When anxiety comes around (partie 1)

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Un casque sur les oreilles, Brandon discutait sérieusement avec son interlocuteur téléphonique.

- Mon dossier a-t-il été validé, monsieur ? demanda-t-il, agacé.
- Non, M. Gilroy, vous devez attendre la semaine prochaine. Le conseil d'administration doit se réunir pour analyser votre demande.
- C'est la 5e fois ce mois-ci que vous me dites la même chose. J'ai urgemment besoin de ce prêt.
- Ce n'est pas moi qui fais les règles. Vous devez faire preuve de patience.

Le trentenaire pouffa intérieurement. Il n'avait jamais été qualifié de patient par son entourage. Plus il communiquait avec ce fonctionnaire à la voix froide et monotone, plus l'envie de lancer un juron devenait irrépressible.

En arrière-plan, dans l'appartement qu'il co-louait, un bruit sourd attira son attention. Il arrêta sa musique rapidement pour vérifier la provenance du bruit.

- Il se passe quoi là ? lança-t-il, la colère prête à surgir.
- Je suis désolé, murmura Michael, en se grattant la tête. Je ne voulais pas...

Aussitôt qu'il prononça ses derniers mots, le colocataire fit un pas vers sa chambre. Il venait de briser l'un des objets les plus précieux en possession de Brandon.

Sur le sol, gisaient les morceaux de la guitare qu'il avait héritée de sa mère décédée un an plus tôt. Les conséquences allaient être désastreuses.

Un rire quasiment diabolique s'empara de la gorge du brun. Son niveau de tolérance maximal venait d'être franchi.

Deux semaines plus tard

Le contrôle de ses émotions n'était pas une qualité qu'il possédait. Et à chaque fois, la vie lui mettait des bâtons dans les roues.

Il s'était violemment battu avec son colocataire. Sa colère était tellement forte que le mobilier en avait payé le prix.

Michael, champion de kickboxing, montra les talents de combattants qu'il avait acquis en plusieurs années. Les rougeurs à peine effacées sur le visage et la coupure au coin des lèvres de Brandon témoignaient de l'intensité de l'affrontement.

En accumulant les faits, Michael avait décidé de rompre son contrat de location avec Brandon. Difficultés de paiement, mobilier détruit et bagarre ; ça devenait insoutenable.

Désormais, sa voiture constituait la seule maison à sa disposition. Il avait quitté le Wisconsin depuis la mort de sa mère pour vivre à Chicago. Tout contact avec son ancien entourage avait été rompu depuis son départ. Avec sa personnalité solitaire, il avait du mal à nouer de nouveaux liens profonds. Personne ne pouvait venir à sa rescousse.

100 $ sur le compte courant

Un nouveau coup de massue venait de s'abattre sur lui. Il allait bientôt être à sec.

Pour se consoler, il se rendit dans le bar le plus proche. Entre deux aspirations de sa cigarette, il engloutissait une bière. Il en était à sa septième bière lorsque ses yeux croisèrent ceux d'un grand baraqué.

- Pourquoi tu me regardes, toi ?
- Je me demandais à quel point tes satellites qui te servent d'oreilles doivent être utiles pour entendre.
- Tu viens de dire quoi là ?
- Bah finalement je me suis trompé. On peut avoir de grandes oreilles et ne rien comprendre quand on vous parle.

Quelques minutes plus tard, Brandon arpentait en clopinant. La rue où il avait garé sa voiture était très animée. Des hommes véhiculés s'accumulaient près du trottoir, devant les travailleuses du sexe.

Il ouvrit son véhicule et s'y installa. Alors qu'il reprenait son souffle, il crut faire face à une hallucination.

À 10 mètres de lui, Jack Duncan, 55 ans, policier à la retraite et ancien beau-père de Brandon, s'esclaffait bruyamment avec une prostituée.

Brandon et lui n'avaient plus eu de contact depuis la mort de sa mère, Rebecca. La relation ne fut pas toujours tumultueuse entre eux. Au départ, les bons moments s'étaient enchaînés, mais le conte de fin avait pris fin rapidement.

Sous l'effet de l'alcool, les cris feints par l'interlocutrice du quinquagénaire se confondirent avec les cris de la défunte mère du jeune homme.

L'image de sa chambre fermée à clé pendant qu'il entendait les coups portés sur sa mère resurgit soudainement. Il lui avait toujours été paradoxal de voir cette dernière toujours subir et garder le silence.

Ses faux sourires qu'elle lui affichait alors que les pansements cachaient les lésions rougissantes ; un cauchemar éveillé.

" Il ne recommencera pas, Brandon. Il a juste besoin de se calmer les nerfs. " Disait-elle.

Le torse de Brandon se remplit progressivement d'une chaleur pesante. Au fur et à mesure que les souvenirs remontaient, cette pesanteur augmentait.

Assis dans sa voiture, les mains crispées sur le volant, Brandon sentit le poids de son passé embraser l'intérieur de son torse.

Son souffle s'accéléra. Les mains tremblantes, il tenta de lutter avec le déferlement des souvenirs douloureux à l'intérieur de lui.

La peur demeurait comme une flèche empoisonnée et transperçait son cœur. Il détestait vivre ce genre de moment de vulnérabilité. Les blessures du passé, qu'il fuyait, saignaient encore.

Brandon, compte jusqu'à 10 et tu respires profondément. Disait Rebecca.

Il sentit la pression étouffante sur sa poitrine diminuer en imaginant le doux visage de sa génitrice.

Le vrombissement d'un moteur de voiture eut l'effet de lui faire relever la tête. Son ex-beau-père venait de démarrer.

Quelques minutes plus tard, le brun roulait juste derrière sa cible. Que ce soit la rancune ou la tristesse qui l'animait peu importe. Il était certain d'une chose : il serait son karma.

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⏰ Last updated: Nov 20, 2023 ⏰

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