Chapitre 39 | Deux reflets d'un même miroir

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Enfermée dans mon corps

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Enfermée dans mon corps.

Je garde les yeux fermés et serre davantage les paupières pour oublier cette présence intrusive. J'essaye de rester immobile, de contrôler mes tremblements en m'enfonçant davantage dans les coussins du canapé. Efforts vains.

Coincée dans cette enveloppe.

Je grimace en l'entendant marmonner. Est-ce parce qu'il parle dans sa barbe ou à cause de mon ouïe affinée toujours aux abonnés absents ? Lui non plus n'utilise aucune négation, il y a un moment que le tic de langage de ma sœur ne me fait plus le moindre effet. Il y a tant de choses plus graves...

Pour toujours et à jamais ?

— J'ai presque terminé, réplique-t-il, c'est que le dernier est un peu serré.

Incompétent aux mains nerveuses, attention à tes moindres faits et gestes. Sarah t'observe par-dessus ton épaule et veille. Je me mords la joue pour étouffer un couinement d'animal en mauvaise posture, ce à quoi je ressemble le plus ces derniers temps.

Faible et inutile. Une vulgaire proie.

— Et voilà ! Je fais le pansement ?

— Non, intervient ma tutrice. Elle préfère s'en occuper toute seule.

Pourquoi n'ai-je jamais songé à accepter son aide auparavant ? Ses batteries sociales semblent inépuisables comparées aux miennes. Elle est dotée d'un talent naturel pour parler aux autres avec douceur. Gentiment, elle expédie cet infirmier hors de chez nous, me laissant quelques minutes pour me redresser. Le retrait des points n'a été qu'un mauvais quart d'heure à passer comparé à l'interminable semaine qui lui a précédé.

— Pas trop mal ? demande la jeune femme en se penchant prudemment vers moi.

Au cœur, ou à la tête ?

Je sais ce qu'elle sous-entend, je le vois dans son regard anxieux depuis ma chute. La peur d'une nouvelle prise qui anéantirait mes efforts, un retour accidentel à la période la plus imprévisible de mon existence et fatalement la plus belle... En un comprimé, tout pourrait basculer. Je le sais, je le sens... je l'ai voulu et envié. Quelle belle connerie d'avoir choisi une substance miracle comme plus grand fléau, le transformant en poison inaccessible malgré ses bienfaits. Ces jours plongés dans le noir sans pouvoir prendre le moindre antalgique sans tutelle et préavis auraient pu me faire craquer. Pour la première fois depuis ma sobriété, j'y ai songé de toutes mes forces. Sarah a été d'un soutien sans faille.

— C'est supportable. J'appréhendais pour rien finalement.

— Ce n'est jamais pour rien, tu étais légitime d'éprouver tout ça. Il ne faut pas hésiter à en parler si tu en ressens le besoin.

Je baisse les yeux pour éviter de lui montrer que sa remarque me touche. Légèrement instable sur mes jambes, je rebrousse chemin en prétextant un besoin supplémentaire de sommeil. Je ne suis bonne qu'à ça : fuir.

Les reflets du miroirTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang