Aiquesh

35 - Léonie

Mon cœur se mit à battre la chamade, chaque battement résonnant comme un coup de tambour dans ma poitrine.

« Quoi ? Mais comment est-ce possible ? »

Ma voix tremblait, trahissant mon angoisse. Je raccrochai et me tournai vers Marcus, l'alpha de la meute des Crocs de Lunes, qui buvait tranquillement son café en face de moi. La nouvelle m’avait coupé le souffle, et il fallut un moment pour que je trouve les mots.

« Marcus, sais-tu ce qui s’est passé avec le corps de Lilith ? Pourquoi n’est-il plus dans sa tombe ? »

Le loup posa sa tasse avec une lenteur calculée, ses yeux d'un bleu profond fixés sur moi.

« Je n’en ai aucune idée, Léonie. Je n'étais pas au courant de cela. C'est la première fois que j'entends parler de cette disparition. »

La manière dont il prononça ces mots, calme et posé, était censée m'apporter du réconfort, mais elle ne fit qu’accroître mon inquiétude. Comment le corps de quelqu'un d'aussi dangereux que Lilith pouvait simplement disparaître ? Qui aurait pu ou voulu la déterrer ? Et surtout, pourquoi ?

La peur se mêlait à la confusion dans mon esprit. Je regardais par la fenêtre, observant les passants qui semblaient insouciants et détendus. Ils ignoraient les forces obscures qui se jouaient à leur insu. Je me sentais soudain très seule, malgré la présence rassurante de Marcus à mes côtés.

« Nous devons faire quelque chose, » murmurais-je, plus pour moi-même que pour Marcus. « Si quelqu'un a pu prendre le corps de Lilith, alors les sceaux... »

Marcus hocha la tête, son expression devenue grave.

« Nous allons enquêter, Léonie. Je vais mobiliser la meute. Nous ne laisserons pas cette affaire sans réponse. »

Je le remerciai d'un signe de tête, essayant de rassembler mes pensées éparpillées par le vent de l’angoisse. La nouvelle lune approchait, et avec elle, une possible catastrophe si le dernier sceau était brisé. Je savais que je devais rester forte, prête à affronter ce qui viendrait, mais en cet instant, au fond de ce café baigné de soleil, j’avais simplement peur.

***

L'après-midi était doux sur les terres des loups-garous, le soleil filtrant à travers les hautes branches des arbres centenaires, mais l'atmosphère était tout sauf sereine. J'avais rejoint mon père, Thanatos, à l'endroit même où nous avions enterré Lilith, la compagne de Lucifer et, ironie du sort, ma mère biologique. Le sol était bouleversé, la terre fraîchement retournée témoignant du vol de son corps.

Marcus, l'alpha de la meute, se tenait à nos côtés, son regard scrutant les bois environnants comme s'il pouvait y déceler des réponses.

« Qui aurait pu faire ça ? » murmurais-je, la voix chargée d'une inquiétude que je ne pouvais dissimuler.

Nous étions en pleine réflexion lorsque l'un des jeunes loups de la meute, essoufflé, arriva en courant vers nous.

« J'ai vu quelque chose la nuit dernière. Une silhouette... elle n'était pas seule, il y avait deux autres personnes avec elle. » dit-il d'une voix haletante.

Thanatos et moi échangeâmes un regard de stupeur. Le puzzle commençait à prendre forme, une image sombre se dessinant avec chaque pièce qui s'ajoutait. Mon cœur se serra.

« Lucifer... soufflai-je.

— Cela m’étonnerai beaucoup que cet imbécil soit assez malin pour pénétrer sur le territoire des loups et venir…

—… réveiller sa défunte femme ? Ajouta Marcus.

— Cela ne peut être que lui. Qui d'autre aurait un intérêt à déterrer le corps de Lilith sinon lui ? »

La réalisation pesait lourdement sur moi, chaque mot prononcé renforçant l'ampleur de la menace qui planait non seulement sur moi mais sur toute la ville de La Rochelle. Thanatos posa sa main sur mon épaule, son expression empreinte d'une inquiétude profonde.

« Léonie, cela signifie que les démons vont intensifier leurs efforts pour te retrouver pour…

— Me tuer. Oui, je le sais très bien. D’abord Aniel, ensuite Lucifer. Qui sera la prochain ? »

Je sentais la peur monter en moi, un frisson glacé me parcourant l'échine, mais je refusais de la laisser me submerger. Je pris une profonde inspiration, essayant de rassembler mon courage.

« Je sais, papa. Mais je ne suis pas seule. Nous avons Damien, Gloriel, toi, Tessa, Azazel et Théodonice. Nous sommes forts ensemble. »

Marcus hocha la tête, son regard déterminé.

« La meute est avec toi, Léonie. Nous protégerons nos terres et nous te protégerons, toi. »

Le soutien de Marcus, la solidarité de la meute, la présence de mon père et de mes amis... tout cela forgeait en moi une résolution nouvelle. J'étais terrifiée, oui, mais je savais aussi que je n'avais d'autre choix que d'affronter ce qui venait. 

« Nous devons être prêts. Nous devons les arrêter avant qu'ils ne brisent le dernier sceau. Je ne laisserai pas le DarkSoul être libéré. Je me battrai, nous nous battrons. » dis-je, ma voix plus ferme qu'auparavant.

Les mots étaient une promesse, une déclaration non seulement à mes alliés mais aussi à moi-même. J'étais l'Aiquesh, une faucheuse avec un destin hors du commun, et tandis que le soleil commençait à décliner, jetant des ombres longues et sinistres sur la terre des loups-garous, je savais que la bataille qui approchait serait la plus difficile de ma vie. Mais je n'affronterais pas cette tempête seule.