Chapitre 8 : Tenter d'oublier

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Soline sort de la voiture, Jordan lui explique les larmes aux yeux ma volonté de me suicider. Je n'ai pas la force de parler, je me sens lourde et j'en ai marre de tout. Je parviens à entendre  Soline pleurée...


Elle tente de m'en dissuader comme Jordan mais je ne peux plus faire semblant. Cela fait près de 13 ans que je me mure dans le silence pour le plaisir et l'équilibre de ma fille  mais aujourd'hui s'en ait trop. Mon père a levé la main sur moi une fois de trop...


Nous sommes sur le bord de la route, appuyés sur le coffre de la voiture et les phares des autres voitures m'éblouissent. La seule  sensation de chaleur me provient du pot d'échappement qui ne cesse de cracher ses particules toxiques sur mon pantalon.


Oh comme je m'en veux de faire souffrir les gens que j'aime comme je le fais mais je ne peux plus faire semblant. J'ai juste le temps de m'effondrer dans les bras de Jordan et de pleurer, pleuré, pleuré...


Je sens que je suis en train de relâcher toute les souffrances que j'ai pu vivre. Je me suis tue    durant toutes ces années mais aujourd'hui s'en ait trop. Je sens que je me vide comme l'on vide une bouteille mais moi, je me vide de ma souffrance.


Au bout d'interminables minutes, Jordan me prends le menton et relève ma tête  aussi délicatement que possible. Nos regards se  croisent et nous restons, là, à nous fixer comme si nous parlions en télépathie,  mais je n'en suis pas sûr.

Je ne sais pas depuis combien de temps nous sommes au bord de cette route à pleurer comme jamais nous n'avons pleuré. Je me détache de l'étreinte de Jordan pour les enlacés tous les deux et leurs dit : «Mes amours, mes amours, je suis désolée, pardonnez-moi mais c'est trop dur... ».


Nous nous décidons enfin à rentrer dans notre voiture après que Jordan m'est embrassé comme il ne m'a jamais embrassée. Un mélange de douleur, de soulagement et de reconnaissance. Personne n'ose parler ou même pleurer, je crois que nous n'en avons pas la force...


Je suis là dans mon lit, seule à regarder le plafond, ce qui me rappelle la veille de partir définitivement de la maison de mon enfance. J'y avais fait un choix crucial dans ma vie et là je me meurtris. J'ai tenue à ce que je reste seule alors que Jordan et Soline sont en train de manger, tant bien que mal, je suppose. Je dois me faire une raison : mon père m'a frappée devant ma fille, Stan a réussi à blesser profondément mon Jordan, lui d'habitude si réservé et solide.


Je me mets à revoir ma vie, quand je n'étais qu'une adolescente, que mon père me frappait dans la plus grande discrétion. Je lui en veux et je lui en voudrais toujours.


J'ai une seule satisfaction dans ce moment de chagrin énorme c'est que ma fille est enfin pu voir le vrai visage de son papy. Je me surprends même à esquisser un petit sourire.


Mais mon sourire part vite quand je comprends qu'il va falloir un jour en parler avec Soline pour son équilibre et le mien. Je redoute se moment et les larmes me montent mais Jordan rentre dans la chambre, se met à coter de moi et me prends dans ses bras. Je me sens enfin en sécurité et je sombre doucement, doucement dans le sommeil, une larme coulant sur ma joue déjà humide.

Moi, Marie, mon combat, mon histoire...Where stories live. Discover now