5. Chez toi

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Je toque au cinquante-quatre Rue des Peupliers. Cela fait bien longtemps que cette maison est mon deuxième foyer. En façade, une large porte peinte en rouge au milieu des briques grises.

La tante d'Eloy ouvre la porte et m'invite à entrer. Ses mains sont couvertes de peinture, presque autant que le tablier en toile noué à sa taille.

— ­Entre, mi querida.

L'accent espagnol de Tina est l'un des plus doux que je n'ai jamais entendus. Je me sens bien, ici. C'est une maison pleine de couleurs, et dont les motifs de tous horizons parcourent les murs. Chaque objet semble avoir une histoire.

Je laisse mes baskets souillées par la pluie sous l'étroit escalier en bois. Le long couloir est le poumon de cette maison. Les cœurs s'y croisent et déambulent d'une pièce à une autre.

Tina retourne dans son atelier en fredonnant, les mains en l'air pour ne rien risquer de souiller.

A petits pas, je gravis l'escalier qui mène à la chambre d'Eloy. L'étage est sombre et silencieux, je me pointe devant sa porte close, un sourire plaqué sur mes lèvres.

Je frappe à la porte.

— ­C'est Lou ! je le préviens.

De l'autre côté, je l'entends enfin. Il s'agite, sans un mot, des objets bougent et font du bruit.

— ­J'arrive !

— Qu'est-ce que tu fabriques ? je me moque.

La porte s'ouvre brusquement. Eloy est sur le seuil, un air catastrophé sur le visage qu'il ne parvient pas à dissimuler. Ses cheveux bruns sont en pétard, et ses joues en feu.

— ­Tu viens de courir cinquante kilomètres ? je lui demande en franchissant le seuil.

— Je... faisais des pompes. Je ne pensais pas que tu passerais.

Il ferme la porte derrière moi.

— ­Désolée, j'aurais dû t'envoyer un message. Je sors de répétition, pour le spectacle.

— Non ! Non, ce n'est rien, bafouille-t-il.

Il se frotte l'arrière du crâne. Pourquoi ai-je l'impression qu'il me cache quelque chose ?

— Depuis quand tu fais du sport, Eloy ? Tu as horreur de ça.

— Peu importe, esquive-t-il. J'essaie de nouvelles choses, j'imagine.

Je m'assois sur le sol recouvert d'un immense tapis jaune et vert et m'adosse au lit. J'observe mon meilleur ami, celui que je connais depuis si longtemps, mon deuxième frère. Il n'est pas dans son état habituel, cette histoire de pompes réveille en moi des questionnements.

— ­Allez, Eloy, je ronchonne. Pourquoi tu ne veux pas me dire que tu as rencontré quelqu'un ?

Il croise les bras sur sa poitrine et inspire un grand coup, avant de venir s'assoir en tailleur devant moi.

— ­Je ne sais pas si c'est une bonne idée.

— Comment ça ?

Il se râcle la gorge et se met à fixer un coin de la pièce.

— Tu me laisses tranquille si je te dis oui ?

Je souris, mais il poursuit.

— Je ne peux pas te dire qui c'est.

En voilà, une étrange déclaration. Eloy ne m'a jamais rien caché de tel, mais je suis déjà rassurée qu'il m'ait avoué à demi-mot le pourquoi du comment.

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⏰ Ostatnio Aktualizowane: Sep 17, 2023 ⏰

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