Ma sonnerie retentit et j'aperçus que le numéro qui s'affichait était celui de mon père.

« Léo ? Je ne te dérange pas ?

— Salut papa, non ne t'inquiète pas. Je m'apprêtais à sortir au Spoony pour rejoindre Théo.

Ah d'accord. Soit prudente, je te rappelle que certaines créatures n'apprécient pas...

— ...les faucheuses. Je sais papa. Le coupai-je en levant les yeux au ciel. Tu sais j'ai plus six ans, j'ai grandi et je suis une adulte responsable maintenant.

Oui, oui, mais quelque soit ton âge, tu resteras à jamais ma petite fille chérie. »

Je souris spontanément à sa réponse.

« Normale, je suis la seule. »

Depuis que la guerre, qui opposait les démons et le reste des créatures surnaturelles, était finie, mon père était un peu trop protecteur à mon goût. À chaque fois que je sortais en ville, il voulait savoir avec qui, à quel endroit, à quelle heure je rentrerai... Bon, je ne pouvais pas lui en vouloir, après ce que j'avais vécu, c'était logique qu'il réagisse de cette manière.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? Demandai-je en observant mon reptile planter ses crocs dans la carotide du rat.

Je voulais te dire qu'on annule notre repas de samedi soir.

— Ah bon ? Pourquoi ?

Tessa ne se sent pas très bien. Elle a très mal au ventre et rend tous ses repas.

— Ah mince. C'est grave ? C'est contagieux ? Questionnai-je en allant me chercher immédiatement un thermomètre dans ma salle d'eau.

Non, je ne pense pas. Mais évite de côtoyer du monde dans les prochains jours avant de savoir ce qu'elle a exactement.

— D'acc, Than. »

Je levai ma tête en direction de mon animal et le vis englober le reste du rat. J'étais toujours surprise par cet acte malgré le fait que j'y étais habitué depuis quelques années déjà. Mon père me l'avait offert lors de mon dixième anniversaire et m'avait annoncé qu'il s'agissait d'un bijou rare et puissant. Le soupir de mon père me fit revenir à notre conversation.

« Je t'appelais aussi pour que tu me boucles le dossier que je t'ai déposé l'autre jour. J'en aurai besoin pour ce vendredi.

— Ce vendredi ? Tu veux dire le 7 octobre ?

Oui, pourquoi il y a un souci ?

— Bah... C'est-à-dire que... Enfin, j'avais prévu de fêter l'anniversaire de Béatrix. Elle a organisé une petite fête chez elle.

Une petite fête, hein ? Tu te moques de moi ?

— Bon, d'accord. Raillai-je en levant les yeux au ciel. Elle ne va pas être si petite. Mais, ça va être la honte si je n'y vais pas.

Léo...

— Mais P'pa, tout le personnel médical y va." Grommelai-je en m'enfonçant dans mon canapé.

Il ne me répondit rien, mais je savais qu'à son silence, il y était contre.

« Tu fais ce que tu veux, mais boucle-moi ce dossier au plus vite.

— Ok P'pa. Je m'y mets dès demain. Je vais faire de mon mieux.

Mouais, bien sûr. Tu me dis ça à chaque fois. »

J'ignorais pour quelle raison mon père voulait tant que je finisse de nettoyer et embaumer cette pauvre personne, mais j'étais sûr qu'il en avait une excellente. Quand le moment sera venu, il m'en parlera.

Je m'apprêtai à raccrocher lorsqu'il m'interpella dans le combiné de sa voix grave.

« Attends Léonie ! Je te préviens. Si j'apprends que tu t'es foutu dans un sale pétrin, je te laisserai te débrouiller TOUTE seule. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?

— Papa ! Je ne vais pas m'offrir en sacrifice à Satan, mais aller fêter les trois cents ans d'une de nos secrétaires de l'hôpital Rosemary.

Je le sais, mais...

— Calme-toi ! Et puis si l'une de ces abominations m'approchent, je glisserai Anita dans leur entre-jambe. » Rétorquai-je en esquissant un sourire.

Je l'entendis rigoler à l'autre bout du fil et jetai un léger coup d'œil à l'horloge qui indiquait 21 h 30.

« Je dois te laisser, Théodonice doit déjà m'attendre au Vieux Port. Bisous, je t'aime papounet ! »

Je lui raccrochais pratiquement au nez et me précipitais vers mon terrarium. J'ouvris la porte et vis mon serpent se diriger vers ma main lorsque celle-ci pénétra à l'intérieur. Mon reptile glissa sur cette dernière et s'enroula le long de mon poignet, afin de reprendre sa place.

J'enfilai ma veste en cuir, me parfume et sortis en trombe de mon appartement en vérifiant que mes clés était bien dans mon sac.

***

Une fois dehors, une bourrasque me fouetta le visage et me décoiffa par la même occasion. Les feuilles mortes au sol tourbillonnaient autour de moi. Le ciel bleu de l'après-midi avait fait place à un ciel d'un noir obscur peu étoilé. Une fois arrivé au niveau du Quai Valin, après plusieurs minutes de marche, mon téléphone se mit à vibrer avec insistance dans ma poche. Je regardai la notification et m'arrêtai net à l'information que je venais de recevoir.

Il y avait eu un accident entre deux poids lourds sur la route N137 en direction de Lagord. D'après les quelques informations de la police, il y aurait plus de vingt victimes. Quelqu'une grièvement blessée et d'autres décédées. Je soupirai de désespoir et envoyai un message à Théodonice pour lui annoncer que je ne viendrai pas ce soir. Je savais que j'étais une poisseuse, mais pas à ce point. Je supposais que ma meilleure amie allait devoir se rendre sur les lieux de l'accident avec son équipe et que mon père s'y rendrait également. Je tournai les talons et me dirigeai d'un pas décidé vers l'hôpital.

Sur le chemin, je croisais un bon nombre de créatures surnaturelles, certaines étaient des vampires, d'autres des loups-garous. Pour une raison que j'ignorais, la ville de La Rochelle ressassait la plus grande concentration de créatures de tout le pays.

Mais qu'est-ce que cette petite ville en bord de mer avait de si intéressant pour que des créatures surnaturelles viennent s'y installer ?

AiqueshWhere stories live. Discover now