SIDEREUS, layla

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A une soirée, il s'est passé un truc étrange. Avant tout, c'est pas le genre de Layla d'aller en soirée. Elle n'a pas besoin d'une énième raison pour repousser le sommeil, et aurait en plus pu mettre ce temps à profit pour travailler sa dissertation, apprendre ses cours, etc etc.

Mais Dehya en avait décidé autrement, invoquant l'argument non-négligeable que Layla avait besoin de se détendre, et surtout de sortir de sa chambre, qu'elle n'avait pas quitté depuis des lustres, sortant tout juste pour passer rapidement à la bibliothèque.  Et puis elle avait prétexté une autre raison : les insomnies terribles de la jeune fille. Ses cernes tombaient sous ses yeux, camaïeu de bleu foncé virant au violet. Alors l'étudiante avait accepté, se disant que de toute manière elle n'arriverait pas à dormir avant (si elle avait de la chance) les premières lueurs de l'aube. Ses pensées tournaient dans sa tête, irrépressibles, jusqu'à ce qu'elle tombe de sommeil.

Alors elles s'étaient mises en route, accompagnées de quelques amies, et immédiatement Layla ne se sentit pas à sa place : au milieu de gens qui savaient s'amuser, elle ne pouvait que les regarder depuis son coin, incapable de faire de même, tout juste bonne à avaler quelques gorgées d'alcool. Ses amies lui tinrent compagnies quelques minutes, mais partirent assez vite. Layla ne pouvait pas vraiment leur en vouloir, elles avaient le droit d'apprécier leur temps ici, elles. L'étudiante ne pouvait penser qu'à sa dissertation et à ses devoirs en retard, à tel point qu'elle engloutit le reste de son verre, s'en servit un autre et l'engloutit tout aussi vite.

Elle sentait sa tête tourner, et plus que tout ne souhaitait que pouvoir aller s'écraser sur un canapé et s'endormir, enfin dormir, d'un sommeil paisible non entre-coupé de réveils en sursaut. Au hasard, elle chercha une chambre dans laquelle s'allonger quelques instant, tout en se sachant pertinemment incapable de s'endormir. Elle finit par trouver une chambre meublée d'un lit deux places, sans aucun autre meuble apparent. Propre, l'endroit ressemblait à une chambre d'hôtel, impersonnel. Elle s'écroula sur le lit, entendant la musique diffusée à travers les murs, faisant résonner ses tempes. Layla resta un certain temps ainsi, à regarder un plafond étrangement distordu par l'alcool, avant d'entendre la porte s'ouvrir puis claquer précipitamment.

"Oh merde- y a déjà quelqu'un!"

Layla ne se retourne même pas pour regarder l'inconnue, toujours concentrée sur son plafond.

"ça te dérange si je met à côté de toi? Faut que je m'allonge aussi.."

Layla secoue la tête, puis sent le poids de l'inconnue s'affaler sur le matelas. Elle bouge bruyamment, apportant avec elle une odeur de cigarettes et d'alcool. Layla voudrait se tourner, regarder la nouvelle venue, mais elle sent soudain une fatigue extrême lui tomber dessus. Ses yeux luttent pour rester ouverts, et sa tête se tourne avec difficulté vers la fille. Son esprit embrumé par l'alcool et la fatigue n'arrivent même pas à assimiler ses traits, son visage est flou mais elle voit la lueur de ses yeux. deux éclats brillant dans la pénombre de la chambre.

"tu veux dormir ? t'inquiète pas, je bouge pas. t'as l'air crevée." Layla sent la bienveillance dans sa voix,  et la croit sur le champ. ses yeux se fixent une dernière fois sur le visage de l'inconnue, toujours aussi flou. perdu pour perdu, elle grave sa voix dans sa mémoire, puis ferme les yeux, et sombre dans le sommeil, qu'elle accueille avec délice.

Le lendemain, elle se réveille, la chambre est vide. Elle n'a jamais aussi bien dormi.