— Hey ! Arrête le skate s'te plaît !Mon skate dévale la pente sans que je n'arrive à l'arrêter. J'ai beau courir après comme un forcené il continue à prendre de la vitesse comme une boule de neige lancée sur une pente. C'est alors que j'aperçois quelqu'un plus loin dans la rue et crie tout ce qu'il me reste dans les poumons. Pour mon plus grand bonheur il se baisse et mon skate atterrit droit dans ses bras. Il l'a rattrapé et j'arrive face à lui, essoufflé.
— Merci beaucoup le nouveau, tu me sauves la vie.
— On se connaît ?
— Attends...t'es pas sérieux là ?
Il me regarde, le visage totalement neutre. Il doit se moquer de moi, ce n'est pas possible autrement.
— On est dans la même classe ! T'es littéralement à côté de moi !
— Ah oui. Le type aux cheveux rouges.
— T'en croise tous les jours des types aux cheveux rouges ?! Non mais je te jure. Je suppose que tu ne te rappelles pas non plus comment je m'appelle ?
Il me regarde de nouveau avec ce visage neutre insupportable. J'ai envie de lui crier de montrer quelque chose, n'importe quoi. D'arrêter d'être froid comme un iceberg, d'arrêter d'être si apathique ! D'arrêter de cacher ses émotions au monde entier ! Enfin bon...je peux bien parler. Je ne suis pas mieux que lui sur ce point.
— Punaise...Moi c'est Reki. Et toi c'est Langa, tu viens des États-Unis.
— Non, du Canada.
— C'est pareil !
Il relève ses bras vers lui pour apporter le skate à la hauteur de ses yeux puis se mit à l'observer. Il a l'air tellement absorbé, comme partit ailleurs. C'est beau; magique. C'est beau de voir quelqu'un d'aussi happé par quelque chose, comme si rien d'autre ne pouvait exister.
Quelqu'un d'aussi serein, comme s'il n'a jamais eu peur de rien. Comme s'il n'a besoin de se méfier de personne ; d'être en permanence sur ses gardes.
C'est une parenthèse.
— Il est beau hein ? Je sais, c'est pas mon skate pour rien.
Je ne peux pas m'empêcher de faire le fier. Ce skate, c'est ma fierté. C'est mon chef-d’œuvre, et j'ai le droit de m'en vanter. Que dis-je, j'ai le devoir de m'en vanter.
— Tu veux l'essayer ?
— Quoi ?
— Aller vient, je vais te montrer comment on fait.
Je l'entraîne avec moi plus bas dans la rue, là où elle n'est pas en pente. Il pose la planche au sol et je commence à lui expliquer comment monter dessus. Il essaye mais tombe comme un enfant, en plein sur les fesses. J'éclate de rire. Je n'arrive pas à m'en empêcher ; je revois son visage surpris et je ris encore plus fort. Je ris si fort que je commence à avoir les larmes aux yeux et du mal à respirer. Une douleur aiguë survint dans ma côte sans prévenir, me rappelant que je ferais mieux d'arrêter de me tordre de rire ; pour mon propre bien.
— Bon, on réessaye. Je vais te tenir cette fois.
Je passe une main derrière son dos pendant qu'il me tient fermement l'autre. Oui, comme un enfant. Je l'aime bien ce gars en fin de compte.
— Mets ton pied sur les vis du nose. Oui parfait, comme ça !
Il finit par tenir debout plus de dix secondes au bout de quelques minutes. Il se tourne vers moi comme s'il voyait les couleurs pour la première fois.
VOUS LISEZ
Violence
Random"À tout ceux qui n'ont jamais cessé d'espérer. " La vie de Reki est bien remplie. Il a le skate, la course S, ses amis, Langa...Il est heureux. Oui il l'est ; du moment où il passe la porte de chez lui pour sortir, jusqu'au moment où il l'a repasse...