Bonjour, vous êtes sur le répondeur d'Aaron Black

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TW : dépression

Il est tard. La pluie tombe dru sur Londres. Le ciel est plus sombre que jamais. Les rues ont été désertées par tous ses habitants, il n'y a plus un chat.

Il n'y plus qu'elle qui reste. Elle traverse le pont incertaine. Chacun de ses pas semble coûter. Chacun de ses gestes semble de trop, comme si elle n'était plus qu'un automate sans âme. Tourmentée. Elle parait si tourmentée.

Rabattant son parapluie, elle entre dans une des rares cabines téléphoniques restantes encore au Royaume-Uni. Elle glisse une piécette provenant de sa poche et compose un numéro de sa main tremblante. Elle l'a trouvé au hasard. Puis appris par coeur. Comme un mantra réparateur.

Enfin, le téléphone émet son bruit régulier de sonnerie dans l'oreille de la jeune femme. Elle resserre sa prise sur le téléphone et le colle plus fort à son oreille. On aurait dit que c'était le dernier objet auquel elle se raccrochait, telle une bouée de sauvetage.

Elle se mord la lèvre. Une voix grésille dans l'appareil lui annonçant que son correspondant n'est pas disponible. Elle hoche la tête. C'est ce qu'elle voulait.

Et soudain, sans crier gare, elle se met à parler. Parler, parler, parler. Les mots se déversent en un flot continu de sa bouche. Ils coulent naturellement et à haut débit comme l'eau de la rivière. Les phrases s'emboitent, elles la déchargent.

Pendant un long moment, elle parle encore. Plus lentement mais ses mots sont chargés de sens. Chargé de colère, d'angoisse, de tristesse, de dégoût, de désarroi, d'incompréhension. Ils sont emplis de tout ce qu'elle a pu vivre, de tout ce qu'elle vit et vivra encore.

Et puis, elle s'arrête. Elle prend une inspiration. Puis reprend. L'ambiance est lourde. Son ton l'écoeure. Enfin, elle repose le combiné dans un bruit sourd. Elle a fini. Elle récupère ensuite son parapluie qu'elle lâche aussitôt, faute de pouvoir le tenir suffisament fermement.

Elle s'effondre. Glisse contre la paroi de la cabine rouge. Elle est si seule. Ses yeux sont brillants, elle s'apprête à exploser.
Elle craque. Totalement.

Ses yeux libèrent ses larmes, toutes les larmes accumulées jusqu'ici. Ses joues sont rougies par l'eau salées de ses yeux et le froid. Elle frissonne, se recroqueville sur elle même.
Elle se laisse complètement aller. Elle veut oublier.

Tout oublier.

Son téléphone sonne. Il grogne se retourne et essaye de replonger dans les bras de Morphée. Trop tard. Trop de bruit. Il n'y arrive pas. Il finit par ouvrir les yeux.

Enfin, son appareil a terminé de le déranger. Il soupire de frustration. Bon sang, qui l'a appelé comme ça au milieu de la nuit ?!

Il checke son téléphone pour savoir sur qui il criera demain. Mais le numéro qu'il observe n'est pas numéro qu'il connait. Quelqu'un l'a appelé depuis une cabine téléphonique.

Il fronce les sourcils. Plus personne ne fait ça. À les vieux. Et en l'occurence, se sgrands-parents ne font pas ça puis qu'ils sont actuellement quasi tous mort.
Seule sa grand-mère du côté paternel reste. Et encore, cette vieille chouette haït toute forme de technologie.

Cependant, son regard se fait encore plus surpris quand il voit que ladite personne l'ayant ennuyée a laissé un message.
Ça ne peut pas être un appel commercial ou n'importe quel attrape-nigauds. Ils ne laissent jamais de messages.

Alors qui ?

Curieux, il appelle le numéro permettant de lire les messages et l'écoute.

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