ici, les portes sont orange. C'est tout de même plus joyeux que le gris de Tavira. Hormis ce détail, la structure est similaire : un bâtiment circulaire sur trois étages avec vue sur le paysage extérieur. L'ensemble est donc très lumineux, ici aussi. Mon amie et la lieutenante sont subjuguées par la beauté moderne du lieu.

Nous sommes au premier étage, et du couloir, nous apercevons l'agitation du rez-de-chaussée. Nous nous penchons par-dessus la balustrade transparente pour observer plusieurs dizaines d'hommes à la carrure impressionnante circuler dans le hall principal. Je reconnais certains visages. Je repense immédiatement à ma « libération » et à l'état de la base de Tavira : le plafond détruit, le hall encombré de gravats, Terk... Combien de selcyns sont morts ce jour-là ? Est-ce que les rescapés ici présents m'en veulent pour ce désastre ? Après tout, je n'avais pas tissé beaucoup de liens avec la grande majorité d'entre eux. Subitement, l'idée de traverser cette base sans Kalen me paraît bien mauvaise. Après une longue hésitation, je décide finalement de faire demi-tour. Mon regard est alors attiré vers un selcyn en particulier. Bien plus mince que les autres, les cheveux noirs et la peau hâlée, celui-là est assis sur un banc creusé dans le mur, tablette à la main. Instinctivement, je recule. Inquiètes, mes deux accompagnatrices m'imitent.

Corps étrangers [TERMINÉ] Where stories live. Discover now