Juste assez pour me permettre d'atteindre une autre porte; la plus grande de toutes, en or miroitant et gravé de chrysanthèmes constellés de diamants.

Je la poussai et fonçai sans même regarder ce qu'il y avait à l'horizon, paniquée par le son des pas qui se rapprochaient dangereusement...

... puis...

Bam!

Mes pieds quittèrent le sol pendant quelques secondes tandis que mon obstacle m'entraînait dans sa chute avec lui.

Mais alors que j'étais sur le point de m'écraser tête première sur le sol, des bras puissants m'attirèrent contre une surface chaude et étrangement... vivante. Elle palpitait au rythme d'un cœur qui battait de plus en plus vite.

Je relevai la tête et me retrouvai nez à nez avec l'incarnation du prince charmant.

Des yeux du plus incroyable des bleus, des boucles d'un blond blanc à couper le souffle et un visage d'ange qui n'aurait pas dû être possible. Nous restâmes quelques secondes à nous fixer bêtement. Comme moi, il ne semblait pas tout à fait conscient de ce qui venait de nous arriver. On aurait dit que le temps s'était arrêté.

Mais quand je compris que j'étais sur lui...

... au beau milieu d'un couloir où circulaient des dizaines de curieux...

... dans une tenue que je n'aurais jamais mise de mon plein gré...

... mon cœur me lâcha.

Je me relevai brusquement et il m'imita, le visage virant au rouge. Puis, sans un mot, il posa son veston sur mes épaules.

Comme tout ce qui nous entourait, le vêtement semblait tiré d'un conte de fées, avec son tissu blanc immaculé et ses broderies dorées. Il avait aussi l'avantage d'être assez grand pour cacher tout ce que je ne voulais pas révéler. C'était... étonnamment gentil... et aussi très choquant.

— M... Merci... balbutiai-je, déstabilisée, et je rougis encore plus en réalisant que ça ne servait à rien, parce qu'il ne pouvait pas comprendre ce que je disais.

Mais un problème majeur persistait, et il venait tout juste d'apparaître dans le cadre de porte. Sa combinaison blanche était trempée et une fleur tropicale retombait mollement sur son épaule. Quant à ses yeux, ils lançaient des éclairs.

— Rafaël! s'énerva-t-il en direction de celui qui m'avait donné son veston. Priro sa steseira!

Je me raidis. Il sembla hésiter. Finalement, l'enragé en combinaison blanche perdit patience et fit un pas dans ma direction. Je m'écriai, de nouveau complètement paniquée :

— Je ne retournerai pas là-bas! Je veux rentrer chez moi!

Le prince aux cheveux bouclés écarquilla les yeux comme s'il venait de voir une soucoupe volante.

— Rentrer... sur Terre? me répondit-il en français, avec un accent prononcé qui n'avait rien de naturel. Mais... pourquoi? On vous avoir... sauvée, non?

Cette fois-ci, ce fut à mon tour de prendre un air ahuri. Une fois de plus, un extraterrestre venait de me répondre en français comme si c'était parfaitement normal. Mais qu'est-ce qu'ils avaient, ces élémentaux d'éther, à apprendre des langues parlées à cinq milliards d'années-lumière de leur planète?

— Non! Vous m'avez enlevée!

— Enlevée? répéta-t-il, scandalisé. Mais -

Pechi elo densto, fispia! le coupa le fou en combinaison blanche, qui semblait désormais aussi exaspéré par lui que par moi.

Origine - Le Cristal d'Éther (nouvelle version)Where stories live. Discover now